Maroc : où en est la Samir ? Le point sur les procédures judiciaires
Depuis le début du mois d’août 2015, l’unique raffinerie du Maroc, la Société anonyme marocaine de l’industrie du raffinage (Samir) est à l’arrêt et les procédures judiciaires se multiplient. Le point sur l’affaire.
Deux ans après l’annonce de la liquidation de la Samir par la Cour d’appel de commerce de Casablanca et une année après la publication de l’appel à manifestation d’intérêt pour le rachat des actifs de la raffinerie, le dossier n’a toujours pas trouvé d’issue. « L’affaire suit son cours, même si elle n’avance pas rapidement. Nous avons continuellement du nouveau. D’autres affaires se sont ajoutées entre-temps en liaison directe avec la Samir », nous dit une source qui maîtrise parfaitement le dossier. En plus du dossier de la cession, s’ajoute désormais celui de la liquidation et du recours devant le Cirdi.
L’extension de la liquidation au patrimoine des dirigeants
Le 18 décembre 2018, le tribunal de commerce de Casablanca a décidé l’extension de la liquidation au patrimoine des dirigeants de l’unique raffinerie du pays. Une procédure qui est en marche depuis cette date.
« Ce dossier est très gros et il est l’un des plus importants depuis le début de l’affaire. Ça concerne des noms très connus du milieu des affaires, au Maroc et en Arabie Saoudite », précise notre source. Il s’agit de personnes, physiques et morales, étrangères et marocaines qui formaient le Conseil d’administration de la société.
La liste est composée de 13 noms – parmi lesquels ceux de Mohamed Houcine Al Amoudi, le Cheikh saoudien et actionnaire majoritaire de la Samir ; Jamal Mohammed Ba-Amer, le Saoudien qui a dirigé la raffinerie depuis 2004 ; Mohamed Hassan Bensalah, président de la holding Holmarcom et actionnaire dans la raffinerie ; et Mustapha Amhal, homme d’affaires et ancien patron de Somepi rachetée depuis 2005 par le groupe Akwa. En dehors de ces deux derniers noms, les autres personnes visées par cette procédure sont tous étrangers.
L’audience reportée au 16 avril
Le 2 avril, le juge a décidé de reporter, encore une fois, l’audience au 16 avril. « C’est un délai accordé par le juge pour permettre aux avocats des dirigeants mis en cause de répondre et pour pouvoir notifier les dirigeants qui ne l’ont pas encore été. Il faut passer par la voie diplomatique pour les personnes de nationalités étrangères. Ceci dit, rien ne garantit au tribunal qu’ils assisteront à l’audience », nous explique notre source.
Concernant la liquidation, le dossier est au point mort, malgré l’intérêt qu’ont pu montrer quelques candidats. Le juge reçoit de moins en moins de demandes et aucune offre sérieuse n’a été faite, selon nos informations.
Ceci s’explique notamment par la lourdeur de la procédure, qui est loin d’être appropriée à des opérations d’une telle envergure, d’autant que les rapports et documents relatifs à la raffinerie ne sont pas numérisés. Le tribunal examine aussi le remplacement du syndic, Mohamed El Krimi, suite à une requête adressée au juge-commissaire.
Le remplacement du syndic pourrait être synonyme de bonne nouvelle pour beaucoup
« Aucune offre n’a abouti et le syndic ne semble pas très expérimenté pour gérer des deals aussi gros. Des créanciers et même de potentiels acheteurs ont exprimé leur insatisfaction le concernant. Son remplacement pourrait être synonyme de bonne nouvelle pour beaucoup », explique notre interlocuteur.
Les actifs de la Samir ont été évalués à 21 milliards de dirhams et le juge-commissaire souhaite avoir une offre supérieure à 25 milliards de dirhams. À côté de cela, les créanciers réclament 43 milliards de dirhams à la raffinerie fermée depuis août 2015.
Enfin, il y a l’affaire devant le Cirdi à Washington, où Mohamed Houcine Al Amoudi, actionnaire majoritaire de la Samir, a déposé un recours contre le royaume du Maroc. « Il ne faut pas prendre cette affaire à la légère. Le cabinet qui a été mandaté par l’actionnaire majoritaire de la Samir est très puissant et il a préparé un dossier solide », conclut notre interlocuteur.
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