Les bons comptes

Face au manque de moyens financiers, l’État sollicite les entreprises privées.

Publié le 2 décembre 2003 Lecture : 2 minutes.

Les travaux de la Ve convention Europe-Afrique réunie à Bordeaux (France) les 21 et 22 octobre ont porté sur le partenariat public-privé (PPP) dans les services urbains. Une formule qui paraît convenir aux services d’utilité publique (distribution d’eau et d’électricité, logement, transports) pour lesquels l’État a une responsabilité sociale, et l’industriel privé un savoir- faire. L’exemple sénégalais le prouve.
En 1996, quand la réforme sectorielle de l’eau intervient au Sénégal, le constat est alarmant : déficit de production, vétusté et saturation des réseaux de stockage et de distribution, pertes financières, etc. Les activités de la filière sont alors partagées entre deux entités distinctes : la Société nationale des eaux du Sénégal (Sones), détenue par l’État, propriétaire des infrastructures et en charge des investissements ; et la Société des eaux (SDE), entreprise privée détenue par la société française Saur (Bouygues) à hauteur de 62 %, responsable de l’entretien et de l’exploitation du réseau. L’État conserve ses prérogatives : élaboration de la politique sectorielle et fixation de la grille tarifaire.
Les responsabilités auparavant exercées par l’État sont transférées, mais elles sont strictement définies par contrat. L’État respecte son engagement de réajuster chaque année les tarifs de 3 % et de payer régulièrement ses factures d’eau. Sa politique sociale s’illustre par un prix général faible pour les 20 premiers m3 et une grille progressive, qui sollicite de manière croissante les consommateurs les plus aisés. La Sones a réalisé en cinq ans les 100 km de canalisations qui lui étaient assignés et fourni 71 000 branchements, dont 46 000 à vocation « sociale ». La SDE a réalisé les investissements prévus et amélioré le rendement du réseau de 69 % à 85 %. Cette modernisation a divisé par trois la facture des communes depuis 1996.
Un contrat de performance est renouvelé chaque année entre les protagonistes du secteur. Il fixe aux équipes de la SDE et de la Sones des objectifs quantitatifs et qualitatifs communs. À la SDE, un « pacte de paix sociale » a été signé pour trois ans avec les représentants des 1 300 salariés, qui ont renoncé à déposer chaque année leur traditionnel préavis de grève préventif. Un dialogue constructif s’est instauré entre les deux sociétés pour assumer le partage des risques et des objectifs et être aussi réactifs que possible face aux problèmes rencontrés. Le résultat de ce partenariat satisfait toutes les parties, à commencer par la population, dont l’accès à l’eau a été élargi. En mettant fin aux pénuries, l’État a pu investir massivement. Et avec un chiffre d’affaires respectif de 19 millions et de 62 millions d’euros, la Sones et la SDE participent à la croissance économique sénégalaise.

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