Côte d’Ivoire : les enjeux de la rencontre entre Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié
Le chef de l’État, Alassane Ouattara, rencontre ce mardi le président du PDCI, Henri Konan Bédié. Un tête-à-tête, annoncé par la présidence ivoirienne, qui intervient dans un contexte particulièrement tendu entre les deux alliés.
Henri Konan Bédié a beau avoir déclaré mi-mars au Nouveau Réveil qu’il s’entretenait par téléphone avec Alassane Ouattara presque « tous les deux jours », la rencontre entre le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et le chef de l’État, qui a lieu ce mardi 10 avril à 17 h (heure GMT), revêt un caractère particulier.
Cette fois-ci, l’entretien aura lieu dans l’enceinte de la présidence de la République et non à Daoukro, fief de Bédié, ou à la résidence de ce dernier à Abidjan Cocody-Ambassade, comme c’est généralement le cas. « On sort du cadre familial du jeune frère qui se déplace chez son aîné en signe de respect », veut croire une source à la présidence. « Ce n’est pas la première fois qu’ils se voient au palais », nuance cependant un proche de Bédié.
La rencontre était annoncée depuis plusieurs semaines. À une délégation de députés de son parti venus lui demander l’autorisation de se positionner pour la création un groupe parlementaire RHDP (Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix), Henri Konan Bédié aurait déclaré qu’il devait s’entretenir avec le chef de l’État le 5 mars, et leur demanda d’attendre cette date pour lancer leur appel. Le 19 mars, Ouattara confia à un de ses visiteurs réguliers qu’il allait « voir Bédié le lendemain ». À chaque fois, le tête-à-tête n’eu pas lieu.
Parti unifié et alternance
Il faut dire que les relations entre les deux hommes, et plus largement entre le Rassemblement des républicains (RDR) et le PDCI, sont particulièrement tendues, au point que l’avenir de l’alliance en est remise en cause. En toile de fond, le parti unifié et la question de l’alternance en 2020. Alors que le RDR souhaite que la fusion se fasse dans un délai allant de 12 à 18 mois, le PDCI pousse pour que la question de la candidature à la prochaine présidentielle soit tranchée avant.
Le comité de haut niveau mis en place pour préparer la création de ce parti ayant achevé ses travaux, un manifeste l’officialisant devait être signé. Le problème est que Bédié retarde l’échéance. Il a ainsi fait annuler une cérémonie officielle qui devait se tenir le 19 mars, à Yamoussoukro. Un comportement qui a poussé ADO à écrire à son allié théorique, lui rappelant n’avoir jamais fait de promesse d’alternance et lui conseillant de se positionner en faveur du parti unifié.
>>> A LIRE – Côte d’Ivoire : Soro, « témoin » de la promesse d’alternance entre Ouattara et Bédié
Ces derniers jours, plusieurs cadres du RDR se montrait cependant confiant quant aux chances de voir Bédié accepter finalement de signer ce manifeste. La rencontre de ce mardi devrait clarifier les choses.
Remaniement
Les conclusions du tête-à-tête ne détermineront pas seulement l’avenir du parti unifié. Elles influeront également sur les nominations à venir, notamment au gouvernement. Alassane Ouattara a préféré retarder le remaniement annoncé depuis janvier, ainsi qu’une série de changements dans l’administration, pour que les incertitudes portant sur l’alliance entre le RDR et le PDCI se clarifient – alliance à laquelle il tient particulièrement.
Deux cadres du PDCI qui ont, ou vont, quitter le gouvernement, doivent théoriquement être remplacés : l’ex-ministre PDCI de l’Industrie et des Mines aujourd’hui président de la commission de la Cedeao, dont l’intérim est assuré, non pas par un membre de ce parti, mais par Souleymane Diarrassouba, un proche du Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, et Jeannot Ahoussou-Kouadio. Élu à la présidence du Sénat le 5 avril, le ministre d’État rattaché à la présidence a assisté à son dernier conseil des ministres le 4 avril. Le prochain aura lieu mercredi à Yamoussoukro.
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