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Publié le 31 octobre 2005 Lecture : 6 minutes.

Misère d’Afrique
Ce qui se passe au Maroc, près des enclaves espagnoles où les Africains affrontent les barbelés ou choisissent de se jeter dans des barques de fortune, doit amener ces derniers
à un éveil de conscience. À commencer par les hommes politiques et les opérateurs économiques. Ceux-ci doivent créer les richesses sur place, à Abidjan, à Ouagadougou, à Libreville Il est temps de construire des infrastructures (routes, écoles et hôpitaux), de créer de nouvelles capitales plus vivables et d’inviter nos dirigeants à investir les
biens acquis, honnêtement ou pas, sur notre continent. Ni l’Union africaine ni la Cedeao n’ont engagé une action d’envergure.

Tant que l’Occident se barricadera
L’Occident se barricade pour ne pas « accueillir toute la misère du monde », surtout pas celle made in Africa. Mais jusqu’à quand ? Tant que Chirac, Blair, Bush et autres continueront de recevoir en grande pompe à Paris, Londres ou Washington ceux qui étouffent leurs peuples en pillant les maigres ressources de leurs pays et en réprimant toute protestation, les barricades de l’Occident seront prises d’assaut ! Tant que l’ordre
économique international fera la part belle à la spéculation financière au détriment des peuples, l’Occident ne pourra pas jouir tranquillement de sa prospérité ! Aujourd’hui,
l’Occident se barricade, mais quel mur peut arrêter celui qui fuit la misère, la dictature, la guerre ?

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À propos d’Hissein Habré
J’aimerais apporter quelques précisions sur l’article consacré à Hissein Habré dans la rubrique « L’homme de la semaine » (J.A.I. n° 2335)
1. Certes, Hissein Habré est originaire du Grand Nord tchadien, mais il n’est pas toubou. Il est de l’ethnie gorane, de la région de Borkou, autour de Faya-Largeau, chef-lieu du Bet. Les Toubous vivent à l’extrême nord du pays, dans le Tibesti, frontalier avec la Libye. Une partie de ce peuple réside de l’autre coté de la frontière.
2. La rupture entre Goukouni Oueddeye et Hissein Habré est survenue après la libération de Françoise Claustre en 1977 et non en 1976. Cette rupture est justement due en partie à
l’affaire Claustre, car Goukouni, ne voulant pas mécontenter Kadhafi, accepta de libérer sa prisonnière en janvier 1977. Contrairement à Habré, qui refusait de lâcher sa proie tant qu’on ne lui aurait pas livré ce qu’il exigeait en contrepartie (armes, argent) de
la part de la France.
L’article nous enseigne beaucoup de choses sur Habré et son parcours. Certes, l’homme est
intelligent, orgueilleux, manipulateur mais aussi barbare, sanguinaire. Je ne comprends pas le Sénégal, pays modèle pour la démocratie, qui persiste à ne pas livrer Habré à la justice. Ma propre ethnie (Hadjarai) a été persécutée entre juin et septembre 1987. C’était horrible, inhumain.
Nous attendons une justice plus juste, plus équitable, celle de Dieu tout-puissant, le jour où ni Me Doudou Ndoye, ni Me Madicke Niang, ni même la confrérie de Tivaouane ne
pourront défendre Hissein Habré et ses complices. Enfin, merci à Reed Brody et à tous les militants des droits de l’homme pour leurs actes courageux.
Réponse : Je ne peux qu’être d’accord avec vous sur le premier point. J’ai moi-même suffisamment écrit, dans le passé, sur la différence entre Goranes (Habré) et Toubous (Goukouni) pour juger ma confusion impardonnable. Je le suis beaucoup moins pour le second : des conversations que j’ai eues avec l’un et l’autre, il m’est toujours apparu que la fracture Goukouni-Habré remontait à la fin de 1976, à propos, justement, des
conditions préalables à la libération de Françoise Claustre.

