Première sortie publique depuis 2016 pour Bouteflika, en route vers un 5e mandat
Pour la première fois depuis 2016, le chef de l’État a fait une sortie publique à Alger. Un événement qui intervient deux jours après que le secrétaire général du FLN l’a appelé à briguer un nouveau mandat en 2019.
Le président Abdelaziz Bouteflika accueilli au son des youyous en centre-ville d’Alger. C’est la scène que les chaînes d’information algériennes diffusent en boucle ce lundi 9 avril. Et pour cause : sa dernière sortie dans la capitale remontait à la fin de l’année 2016. Le chef de l’État, 81 ans, ne se déplace plus qu’avec lenteur, en fauteuil roulant. Sur le perron de la mosquée de Ketchaoua, récemment restaurée par l’Agence turque de coopération et de coordination (TIKA), il a tout de même salué une foule massée en contrebas, aux abords de la place des Martyrs. Après la visite à la mosquée, Abdelaziz Bouteflika a inauguré une nouvelle station de métro à Aïn Naâdja.
Vers un cinquième mandat ?
Mais si la sortie présidentielle a retenu l’attention, c’est aussi qu’elle survient dans la foulée d’une annonce particulière. Au nom « des 700 000 militants », le secrétaire général du Front de libération national (FLN), Djamel Ould Abbes, a en effet appelé samedi 7 avril Abdelaziz Bouteflika à se représenter aux élections présidentielles de 2019 pour un cinquième mandat.
L’annonce, qui n’a pas manqué de faire la Une de nombreux sites d’informations algériens, n’est pas un acte de candidature de Bouteflika, encore moins un dépôt officiel. Les interprétations vont donc bon train, d’autant plus que le secrétaire général du FLN préférait, de manière récente encore, intimer aux militants du parti de ne pas aborder la question.
En février dernier, il avait ainsi tenu à se distancier, auprès du site Tout sur l’Algérie, de l’initiative du député FLN de Annaba, Baha Eddine Tliba, qui avait fait circuler un appel au cinquième mandat. En 2014, l’annonce de la candidature de Bouteflika avait été faite au dernier moment et après des signaux et des déclarations contradictoires.
Ould Abbès, le gardien du temple
Faut-il voir dans cette annonce une initiative personnelle d’Ould Abbes ? Le ministre des Affaires étrangères et membre du Comité central de l’ex-parti unique, Abdelkader Messahel, a, le même jour, célébré le bilan présidentiel. Ould Abbes avait annoncé quelques jours auparavant la rédaction d’un « document sur les réalisations du Président Bouteflika de 1999 à 2019 ».
C’est un plan de communication pour s’assurer de conserver de l’autorité durant la dernière année de l’actuel mandat
Des voix internes au FLN, opposées à l’actuelle direction, assurent qu’il s’agit là d’une manœuvre politique interne. La concomitance avec la sortie présidentielle fait tout de même croire au secrétaire général du parti d’opposition Jil Jadid, Sofiane Djilali, qu’il peut s’agir d’un geste de la Kasbah.
« C’est un plan de communication pour s’assurer de conserver de l’autorité durant la dernière année de l’actuel mandat. Les remous sont nombreux, tant au sein du FLN, qui ajourne de manière répétée la réunion de son comité central, qu’à l’extérieur. Sans une annonce, les questions se bousculeraient sur le potentiel successeur… » Pour l’opposant, c’est clair : l’annonce et la visite vont de pair et doivent réaffirmer l’unité du parti au gouvernement autour d’un président toujours prêt à assurer sa mission.
Mais la visite présidentielle avait été annoncée il y a plusieurs jours. Il semblerait donc surtout que, du côté de la direction du FLN, comme du côté de la présidence, on tienne à démontrer la capacité à diriger et à imprimer le rythme politique.
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