RDC : l’ONU prévoit de renforcer la Monusco en cas de crise électorale
Le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé mardi à l’unanimité de renforcer le rôle du plus grand contingent de Casques bleus du monde, afin de préparer les élections prévues en décembre en République démocratique du Congo (RDC), lesquelles devraient marquer le départ du président Joseph Kabila.
Présenté par la France, le texte prolongeant le mandat de la Monusco pendant une année a été adopté à l’unanimité par le Conseil de sécurité de l’ONU, mardi 27 mars. « Le défi est historique, dans un contexte délicat. Sans élections crédibles et acceptées par tous, c’est la stabilité du pays et de toute la région qui est en jeu », a souligné l’ambassadeur français aux Nations unies, Francois Delattre,
Derrière cette prolongation : la nécessité de protéger les civils en vue des élections prévues le 23 décembre dans le but d’organiser la succession du président Joseph Kabila.
« La période électorale qui s’ouvre est cruciale pour l’avenir de la RDC mais aussi de la région dans son ensemble », a-t-il martelé devant le Conseil de sécurité après le vote.
Réticences au sein du Conseil de sécurité
L’ambassadeur congolais auprès de l’ONU, Ignace Gata Mavita, a lui critiqué la résolution, soulignant que la mission des Casques bleus devait être avant tout « de lutter contre les groupes armés pour protéger les civils et restaurer la paix et la sécurité dans la partie Est de notre pays qui en a grandement besoin ».
Il a de nouveau appelé au départ de la Monusco, présente depuis près de 20 ans dans ce pays qui compte plus de quatre millions de déplacés selon l’ONU.
Le Conseil de sécurité appelle le secrétaire général de l’ONU à préparer des plans incluant « toutes les options » d’ici le scrutin, dont l’envoi de renforts
Malgré son vote en faveur du texte, la Russie a insisté sur le fait que ce nouveau mandat ne donnait pas de feu vert pour s’ingérer dans les affaires internes du pays.
« Il est nécessaire d’éviter absolument une situation qui verrait la Monusco soutenir l’un des partis congolais », a déclaré l’ambassadeur adjoint de la Russie auprès des Nation unies, Dmitry Polyanskiy.
La Chine a également prévenu que la souveraineté de la République démocratique du Congo (RDC) devait être respectée. La communauté internationale doit aider la RDC à « renforcer ses propres capacités en matière de sécurité afin d’établir une situation stable dans le pays de façon autonome », a ajouté l’ambassadeur adjoint de la Chine, Wu Haitao.
« Transparence et crédibilité »
La résolution adoptée mardi appelle « à œuvrer à la tenue d’élections transparentes, crédibles et ouvertes dans les délais annoncés ». Surtout, le Conseil de sécurité appelle le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, à préparer des plans incluant « toutes les options » d’ici le scrutin, dont l’envoi de renforts.
D’après la résolution, les plus de 16 000 militaires de la Monusco seront chargés d’accompagner le processus électoral, notamment l’inscription des électeurs, le scrutin et la transition au sommet du pouvoir attendue le 12 janvier. La mission formera aussi la police congolaise pour qu’elle assure la sécurité le jour du vote. La Monusco relèvera en outre tout atteinte aux droits de l’homme.
Ce dispositif veille à assurer une transition pacifique dans le plus grand pays d’Afrique subsaharienne qui n’en a jamais connu depuis son accession à l’indépendance en 1960.
Arrivé au pouvoir après l’assassinat de son père Laurent Désiré en 2001, Joseph Kabila restera au pouvoir au moins jusqu’à début 2019, plus de deux ans après la fin de son second mandat, le 20 décembre 2016. Il n’a pas déclaré publiquement qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat.
De plus, toute manifestation de l’opposition est interdite depuis septembre 2016 en RDC, où la répression de marches des catholiques depuis le 31 décembre a fait une quinzaine de morts.
Kinshasa refuse de participer à une « conférence des donateurs »
Cette nouvelle résolution intervient dans un contexte de tensions entre l’ONU et le président Kabila, qui a déclaré en janvier vouloir « clarifier nos relations avec la Monusco », sur fond de crise politique, sécuritaire et humanitaire.
Kinshasa a ainsi refusé de participer à une « conférence des donateurs » pour la RDC le 13 avril à Genève co-présidée par l’ONU, estimant que les Nations unies et les ONG exagéraient la crise humanitaire au Congo.
Une précédente résolution, en mars 2017, envisageait déjà une élection présidentielle en décembre 2017, un scrutin finalement reporté d’un an par les autorités congolaises, officiellement pour cause de violences dans le Kasaï (centre).
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