Éloge de la colonisation…

Publié le 31 octobre 2005 Lecture : 1 minute.

Qu’on ne s’y trompe pas. Les textes composant cette anthologie que réédite L’Harmattan n’ont vraiment d’africain que le milieu qu’ils décrivent, et leur valeur littéraire est souvent plus que discutable. Publié en 1927, ce recueil est en effet un florilège de la littérature coloniale française. Parmi les auteurs sélectionnés, quelques célébrités : le gouverneur Maurice Delafosse, le général Gallieni, le Maréchal Faidherbe, Pierre Loti, sans oublier Pierre Benoît et Émile Zola… qui n’avaient jamais mis les pieds sur le continent. Et, au beau milieu de la trentaine d’autres noms que la postérité a oubliés, celui d’un Noir, un seul : Bakary Diallo. C’est dire que les choix de l’auteur de cette anthologie, un certain Roland Lebel, étaient pour le moins orientés, car si cet ancien tirailleur sénégalais a bien fait paraître un livre, Force-Bonté, en 1926, il n’était ni le seul auteur africain de l’époque ni le plus intéressant. Mais, placée en toute fin du recueil, sa déclaration d’amour à la mère patrie servait parfaitement le dessein de l’ouvrage.

On peut juger insupportable un tel aveuglement idéologique. Il reste que cet ensemble de textes qui parlent d’une nature violente, de tornades et de sécheresse, de forêts opaques et de fleuves glauques, qui décrivent la vie quotidienne des « vrais Noirs » auxquels les Blancs sont venus apporter la civilisation en disent beaucoup sur la mentalité des Européens face à leurs territoires coloniaux. C’est tout le mérite de la réédition de ce Livre du pays noir, que la longue introduction de l’universitaire Jean-Claude Blachère soumet à une lecture critique particulièrement éclairante.

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Le Livre du pays noir. Anthologie de littérature africaine, de Roland Lebel, présentation de Jean-Claude Blachère, éditions L’Harmattan, 242 pages, 21 euros.

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