Algérie – Football : Rabah Madjer se dit victime d’un « acharnement » de certains journalistes
Les rapports entre Rabah Madjer, le sélectionneur des Fennecs, et une partie de la presse algérienne sont particulièrement tendus. L’intéressé évoque un « acharnement ». Qu’en est-il ?
Ce sont des images habituellement réservées aux seuls footballeurs, lesquels, afin d’éviter de répondre aux journalistes en zone mixte, expliquent être attendus par leur famille sur le parking du stade, reçoivent opportunément un appel sur leur téléphone, ou passent devant les médias, raides comme la justice et sans un regard pour les plumitifs. Le 22 mars dernier, à l’issue de la large victoire de l’Algérie en match amical face à la Tanzanie (4-1) au stade du 5-juillet à Alger, Rabah Madjer n’a pas souhaité s’adresser à la presse, venant confirmer que ses relations avec une partie de la profession sont plutôt tendues.
L’épisode Djebbour
Le 14 novembre dernier, lors de la conférence de presse suivant le succès contre la Centrafrique (3-0) à Blida, Maamar Djebbour, journaliste à la Radio Algérie, avait posé une question à Riyad Mahrez, le milieu de terrain offensif des Fennecs.
Alors que le joueur s’apprêtait à répondre, Madjer s’était directement adressé à Djebbour, le qualifiant « d’ennemi de l’équipe nationale ». Le coach, fou de rage, avait assuré les autres journalistes présents dans la salle de presse qu’il avait « du respect » pour eux, mais pas pour Djebbour, lui demandant « de se taire » et « de laisser sa place aux jeunes ». Et ce dernier continuait de s’adresser à l’ex-buteur du FC Porto, sans que celui-ci daigne lui répondre.
Rabah Madjer ne nie pas entretenir des rapports difficiles avec une partie des journalistes de son pays. « C’est vrai. Cela concerne quelques personnes qui agissent pour le compte d’autres parties », explique-t-il, sans en dire plus.
Madjer pense que certains journalistes le descendent car ils sont téléguidés par des proches de l’ancien président de la Fédération
« En Algérie, tout le monde sait de qui il s’agit. Trouvez-vous normal qu’à peine nommé, je sois attaqué, alors que j’avais décidé de parler en priorité à la presse algérienne ? Lors de ma première conférence de presse, j’ai dit que j’étais là pour aider la sélection à progresser, à se qualifier pour la CAN 2019, et que je souhaitais que l’on travaille en bonne intelligence avec la presse. J’ai ouvert le centre technique de Sidi Moussa à la presse, j’ai demandé aux joueurs de communiquer. Mais je ne comprends pas les raisons de cet acharnement de certains individus. Je ne suis pas allé en conférence de presse après le match contre les Tanzaniens, et c’est mon droit d’y envoyer mes adjoints. »
Plusieurs thèses
Un acteur du football algérien, sous couvert d’anonymat, avance une explication. « Madjer pense que certains journalistes le descendent car ils sont téléguidés par des proches de Mohamed Raouraoua, l’ancien président de la Fédération, avec qui il était en guerre depuis des années. Cette hypothèse n’est pas à exclure… »
La presse, mais aussi une partie de l’opinion publique, n’a pas oublié certaines de ses critiques
Djebbour, qui assure n’avoir aucun contentieux avec Madjer, livre ses explications sur les relations de ce dernier avec une partie de la profession. « Il a été consultant pendant 10 ans. Et un jour, il avait critiqué le choix de la Fédération, après la nomination du serbe Milovan Rajevac, lequel venait de passer près de cinq ans sans travailler. Alors, quand on lui a dit que lui-même n’avait pas coaché pendant dix ans avant de reprendre la sélection, il l’a mal pris. Madjer s’était montré très critique pour Rajevac, mais aussi vis-à-vis de Vahid Halilhodzic et de Christian Gourcuff. La presse, mais aussi une partie de l’opinion publique, n’a pas oublié certaines de ses critiques. »
Sur ce point, Madjer se veut catégorique. « Oui, j’ai été consultant. Mais je connais le football. J’avais déjà entraîné, notamment la sélection, j’ai été joueur professionnel. Je rappelle que mon ami Nabil Maâloul a lui aussi été consultant et quand il est redevenu coach de la Tunisie, cela n’a dérangé personne là-bas et il a qualifié son équipe pour la Coupe du monde 2018. »
Peut-être qu’il y aura moins de pression sur lui le jour où l’Algérie remportera un match face à une grosse équipe
Le journaliste admet également que l’ancien international est arrivé à une période compliquée pour la sélection algérienne, laquelle a éclusé cinq sélectionneurs – Christian Gourcuff, Nabil Neghiz, Milovan Rajevac, Georges Leekens et Lucas Alcaraz – entre le départ de Vahid Halilhodzic en août 2014, après la Coupe du monde au Brésil et la nomination de Madjer en octobre dernier.
« Pour l’instant, il n’y a pas de match référence. Il a battu la Centrafrique, la Tanzanie, le Nigeria sur tapis vert (3-0, alors que le match s’était achevé sur le score de 1-1) et perdu (1-2) face à l’Iran, le 27 mars. Peut-être qu’il y aura moins de pression sur lui le jour où l’Algérie remportera un match face à une grosse équipe. »
De son côté, le sélectionneur des Fennecs n’a qu’un objectif : la CAN 2019. « On est en train de travailler dur, avec les joueurs, le staff. Je suis là pour servir mon pays, comme je l’ai toujours fait. Moi, j’ai des amis dans la presse, je respecte cette profession. Les journalistes sont là pour informer, pas pour déformer. Et certains ne pensent qu’à cela. » L’apaisement entre Madjer et certains médias n’est pas pour demain…
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