À quoi bon l’aide étrangère ?

Publié le 31 octobre 2005 Lecture : 2 minutes.

En quarante-trois ans, l’Afrique a reçu un « gros paquet » d’aide étrangère : 568 milliards de dollars (en dollars 2003). Pourtant, elle reste prisonnière de la stagnation économique. Et les donateurs qui ont sorti 568 milliards de dollars ne semblent pas avoir trouvé le moyen de distribuer aux petits enfants les médicaments à 12 cents qui permettraient d’éviter la moitié des victimes du paludisme.
Pourquoi, malgré le soutien politique et populaire dont ils bénéficient, ces ambitieux programmes à grande échelle n’obtiennent-ils presque jamais de bons résultats et ne sont-ils jamais, de toute façon, la solution idéale ? C’est en fait qu’ils ne proposent pas les bonnes incitations politiques et économiques. Le problème le plus grave est que les riches qui paient l’addition n’ont pas les mêmes objectifs que les pauvres qu’ils essaient d’aider. Les riches ne sont pas incités à donner ce qu’il faut à ceux qui sont dans le besoin. Les pauvres ne sont pas, de leur côté, en position de se plaindre. Un problème plus délicat est que si nous sommes tous collectivement responsables d’un grand objectif à l’échelle mondiale, aucun organisme particulier ni aucun dirigeant politique ne sont directement responsables si cet objectif n’est pas atteint. La responsabilité collective concernant les objectifs mondiaux fonctionne à peu près aussi bien que les fermes collectives, et pour les mêmes raisons.

Pis encore, les plans d’aide utopiques ont des objectifs si nombreux et si différents que la probabilité d’atteindre tel ou tel de ces objectifs s’en trouve affaiblie. Il est de notoriété publique que les prêts d’aide conditionnels du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (les prêts d’ajustement structurel) coûtaient les yeux de la tête et que leurs buts se comptaient souvent par centaines. Les huit Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) ont dix-huit indicateurs de résultats. Le Projet du millénaire des Nations unies a publié, en janvier 2005, un rapport de 3 751 pages donnant la liste des 449 étapes intermédiaires nécessaires pour arriver aux dix-huit résultats prévus. Il n’est en général pas très efficace de travailler pour plusieurs patrons (ou plusieurs objectifs). Les patrons essaient tous de vous faire travailler sur leur objectif à eux, et non sur celui de quelqu’un d’autre. Dans ces conditions, les employés sont surchargés, débordés et démoralisés – ce qui n’est pas une mauvaise description des conditions de travail actuelles à la Banque mondiale et dans d’autres organismes chargés de l’aide.

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