Consommer local
J’ai lu avec intérêt l’article intitulé « OMC : jusqu’où ira Chirac ? » (n° 2337). La politique agricole commune (PAC) est en effet mal adaptée aux réalités d’aujourd’hui. Mais réduire les aides en vue de « doper les échanges », comme vous l’écrivez, n’est pas la bonne solution. Ce qu’il faut, c’est adapter les aides aux besoins locaux pour aboutir à la « souveraineté alimentaire » de chaque pays afin de transporter le moins possible de
marchandises d’un bout à l’autre de la planète.
Il est absolument aberrant d’aider les agriculteurs européens pour qu’ils exportent dans le Tiers Monde et, parallèlement, aider le Tiers Monde à exporter en Europe. Il faudra
bien revenir à plus de raison et consommer localement ce qui se produit dans chaque pays, voire dans chaque région, afin de « balader » le moins possible de marchandises. Il est anormal de voir les étals de nos commerces regorger de produits venus de l’autre bout du monde alors même que les produits locaux ne trouvent pas preneur.

L’arabe classique, un ciment
Moi qui rêvais de voir la Oumma parler l’arabe classique de l’Atlantique au golfe Persique, me voilà bien déçu et perplexe en même temps. Le fait même qu’il y ait des étrangers qui encouragent la darija (voir J.A.I. n° 2336) rend la promotion de ce dialecte suspecte à mes yeux. Étant originaire de l’extrême ouest de l’Algérie, je peux
vous dire qu’il y a des centaines si ce n’est des milliers de darija. J’avais un voisin
originaire de Sétif. Très souvent, j’étais obligé de lui demander de parler français :
dans toutes ses phrases, il y avait un ou plusieurs mots que je ne comprenais pas. Si mon voisin et moi parlions l’arabe classique, nous n’aurions pas eu ce problème. L’arabe classique pourrait être un ciment (entre autres, bien sûr) entre tous les Arabes, et cette perspective ne réjouit pas tout le monde.

La Mauritanie renaît enfin
Dans le numéro 2334 du 2 au 8 octobre, Béchir Ben Yahmed qualifie la révolution du 3 août en Mauritanie de divine surprise. C’est vraiment l’épithète qu’il faut pour décrire ce coup d’État qui s’est déroulé sans effusion de sang, à la grande surprise de la communauté
internationale. Un coup d’État qui a mis un terme à deux décennies d’isolement, de pillage des ressources naturelles, de discrimination tribale et de mauvaises pratiques en
tout genre.

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Maroc : un pas de géant
Un pas de géant sur la voie de l’édification d’une société marocaine solidaire a été accompli : il s’agit, bien évidemment, de l’INDH (Initiative nationale pour le développement humain), qui tend à placer le capital humain au sein des programmes gouvernementaux.
Cette initiative mérite d’être soutenue sans réserve. Elle considère en effet les organisations de la société civile comme de vrais partenaires qui contribuent à concevoir
des programmes de développement et à proposer des solutions avec les autorités. Elle établit de ce fait un lien de confiance entre les citoyens et les responsables, notamment les élus. Mais elle est aussi le gage d’un avenir meilleur, surtout pour les plus humbles qui rêvent de mener une vie digne dans leur pays sans avoir à monter dans les embarcations de la mort ou à franchir les fils barbelés à la recherche d’un improbable paradis.

Référendums ou présidentielles ?
Le référendum fait du chemin dans les pays arabes. En Occident, il est surtout organisé par les collectivités locales en vue de sonder la population sur le devenir de tel ou tel
projet. Il a été utilisé en Tunisie pour la première fois en 2001 afin de modifier la
Constitution. L’Égypte a fait de même en 2005. En Algérie, récemment, un référendum a porté sur la réconciliation nationale. Une question se pose toutefois : pourquoi ces trois
consultations, marquées par des discours interminables et par le déploiement de photos géantes des chefs de l’État, ressemblaient-elles plus à des élections présidentielles
qu’à des référendums ? À quand la démocratie, la vraie, et un président élu avec, par exemple, 50,43 % des voix ?

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Honnête, réaliste, informé
Un petit mot pour dire combien je prise l’éditorial de Béchir Ben Yahmed. L’organisation où je travaille (une ONG d’aide humanitaire) est abonnée à votre hebdomadaire. Je suis régulièrement les développements géopolitiques dans le monde grâce à lui. Merci aussi pour le ton de vos pages : respectueux, honnête, réaliste, informé.

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