Mali : qui est Al Hassan, le jihadiste présumé transféré à la CPI ?

Al Hassan, un ex-membre présumé d’Ansar Eddine, a comparu ce mercredi devant la CPI. Transféré quelques jours plus tôt de Bamako à La Haye, il est accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité à Tombouctou entre 2012 et 2013.

Al Hassan lors de sa première comparution devant la CPI, le 4 avril 2018. © ICC-CPI

Al Hassan lors de sa première comparution devant la CPI, le 4 avril 2018. © ICC-CPI

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Publié le 4 avril 2018 Lecture : 3 minutes.

« Je m’appelle Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud. Je suis né le 19 septembre 1977 ». Depuis le prétoire, un homme au crâne rasé, costume cravate foncé sur chemise rose pale, décline son identité face à ses juges. Pour cette audience de première comparution devant la Cour pénale internationale (CPI), Al Hassan s’est ensuite contenté de répondre en arabe par « oui » ou « non » aux questions du président de la chambre.

Visé par un mandat d’arrêt délivré le 27 mars par la CPI, ce jihadiste malien présumé a été transféré de Bamako à La Haye le 31 mars. Selon un communiqué de la CPI, il est accusé de crimes contre l’humanité (torture, viol et esclavage sexuel, persécution de la population pour des motifs religieux et sexistes…) et de crimes de guerre (atteintes à l’intégrité corporelle et atteintes à la dignité de la personne, attaques intentionnellement dirigées contre des bâtiments consacrés à la religion et monuments historiques, condamnations prononcées sans un jugement préalable…) commis à Tombouctou entre début avril 2012 et fin janvier 2013, lors de l’occupation de la ville par des groupes jihadistes.

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Originaire de la région de Tombouctou

C’est la première fois qu’un individu est ainsi poursuivi devant la CPI pour des crimes contre des personnes physiques durant la guerre au Mali. L’audience de confirmation des charges pesant contre Al Hassan a été fixée au 24 septembre 2018.

Ce dernier était jusqu’à présent détenu à Bamako, probablement dans les locaux de la Sécurité d’État (les services de renseignement maliens). Il avait été livré le 2 mai 2017 aux autorités maliennes, après avoir été arrêté quelques jours plus tôt par des militaires français de la force Barkhane lors d’une opération contre la katiba Al Furqan, affiliée à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et opérant dans la zone de Tombouctou.

Accusé de crimes sexuels…

Touareg de la tribu des Kel Ansar, Al Hassan est originaire de la communauté d’Hangabera, située à une dizaine de kilomètres au nord de Goundam. Il est un ex-membre présumé d’Ansar Eddine, un groupe jihadiste malien qui a fait régner la charia aux côté d’Aqmi à Tombouctou entre avril 2012 et janvier 2013.

Il aurait notamment été commissaire de la police islamique dans la cité aux 333 saints et chargé d’y faire respecter la charia (la loi islamique) par la population civile. Avec plusieurs dizaines d’hommes sous ses ordres, il aurait arrêté les personnes qui ne respectaient pas cette loi, les présentait devant le tribunal islamique, ou encore appliquait les décisions énoncées par ses juges.

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Craint de la population de Tombouctou à l’époque de l’occupation de la ville par les jihadistes, Al Hassan se serait aussi rendu coupable de crimes sexuels contre des femmes. Il aurait ainsi laissé faire des mariages forcés entre des combattants et des femmes de Tombouctou, lesquels étaient très souvent synonymes de viols et d’esclavage sexuel.

… et de destruction de mausolées

« Le transfert d’Al Hassan à la CPI permet d’enfin mettre l’accent sur les très nombreux crimes sexuels commis par les différents groupes armés lorsqu’ils ont occupé le nord du Mali entre 2012 et 2013 », explique Florent Geel, directeur Afrique à la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), qui avait déposé plainte contre lui et 14 autres auteurs présumés de crimes similaires en mars 2015 devant la justice malienne.

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Al Hassan, également connu sous le pseudo de Lahsane à l’époque, aurait enfin participé à la destruction de mausolées de saints musulmans à Tombouctou courant 2012. Un crime de guerre pour lequel Ahmad Al Faqi Al Mahdi, autre membre d’Ansar Eddine et premier jihadiste malien transféré à la CPI, avait été condamné à neuf ans d’emprisonnement par la CPI en 2016.

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