Investir en toute liberté

Les mines, la pêche et le tourisme sont les principales sources de revenus du pays. Mais l’heure est à la diversification.

Publié le 31 octobre 2005 Lecture : 4 minutes.

La Namibie dispose d’une économie de marché très ouverte mise en place dès 1990 au travers du Foreign Investment Act, un texte qui vise à attirer les investisseurs en assouplissant les contraintes et en offrant des garanties aux opérateurs. Les entreprises nouvellement créées sont à l’abri d’une nationalisation, et les bénéfices et les dividendes peuvent être rapatriés. Dans son rapport intitulé « Doing Business in 2006 : Creating Jobs », la Banque mondiale a d’ailleurs classé le pays au 33e rang mondial sur 155 pour la facilité d’investir, quelques places derrière l’Afrique du Sud (28e) mais loin devant la France (44e). La monnaie, le dollar namibien, est alignée sur le rand sud-africain dont les variations de taux de change international sont imprévisibles. Mais le taux de croissance reste stable (au-dessus de 3 % par an) et l’inflation baisse : sur la période de juillet à septembre 2005, le pays a enregistré une moyenne annualisée de 1,3 %, contre une moyenne de 10 % par an entre 1990 et 2003 et 6,5 % en 2004.
Mais si les fondamentaux sont bons, la moyenne du PIB par tête – élevée pour la région – dissimule de fortes disparités entre exploitants blancs et paysans noirs, entre urbains et ruraux. Dans ce pays encore marqué par le souvenir de l’apartheid, le taux de chômage est proche de 30 %. Et le marché intérieur reste relativement étroit, ce qui explique que l’activité industrielle est encore peu développée. Pourtant le pays est doté de très bonnes infrastructures routières, portuaires et aéroportuaires. Grâce à sa situation géographique, il constitue une véritable porte sur l’Afrique du Sud, partenaire historique avec lequel il réalise 85 % de ses importations et 25 % de ses exportations. Même si ces dernières s’orientent de plus en plus vers les pays européens, notamment l’Angleterre (48 % des exportations en 2003). Mais l’économie est encore largement dépendante de quelques filières vitales.
Ainsi, l’extraction minière représente près de 14 % du PIB. Les fluctuations des cours internationaux ont donc un impact fort sur l’économie du pays : après une année de récession, le secteur a enregistré une croissance de près de 35 % en 2004. À elle seule, l’exploitation de diamants représente la première ressource du pays et reste un moteur de la croissance, même si l’extraction, fortement mécanisée, ne profite guère à l’emploi. Les pierres namibiennes sont extraites de gisements offshore par la NamDeb, une société détenue pour moitié par l’État et le groupe De Beers. Sixième producteur mondial de gemmes, le pays se place également au cinquième rang mondial des producteurs d’uranium. La plus grande mine du monde à ciel ouvert, située à Rössing, arrivera à épuisement d’ici à quinzaine d’années. Mais l’entrée en production d’un nouveau gisement près de Walvis Bay devrait assurer la pérennité de la filière. Producteur de zinc (12 500 tonnes par mois), mais aussi de cuivre et de plomb, la Namibie possède également des ressources en or, en argent, en étain, en vanadium, en phosphate, en soufre et en sel. La plupart des exportations se font en minerai brut, les capacités de transformation sur place restant encore faibles. D’un autre côté, les ressources énergétiques namibiennes sont maigres. Un gisement de gaz naturel a été découvert il y a trente ans à 170 kilomètres en mer, au large de la rivière Orange, et pourrait être utilisé pour produire de l’énergie. Le contrat de fourniture d’électricité entre la firme nationale NamPower et le sud-africain Eskom arrivant à expiration en juin 2006, les prix de l’énergie risquent de connaître une forte hausse, les capacités de production de l’Afrique du Sud étant inférieures à la demande.
Deuxième filière d’exportation, le secteur de la pêche a connu une forte progression depuis 1990, après plusieurs années de baisse. L’Afrique du Sud, qui a administré le pays jusqu’à l’indépendance, n’avait pas réussi à enrayer la surexploitation pratiquée par des flottilles chinoises ou russes sur les 1 500 km de côte. Mais les quotas imposés depuis ont permis de reconstituer les réserves et, entre 1990 et 1995, les exportations de poisson ont augmenté deux fois plus rapidement que le total des exportations. Les eaux froides de Namibie abritent des colins, des sardines, des maquereaux et des anchois, et l’on estime que le potentiel de pêche écologiquement viable se situe à 1,5 million de tonnes par an.
Quant à l’agriculture, elle emploie 70 % de la population active, mais le paysage agricole est très contrasté : 4 000 fermiers blancs (0,2 % de la population) possèdent 44 % des terres avec des fermes hautement mécanisées, d’une superficie moyenne de 8 200 hectares. Ils occupent en tout 30 millions d’hectares, une superficie dont l’État prévoit de racheter le tiers dans le cadre de la réforme agraire. Quant aux paysans noirs, ils pratiquent une agriculture traditionnelle sur des fermes communautaires qui offrent du travail à 95 % de la population active du secteur, essentiellement dans le secteur informel. La productivité reste faible sur ces terres soumises à la sécheresse et à un pâturage intensif. L’une des principales activités reste l’élevage bovin : le cheptel namibien compte 2 millions de têtes de bétail, dont la plus grande part est destinée à l’exportation.
Enfin, dans le domaine des services, le tourisme représente un espoir de développement non négligeable, en particulier pour la création d’emplois. Il constitue déjà la troisième source de revenus du pays, contribuant à hauteur de près de 10 % au PIB (voir pp. 54-55).

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