A mauvaise presse, censure idiote
Publié le 1 décembre 2003 Lecture : 1 minute.
Al-Arabiya, une chaîne d’information arabe basée à Dubaï, n’émet plus à partir de l’Irak depuis le 24 novembre. C’est le Conseil de gouvernement transitoire (CGT) irakien qui a pris cette décision. Il reproche à la chaîne concurrente d’Al-Jazira d’avoir diffusé un enregistrement sonore attribué à l’ex-président irakien Saddam Hussein appelant au
meurtre des soldats américains présents en Irak et des Irakiens qui collaborent avec eux. Cette décision n’a pas manqué de susciter une vive controverse dans les cercles politiques
et médiatiques.
Le fond du débat peut être résumé à cette question : un média qui diffuse un message appelant au meurtre se rend-il coupable lui-même d’incitation au meurtre ? Oui, répondent
les membres du CGT et leurs protecteurs américains. Non, répliquent les responsables de Reporters sans frontières (RSF), une association de défense de la liberté de la presse
basée à Paris, relayés par de nombreux journalistes et défenseurs des droits de l’homme.
« Il faut éviter que les médias soient utilisés par les anciens collaborateurs du président déchu comme un moyen d’incitation à la violence, de diffusion de déclarations incendiaires et de commentaires pouvant porter atteinte à la sécurité des gens qui vivent en Irak », disent les premiers. « Le droit d’informer est garanti par toutes les chartes internationales et par les législations de tous les pays, y compris l’Irak. Il n’appartient donc pas aux nouvelles autorités de ce pays de contraindre un média à changer de ligne éditoriale », répliquent les seconds.
En vérité, les deux points de vue se défendent, car la censure de l’information peut faire autant de dégâts qu’une information affranchie de tout contrôle moral. La chaîne arabe aurait dû faire preuve d’un peu plus de discernement dans la diffusion des documents qui parviennent jusqu’à ses bureaux et dont elle ne connaît pas l’origine. De son côté, le CGT aurait dû discuter avec les responsables de la chaîne concernée avant de prendre cette décision somme toute regrettable et qui n’ajoutera pas à son crédit.
