Manque d’infrastructures en Afrique : l’IFC recommande de développer les marchés financiers
Dans un rapport intitulé « Construire l’avenir de l’Afrique », la Société financière internationale (IFC) recommande de développer les partenariats public-privé et de renforcer les marchés financiers afin de combler le déficit en infrastructures du continent, alors que les marges de manœuvre budgétaire des gouvernements sont de plus en plus limitées.
La Société financière internationale (IFC), filiale de la Banque mondiale dédiée au secteur privé, a présenté, lors de l’Africa CEO Forum, un rapport intitulé « Shaping the future of Africa » (« Construire l’avenir de l’Afrique »), dans lequel l’organisation présente les opportunités pour les investisseurs privés en Afrique. Sa principale recommandation est de renforcer le rôle des marchés financiers sur le continent, afin de combler son déficit d’infrastructure.
Revenant sur la situation économique, l’IFC souligne qu’une reprise économique est en cours en Afrique subsaharienne, avec une croissance estimée à 2,7 % en 2017 après 1,3 % en 2016, grâce à l’amélioration de l’environnement économique international, la remontée du prix des matières premières et des conditions financières globales plus favorables. Alors que la croissance est faible dans les principales économies de la région – le Nigeria, l’Afrique du Sud et l’Angola – les autres pays, principalement des exportateurs de produits agricoles, ont connu une reprise plus rapide, avec une expansion supérieure à 6 % par an pour l’Ethiopie, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et la Tanzanie.
À moyen terme, ces tendances devraient se poursuivre, avec une accélération de la croissance à 3,2 % en 2018, et à 3,6 % en 2020, d’après le rapport de l’IFC. En excluant l’Afrique du Sud, l’Angola et le Nigéria, la croissance de l’Afrique subsaharienne devrait atteindre 5 % au cours des prochaines années, soutenue par des investissements dans les infrastructures qui seront supérieurs à la moyenne des économies en développement. Ces perspectives positives à moyen terme doivent être modérées par la hausse rapide des niveaux des endettements publics, de 10 points de PIB en moyenne depuis 2014, qui font courir à ces économies des risques importants, en particulier dans le contexte actuel de resserrement de la politique monétaire américaine.
L’Afrique est un marché en expansion rapide
Malgré ces difficultés économiques, « l’Afrique est un marché en expansion rapide », note l’IFC. La taille de l’économie africaine a quintuplé au cours des deux dernières décennies, passant de 300 milliards de dollars en 2000 à 1 600 milliards en 2017, et devrait dépasser les 2 000 milliards d’ici deux ans. Cette expansion économique a été tirée par le secteur des services, avec un taux de croissance annuel moyen proche de 7 % au cours de la dernière décennie, représentant désormais la moitié de la production de la région.
D’ici à 2030, 100 millions de personnes devraient rejoindre les « classes moyennes » et les groupes à revenus élevés, portant leur nombre à 160 millions en Afrique subsaharienne. Les dépenses des ménages devraient augmenter à un rythme de 5 % par an, contre 3,8 % en moyenne pour les économies en développement. L’IFC anticipe que les secteurs les plus dynamiques dans les années à venir seront ceux des transports et des TIC.
Dans le domaine des infrastructures, les progrès réalisés ont été importants. Pour les télécoms, le nombre de lignes téléphoniques pour 1000 personnes est passé de 3 en 1990 à 736 en 2014, tandis que l’accès à l’eau potable est passé de 51 % de la population en 1990 à 77 % en 2014. Mais les besoins restent significatifs : seule 35 % de la population africaine bénéficie d’un accès à l’électricité, la densité du réseau routier a diminué en 20 ans et le taux de couverture des installations sanitaires n’est que de 30 %.
Développer les PPP et renforcer les marchés financiers
« Étant donné les marges de manœuvre limitées pour une hausse des investissements publics, les gouvernements de la région vont avoir besoin d’attirer les investissements privés pour combler ce manque ». Le bailleur international recommande en conséquence le développement des partenariats public-privé (PPP) et le renforcement des marchés financiers.
Le marché des PPP reste très limité en Afrique subsaharienne, avec quatre pays (Afrique du Sud, Nigeria, Kenya et Ouganda) comptant pour 48 % des 335 projets de PPP dans la région au cours des 25 dernières années, et 62 % des 59 milliards d’engagements d’investissements. Leur développement nécessite la mise en place d’un cadre réglementaire et institutionnel favorable, cette forme de financement étant très dépendante du « risque-pays » perçu par les investisseurs.
Pour l’IFC, un autre moyen d’attirer des investissements consiste à renforcer les marchés financiers, qui ont connu des améliorations notables ces dernières années. « Au cours des quinze dernières années, les pays africains ont mis en place 112 réformes qui ont accru l’accès au crédit », note l’organisation internationale. « En conséquence, le ratio médian du crédit au secteur privé sur le PIB (une mesure de la profondeur financière) a augmenté de 15 à 20 % entre 2008 et 2015 », ajoute-t-elle.
Similairement, la capitalisation boursière a augmenté significativement et atteint désormais 50 % du PIB. Depuis 1990, le nombre de bourse est passé de 5 (Afrique du Sud, Zimbabwe, Kenya, Nigeria et Ouganda) à 18 actuellement. Ces dernières années ont également été marquées par une hausse de l’accès des gouvernements africains aux marchés internationaux de capitaux pour se financer, avec des émissions de dette extérieure qui sont passées de 3,5 milliards de dollars en 2010-2013, à 6,3 milliards de dollars en 2014-2017.
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