Tunisie : l’OCDE préconise de lever les barrières à l’investissement privé

Alors que l’économie tunisienne avait enclenché un rattrapage avec les pays de l’OCDE depuis les années 1990, ce processus s’est aujourd’hui arrêté L’organisation internationale propose pour le relancer de lever les barrières à l’investissement privé, notamment administratives.

Une manifestation contre la hausse des prix en janvier 2018 à Tunis. © Hassene Dridi/AP/SIPA

Une manifestation contre la hausse des prix en janvier 2018 à Tunis. © Hassene Dridi/AP/SIPA

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Publié le 5 avril 2018 Lecture : 4 minutes.

Pour la première fois, l’Organisation de coopération et de développement, rassemblant des pays développés pour la plupart, vient de publier une étude consacrée à l’économie tunisienne. Alors que la Tunisie avait enclenché un rattrapage avec les pays développé à partir des années 1990, ce processus de convergence est aujourd’hui bloqué. Dans cette étude sur l’économie tunisienne, l’organisation en examine les raisons et fait des recommandations en terme de politiques économiques.

Le PIB par habitant en Tunisie en pourcentage de la moyenne de l'OCDE © OCDE

Le PIB par habitant en Tunisie en pourcentage de la moyenne de l'OCDE © OCDE

Impact négatif sur le tourisme et les activités minières

Le tourisme et les activités minières ont subi les contrecoups de la détérioration de la sécurité et du climat social. Selon l’OCDE, « si ces secteurs avaient continué de croître au même rythme qu’avant 2011, la croissance du PIB aurai atteint, toute choses égales par ailleurs, 2,6 % en moyenne sur la période 2011-16, contre 1,7 % constatés. « L’économie tunisienne a aussi souffert de la crise en Libye qui était le deuxième partenaire commercial après l’Union européenne », note l’organisation internationale.

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Alors que les recettes publiques ont été contraintes par le ralentissement de l’activité économique, la mise à l’arrêt de certaines exploitations minières et la forte progression du commerce parallèle, les dépenses de l’État se sont accrues pour faire face à l’insécurité et aux revendications sociales.

« Au total, la rémunération des fonctionnaires a augmenté de plus de 4 points de quatre points de PIB depuis 2010 pour atteindre 14,6 % du PIB en 2016 », indique l’OCDE. Malgré cette forte hausse des emplois et des salaires, l’impact sur l’activité économique et la création d’emploi dans le secteur privé a été limité.

Selon l’OCDE, cette augmentation de la demande a surtout entraîné des tensions sur les prix et le compte courant, ainsi qu’un accroissement de la dette publique et externe. La dette publique est en effet passée de 41 % en 2010 à 62 % en 2016, tandis que la dette externe s’est établie à 70 % du PIB à la fin 2016.

Chute de l’investissement et de la productivité

Constatant une baisse de la croissance potentielle, en raison de la chute de l’investissement et de la productivité, l’OCDE propose de le relancer le processus de convergence à travers une promotion de l’investissement privé. En effet, l’organisation juge qu’étant donnée la situation des finances publiques, « la relance de l’investissement et la création d’emplois de qualité » doit passer par « un redéploiement du secteur privé ». Ce rôle accru donné aux entreprises doit permettre de contrer ces tendances et de réenclencher le rattrapage de l’économie tunisienne.

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Pour promouvoir l’investissement des entreprises, il faut améliorer le cadre réglementaire et institutionnelles, selon l’OCDE. D’après l’étude, lors que l’investissement public a été préservé, de nombreux facteurs limitent l’investissement privé, notamment la réglementation du marché des produits et les procédures administratives complexes, facteurs de corruption.

À cela s’ajoute une fiscalité peu prévisible, note l’organisation, des difficultés concernant les douanes et la logistique maritime, ainsi qu’un système financier peu favorable à la création d’entreprises.

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Si l’OCDE salue les efforts accomplis avec la nouvelle loi sur l’investissement mise en place à partir d’avril 2017, « il est souhaitable d’aller plus loin, en simplifiant plus drastiquement les autorisations, licence et permis, et en améliorant l’information sur les règles et les procédures à suivre pour créer et gérer une entreprise ».

Cet assouplissement se traduirait par « une hausse du revenu national de près de 1,75 % pour cent en 5 ans et de près de 5 % sur 20 ans, avec un impact positif sur l’investissement, la productivité et l’emploi », estime le rapport.

Obstacles réglementaires à l'entrepreneuriat © OCDE

Obstacles réglementaires à l'entrepreneuriat © OCDE

35 % de chômage pour les 15-24 ans

En termes d’emploi, le taux de chômage est surtout élevé chez les jeunes diplômés, atteignant 15,6 % de la population active et 35 % pour les 15-24 ans. L’OCDE pointe l’inadéquation entre les compétences acquises par les jeunes Tunisiens et les besoins des employeurs.

Elle estime également que la politique de recrutement du secteur public, qui donnait la priorité aux chômeurs de longue durée est un frein à l’emploi. « Celle-ci représentait clairement une incitation à s’inscrire auprès de l’agence pour l’emploi et attendre un emploi dans le secteur public qui offrait un salaire plus élevé, la sécurité de l’emploi et des prestations sociales plus généreuses », indique l’OCDE.

L’organisation internationale propose également une réduction des cotisations sociales, dont le niveau, jugé « élevé » favorise le passage à l’informel, qui représente 30 à 45 % de l’emploi total.

Même si, pour l’OCDE, « la Tunisie figure en pointe sur la question de l’égalité hommes-femmes », le taux d’emploi des femmes reste faible en comparaison avec la moyenne de l’OCDE (23 % contre 63 %).

Enfin, « alors que le taux de scolarisation des femmes, tous niveaux confondus, est aujourd’hui de 10 points supérieurs à celui des hommes (71 % contre 61 %), le taux de chômage est plus élevé pour les femmes que pour les hommes (22 % contre 12 % en 2015) ».

Dernier obstacle à la réduction du chômage, la faible inclusion financière du pays : « Seuls 27 % des Tunisiens ont un compte dans une institution financière et moins de 7 % ont une carte de crédit ce qui est faible en comparaison des pays émergents et des pays de l’OCDE ».

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