Sahara occidental : décès de Ahmed Boukhari, représentant du Polisario à l’ONU

Le numéro 2 de la diplomatie sahraouie est mort mardi dans une clinique en Espagne, des suites d’une longue maladie. Il a accompagné toutes les négociations onusiennes depuis l’accord de cessez-le-feu de 1991.

Le représentant permanent du Polisario à l’ONU est décédé en Espagne le 3 avril 2018 des suites d’une longue maladie. © YouTube/Nizar Abboud

Le représentant permanent du Polisario à l’ONU est décédé en Espagne le 3 avril 2018 des suites d’une longue maladie. © YouTube/Nizar Abboud

ProfilAuteur_NadiaLamlili

Publié le 4 avril 2018 Lecture : 2 minutes.

À partir de ce mercredi 4 avril, les drapeaux sont en berne dans les camps de Tindouf suite au décès de Ahmed Boukhari, disparu mardi à 64 ans. Le représentant permanent de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) à l’ONU souffrait d’un cancer pour lequel il suivait un traitement intensif depuis plusieurs mois. La RASD a décrété sept jours de deuil.

Celui qui a dirigé les négociations sahraouies depuis l’accord de cessez-le-feu conclu en 1991 sous la houlette de l’ONU venait d’envoyer un courrier au président du Conseil de sécurité, le péruvien Gustavo Meza-Cuadra, récusant « les accusations marocaines d’incursions du Polisario » dans les zones sahariennes dirigées par l’organisation onusienne. Lundi, il avait qualifié ces accusations « d’allégations dénuées de tout fondement ». À l’approche de la réunion du Conseil de sécurité, fin avril, qui devra adopter une nouvelle résolution sur le Sahara occidental, le Maroc a de son côté haussé le ton demandant « le rétablissement de la légalité internationale ».

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Un « Dlimi »

D’après nos informations, Ahmed Boukhari, 64 ans, est né à Tichla, à 400 km au sud de la ville de Dakhla, chef-lieu de la province de Oued Dahab, que les Espagnols appelaient Rio de Oro. C’est surtout un des fiefs de la tribu des Oulad Dlim, deuxième tribu influente au Sahara, après celle des Reguibat qui détient le pouvoir à Tindouf.

Dans ce village situé près du mur de sable érigé par Hassan II dans les années 1980 pour se prémunir contre les attaques du Polisario, Ahmed Boukhari fréquente le lycée espagnol avant de s’envoler pour Madrid poursuivre ses études universitaires de droit et passer le concours du barreau pour devenir avocat.

Un long parcours de diplomate

En 1975, lorsque le conflit éclate entre le Maroc et le Front Polisario sur le Sahara, il rejoint les camps de Tindouf, d’abord en tant que cadre au ministère de l’Information et ensuite au ministère des Affaires étrangères. Il a très vite gravi les échelons de la diplomatie du Polisario.

Après avoir été ambassadeur à Madrid, il a officié en Amérique latine – là où le Front compte ses plus importants soutiens -, notamment au Panama, avant d’être désigné représentant permanent de la RASD à l’ONU en 1991.

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Une famille patchwork

Dans un Sahara occidental où les alliances familiales transcendent les frontières, Ahmed Boukhari n’est autre que le cousin maternel de Ahmedou Ould Souilem, ancien ambassadeur du Maroc à Madrid. Il avait, en outre, quatre frères, dont un, Cheikh Boukhari, est resté à Dakhla refusant de suivre le reste de ses frères à Tindouf dans le territoire algérien. Un deuxième frère de Ahmed Boukhari, Lhaj Ahmed Barkallah, est co-fondateur de « l’Initiative sahraouie pour le changement », un mouvement d’opposition né en 2017 dans les camps et qui réclame plus de démocratie dans les prises de décision.

« Ce mouvement ne se revendique ni du côté du Maroc, ni du côté de l’Algérie », précisent nos sources, même s’il reste moins offensif que la faction Khat Achahid (ligne du martyr), un autre mouvement fondé en 2004 par Mahjoub Salek et qui s’est longtemps opposé à la politique de l’ancien chef du Polisario, Mohamed Ould Abdelaziz.

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Jusqu’à son décès, Ahmed Boukhari travaillait en tandem avec M’hamed Khaddad, interlocuteur du Polisario auprès de la Minurso. Vu la sensibilité du dossier dont il avait la charge, il était par ailleurs le numéro 2 de la diplomatie sahraouie après le ministre des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek.

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