L’exode

Publié le 1 décembre 2003 Lecture : 2 minutes.

Depuis trois ans, 10 % à 20 % des Zimbabwéens ont pris le chemin de l’exil. En Afrique du Sud, surtout. Du coup, entre Johannesburg et Messina, les trains réquisitionnés pour reconduire à la frontière les immigrés clandestins sont pleins à craquer : près de 3 800 « passagers » par mois, qui, tous, ont d’abord transité par le camp de rétention de Lindela.
Environ cinquante mille immigrés zimbabwéens résident légalement en Afrique du Sud. Mais le nombre des clandestins serait de l’ordre de un million, selon certaines organisations non gouvernementales, et de trois millions selon le président Thabo Mbeki. À la mi-mai, le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) avait enregistré plus de mille demandes d’asile politique depuis le début de l’année, contre trente en 2002.
L’afflux des Zimbabwéens suscite la colère des Sud-Africains, qui les accusent de leur voler leur travail. « C’est en partie vrai, explique Roderick Mupedziswa, directeur du département d’études sur l’immigration à l’université de Witswatersrand. Mais les Zimbabwéens ont la réputation de travailler très dur, d’accepter des emplois dont les Sud-Africains ne veulent pas et de se contenter de faibles salaires. » Au pays de Nelson Mandla, il est décidément de plus en plus difficile d’être un makwerekwere (« métèque », en sesotho).
Mais l’Afrique du Sud n’est pas seule concernée. Selon les autorités du Botswana, le nombre des clandestins zimbabwéens dans le pays serait d’environ 60 000, chiffre probablement sous-évalué. Même si l’économie botswanaise se porte relativement bien, elle aura du mal à digérer cet afflux, que le gouvernement s’efforce donc d’endiguer. En octobre, une barrière a été installée le long de la frontière. Elle devrait être prochainement électrifiée. Officiellement, il s’agit de protéger le pays contre l’épidémie de fièvre aphteuse qui sévit dans le pays voisin…
Le Mozambique accueille, pour sa part, quatre cent mille immigrés zimbabwéens. Beaucoup ont trouvé refuge dans la région de Manica, tout près de la frontière, où ils travaillent comme ouvriers agricoles. Cela tombe bien : la main-d’oeuvre fait cruellement défaut dans la région… Ironie du sort, certains ont été embauchés par leurs anciens patrons blancs expulsés par Mugabe. Ces derniers seraient actuellement au nombre de soixante-dix. Les autorités mozambicaines les ont accueillis à bras ouverts en leur louant des terres à bas prix. Elles ne peuvent que s’en féliciter puisque cinq mille emplois ont ainsi été créés depuis un an. Tout n’est pas perdu pour tout le monde.

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