Cameroun : pourquoi la Sosucam pourrait suspendre sa production de sucre

Concurrencée par la contrebande et le détournement des importations destinées à l’agro-industrie, la société Sosucam annonce qu’elle pourrait suspendre sa production au Cameroun, dans un contexte où le prix du sucre sur les marchés mondiaux est en forte baisse.

Une unité de transformation de Sosucam en 2011 au Cameroun. © Renaud VAN DER MEEREN pour Les Editons du Jaguar

Une unité de transformation de Sosucam en 2011 au Cameroun. © Renaud VAN DER MEEREN pour Les Editons du Jaguar

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Publié le 5 avril 2018 Lecture : 2 minutes.

D’après un communiqué paru le 4 avril dans la presse camerounaise, la Sosucam (Société sucrière du Cameroun), filiale du groupe sucrier Somdiaa, annonce « l’imminence de l’arrêt des activités de la société », si le gouvernement ne fait rien pour y remédier. La société met ainsi en cause la concurrence de la contrebande et le détournement des importations destinées à l’agro-industrie, dans un contexte où le prix du sucre sur les marché mondiaux est en forte baisse.

Une fois que nous n’arriverons plus à stocker, nous arrêterons », affirme Alexandre Vilgrain

Contacté par Jeune Afrique, Alexandre Vilgrain, le président-directeur général de Somdiaa, confirme les difficultés de sa filiale camerounaise. Il explique qu’en pleine campagne sucrière, les stocks s’accumulent et que son groupe n’arrive pas à vendre sa production, concurrencée par la contrebande. « Une fois que nous n’arriverons plus à stocker, nous arrêterons », indique-t-il.

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Un afflux de sucre importé

Selon lui, la Sosucam doit faire face à un afflux de sucre importé sur le marché camerounais, sans payer « ni taxes, ni droits de douane ». En plus de la contrebande, certains importateurs revendent le sucre acheté à l’étranger dans un but de transformation sur le marché du détail, détournant les barrières tarifaires du gouvernement.

« Ce que nous demandons, c’est l’application de la loi ! » s’exclame-t-il, affirmant qu’une politique de soutien spécifique au secteur sucrier n’est pas nécessaire. D’après les statistiques de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), les importations de sucre étaient taxées à hauteur de 20,6 % dans le cadre de la clause de nation la plus favorisée, comptant pour 0,5 % des achats à l’étranger du pays.

Le troisième employeur du pays

Troisième employeur du pays, avec « de 8 000 à 10 000 employés », la Sosucam cultive 18 700 hectares de plantations de cannes à sucre dans le centre du Cameroun et produit environ 105 000 tonnes de sucre par an.

En 2013, la Sosucam avait menacé d’arrêter l’usine de Nkoteng, l’une de ses deux unités de production, concurrencée par des importations massives du Brésil et d’Asie et par le sucre de contrebande venu du Nigeria. L’entreprise avait finalement obtenu des autorités « l’arrêt progressif des autorisations d’importations » et « un meilleur contrôle des frontières ».

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