Expulsion ou prison pour les migrants : Israël fait marche arrière

Le gouvernement de Benyamin Netanyahou a annulé lundi un projet controversé d’expulsion de migrants africains et signé un accord avec l’ONU pour la réinstallation d’une partie d’entre eux dans des pays occidentaux.

Manifestations de migrants devant la prison de Saharonim, dans le désert de Negev, dans le sud d’Israël. © Tsafrir Abayov/AP/SIPA

Manifestations de migrants devant la prison de Saharonim, dans le désert de Negev, dans le sud d’Israël. © Tsafrir Abayov/AP/SIPA

Publié le 2 avril 2018 Lecture : 3 minutes.

« Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés et Israël sont parvenus à un accord permettant le départ d’au moins 16.250 migrants africains vers des pays occidentaux, tandis que l’Etat d’Israël règlera le statut de ceux qui resteront sur place », indique un communiqué du bureau du Premier ministre Benyamin Netanyahou.

Ultimatum critiqué

Le gouvernement israélien avait d’abord prévu de donner le choix aux migrants de partir d’ici à début avril – soit pour leur pays d’origine, soit pour un pays tiers – ou d’aller en prison indéfiniment.

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Ce projet avait suscité de nombreuses critiques, notamment du Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR) et d’ONG. Ces dernières semaines, des manifestations avaient réuni des dizaines de milliers de personnes dans plusieurs villes du pays.

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Selon le ministère de l’Intérieur, 42 000 migrants africains, principalement originaires du Soudan et d’Érythrée, vivent en Israël, dont la moitié – des femmes et des enfants – n’étaient pas menacés par ce plan.

Ces migrants sont arrivés majoritairement après 2007 en s’infiltrant à partir du Sinaï égyptien. La frontière, à l’époque poreuse, avec l’Égypte a depuis été rendue quasiment hermétique. Ils se sont installés en nombre dans les quartiers pauvres de Tel-Aviv.

Une partie des migrants sera déplacée vers le Canada, l’Allemagne ou l’Italie

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« L’accord signé avec le HCR permet l’annulation immédiate de l’expulsion vers un pays tiers comme prévu dans le plan précédent », précise le bureau du Premier ministre.

Selon Benyamin Netanyahou, cet accord va permettre de déplacer une partie de ces migrants africains vers « des pays développés comme le Canada, l’Allemagne ou l’Italie ».

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Refus des pays tiers

Lors d’une conférence de presse retransmise à la télévision, Netanyahou a qualifié la signature de l’accord de « très importante » pour Israël.

Le plan concerne notamment des milliers de Soudanais et d’Érythréens qu’Israël admettait ne pas pouvoir renvoyer dans leur pays sans mettre leur vie en danger. Le régime érythréen a été accusé par l’ONU de crimes contre l’humanité « généralisés et systématiques ».

Le gouvernement Netanyahou avait prévu de renvoyer les migrants vers des pays tiers sans préciser clairement lesquels. « Pour pouvoir les expulser légalement, il fallait l’accord d’un pays tiers et quand nous avons vu ces dernières semaines que cette option n’existait plus, nous avons dû trouver une autre solution », a expliqué Netanyahou dans son allocution.

Israël a le droit de protéger ses frontières

« L’accord que nous avons signé stipule que pour chaque migrant qui quitte le pays, nous nous engageons à donner le statut de résident temporaire à un autre », a ajouté le Premier ministre israélien.

Il par ailleurs annoncé que le budget prévu pour le plan précédent serait utilisé à la fois pour développer les quartiers pauvres du sud de Tel-Aviv et pour disperser ces migrants à travers le pays.

« Nous rendrons le sud de Tel-Aviv aux citoyens d’Israël », avait déclaré M. Netanyahu en septembre 2017 après une visite dans ces quartiers où des milliers de migrants s’étaient installés. « Nous avons à faire face à des gens qui se sont infiltrés illégalement, pas à des réfugiés. Et Israël a le droit de protéger ses frontières et d’en tenir éloignés ceux qui s’infiltrent illégalement », avait-t-il poursuivi.

« J’ai vu leur souffrance », a affirmé lundi Netanyahou, en parlant des habitants israéliens du quartier, dont certains ont réagi dans un communiqué, qualifiant cet accord de « honte pour l’État d’Israël ». « C’est la conséquence directe de l’échec de la politique du gouvernement », selon ces opposants à la présence de migrants dans ce quartier.

De son côté, un migrant érythréen interrogé par la télévision israélienne s’est dit « heureux » de cet accord, ajoutant « espérer pouvoir rester vivre en Israël ». « Après six ans ici, je me suis lié à ce pays », a confié Dajan Megnashe en hébreu.

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