David Dacko
Ancien président de la Centrafrique, décédé le 20 novembre à Yaoundé, au Cameroun, à l’âge de 73 ans.
David Dacko est mort à la suite de problèmes d’asthme chronique et d’insuffisance respiratoire et cardiaque. Il était né à Bouchia, un village situé à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Bangui, le 24 mars 1930, dans ce qui était alors l’Oubangui-
Chari, territoire d’Afrique-Équatoriale française. Les conditions de vie, très dures pour tous les colonisés, l’étaient encore plus pour les Gbayas l’ethnie de la famille Dacko enrôlés de force, à cette époque, pour la construction du chemin de fer Congo-Océan.
Albert Londres dénoncera leur sort injuste dans son fameux livre Terre d’ébène.
Après l’école normale de Brazzaville, le jeune David devient instituteur, puis directeur
d’école. Il entre en politique en 1957, comme député de l’Assemblée territoriale, et devient membre du Mouvement pour l’évolution sociale de l’Afrique noire (MESAN), le parti créé par Barthélemy Boganda. Après la mort de celui-ci dans un mystérieux accident d’avion, il lui succède à la tête du pays et proclame l’indépendance de la République centrafricaine le 13 août 1960. Il a alors 30 ans et ses pairs le saluent comme le plus
jeune président en exercice. Toutefois, il est considéré comme « l’homme des Français », ce que l’avenir ne démentira pas.
Au fil du temps, les Centrafricains se rendent compte qu’indépendance est loin de rimer avec liberté. Dacko fait voter des lois qui ramènent le pays à la plus sombre période de la colonisation, notamment celle sur « la répression des actes de résistance ou de désobéissance aux autorités publiques » ou celle sur le droit du gouvernement de dissoudre
des partis politiques, des syndicats ou autres associations « incompatibles avec l’ordre public ».
Dans la nuit du 31 décembre 1965 au 1er janvier 1966, c’est le « coup d’État de la Saint-Sylvestre » : il est renversé par le colonel Jean-Bedel Bokassa, qui se proclamera par la suite président à vie, puis empereur. David Dacko est arrêté et emmené à la sinistre
prison de Ngaragba, à Bangui, où il dort nu sur le sol (c’est là l’origine de ses problèmes d’asthme, dira-t-il en octobre 2003 à la Conférence nationale pour la réconciliation). Le 1er février, il est transféré dans une villa au camp de Roux, où il restera assigné à résidence pendant trois ans. Il fait sa première réapparition en public
en 1975, pour le mariage de Georges Bokassa, le fils aîné de l’empereur. Il rumine toujours sa revanche, qui viendra le 20 septembre 1979. Alors que Bokassa se trouve en Libye, les parachutistes français déclenchent l’« opération Barracuda » destinée à rétablir la République. Ils replacent Dacko, qui avait quitté Bangui deux mois plus tôt, dans le fauteuil présidentiel.
En mars 1981 a lieu la première élection présidentielle multipartite du pays au cours de laquelle Dacko est élu avec 50,23 % des voix devant Ange-Félix Patassé (38,11 %). Cet événement fera de lui « le père du renouveau démocratique », selon l’ancien Premier
ministre Jean-Paul Ngoupandé. Pourtant, David Dacko est violemment contesté. L’un de ses
opposants, le général André Kolingba, profite alors d’une période d’agitation sociale qui a entraîné l’instauration de l’état d’urgence, pour le contraindre à la démission le 1er septembre 1981.
Le président déchu continue cependant à s’intéresser à la vie politique de son pays, à la tête de son parti, le Mouvement pour la démocratie et le développement. En 1999, il se représente à l’élection présidentielle, mais le sortant Ange-Félix Patassé rafle la mise
dès le premier tour d’un scrutin contesté.
Depuis cette date, David Dacko résidait à Bangui, complètement retiré de la vie politique,
dans sa maison des bords de l’Oubangui, située à portée de voix de l’ambassade de France. Il y vivait plus que modestement en compagnie de son épouse. En 2001 encore, celle-ci tirait des revenus supplémentaires de la fabrication de robes en pagne, que sa générosité poussait parfois à offrir à la visiteuse de passage.
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