Ça ne s’arrange pas…

La publication annuelle de l’Onusida ne souligne aucun signe d’amélioration. Au contraire…

Publié le 1 décembre 2003 Lecture : 2 minutes.

Trois millions de morts, cinq millions de nouvelles contaminations. Tel est le triste bilan de l’année 2003 dressé par l’Onusida dans son rapport annuel, publié à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida. Globalement, avec 40 millions de séropositifs dans le monde, le bureau onusien estime que la « tendance n’a rien de réconfortant ». Cette tendance justement veut que, en Afrique subsaharienne, la prévalence reste à peu près stable. Loin d’être une bonne nouvelle, cela signifie que les nouvelles infections sont suffisamment nombreuses pour contrebalancer un nombre de décès de plus en plus élevé.
Rien ne change donc vraiment… L’Afrique porte toujours le fardeau le plus lourd, avec un nombre de contaminés oscillant, selon les estimations, entre 25 et 28 millions de personnes. Trente pour cent de l’ensemble des séropositifs au monde sont localisés en Afrique australe, où Botswana et Swaziland frôlent les 40 % de prévalence. À l’Ouest, la palme revient à la Côte d’Ivoire, où 10 % des femmes enceintes sont séropositives. Et même si des initiatives se mettent en place, plusieurs années seront nécessaires avant d’observer des résultats. Certes l’investissement politique s’est intensifié – encore trop peu -, la société civile est toujours plus active, les traitements sont plus disponibles qu’ils ne l’étaient. Mais ces engagements ne peuvent pas dompter si rapidement une épidémie d’une telle ampleur.
En Asie et en Europe de l’Est, foyers épidémiques relativement récents, cela ne s’arrange pas non plus. Les mises en garde répétées des organisations internationales, cherchant à éviter de reproduire la catastrophe africaine en Asie, trouvent peu d’écho. En Russie, une enquête a déterminé que moins de 50 % des 16-20 ans utilisaient des préservatifs lors de rapports sexuels avec des partenaires occasionnels. Mais l’une des causes principales de la transmission du virus y est, comme dans de nombreux pays asiatiques, la consommation de drogues injectables. À Moscou, plus de 12 % des garçons âgés de 15 à 18 ans ont déjà consommé ce type de drogues. La Chine et l’Inde sont également deux cas préoccupants. Avec un taux de prévalence nationale inférieur à 1 %, ces deux pays paraissent épargnés. Erreur. Très peuplés, ils représentent un nombre important de séropositifs en valeur absolue. Et surtout, connaissent des épidémies localisées, pour l’instant, à certaines catégories : les professionnels du sexe et les utilisateurs de drogues. Petit à petit, ces groupes vont disséminer le virus à l’ensemble de la population, laissant présager une explosion de la prévalence dans les années à venir. Une prévention ciblée est indispensable, et peut être efficace. L’exemple de la Thaïlande est là pour le prouver. Les efforts politiques déployés pour systématiser l’utilisation du préservatif par les prostituées et l’information générale dispensée à la population a permis d’enrayer les épidémies. Résultat, la prévalence chez l’adulte est désormais inférieure à 1 %. Comme quoi, en Asie, il est encore temps.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires