Des philosophes français pour gagner la guerre

Publié le 2 décembre 2003 Lecture : 2 minutes.

Le Liberia, on ne sait pas trop où c’est, ni en quoi ça consiste, mais ça peut rapporter
gros. C’est ce que se dirent un jour les dirigeants de Northbridge Services, une entreprise de mercenariat qui a pignon sur rue à Londres (122, High Road, London). Et ils proposèrent leurs services à George Bush : pour tant de dollars par jour, on les met au pas, ces Libériens ou Libérois ou Libéresques. Et s’il faut les tuer pour leur apprendre à vivre, eh bien, on sait faire. Après mûre réflexion, W. déclina l’offre. Des affreux au service d’un État, non, décidément, ça ne passe pas.
Bush est à la fois naïf et ignare. Des mercenaires suppléant la troupe, ça a toujours existé, Mister President. Exemple illustre, René Descartes, le grand Descartes, en fut un,
et des plus opportunistes. En 1618, il se mit au service des troupes protestantes luttant contre l’Espagne pour l’indépendance des Pays-Bas. L’année suivante, il combattit aux côtés des très catholiques Habsbourg contre l’indépendance de la Bohême. En cette période de guerres religieuses sanglantes, celui qui prétendit démontrer rigoureusement l’existence de Dieu n’avait aucun scrupule à servir d’abord son porte-monnaie. Les biographes prétendent que l’ami René fut un excellent soldat et que les subtilités de sa pensée ne l’empêchaient pas de cogner dru quand le besoin s’en faisait sentir.

La conclusion est évidente : pour gagner la guerre en Irak, les Américains doivent embaucher non pas des mercenaires anglais, mais des philosophes français. Imaginez l’effroi des djihadistes s’ils voyaient débarquer à Bagdad Alexandre Adler (1 m 75, 150 kilos) brandissant d’une main un kalachnikov et de l’autre les oeuvres complètes de Platon. On voit d’ici la débandade des Kurdes confrontés à Kant et à Kouchner. Quant au fameux triangle sunnite, Michel Onfray, qui nous régala jadis avec Le Ventre des philosophes, n’en ferait qu’une bouchée. Pour ce qui est de la Syrie, que les stratèges US veulent dissuader d’intervenir en Irak, n’importe quel théologien de l’Institut catholique de Paris pourrait la terroriser avec les oeuvres complètes de saint Jean Damascène. Il paraît que son Homélie sur la dormition de la Vierge fait tomber dans un coma profond quiconque est obligé de la lire dans son intégralité.
Et tout cela aurait en plus l’avantage de réconcilier Paris et Washington. Qu’attendent la Sorbonne et le Collège de France ?

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