RDC : la commission électorale sud-coréenne désapprouve l’utilisation des « machines à voter »

La commission électorale sud-coréenne a critiqué dans un communiqué le choix de son homologue congolaise d’utiliser des « machines à voter » lors de la présidentielle de décembre, indiquant qu’elle n’apportera aucun soutien officiel, ni aucune garantie à ce projet, dont elle exprime « de sérieuses inquiétudes ».

Corneille Nangaa, président de la Ceni, le 23 juin à Kinshasa. © Gwenn Dubourthoumieu  pour J.A

Corneille Nangaa, président de la Ceni, le 23 juin à Kinshasa. © Gwenn Dubourthoumieu pour J.A

Publié le 11 avril 2018 Lecture : 2 minutes.

« La commission électorale de la République de Corée du Sud (NEC) a notifié à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) de la République démocratique du Congo […] qu’elle n’a apporté ni n’apportera aucun soutien officiel ni aucune garantie au projet d’introduire un système de vote par écran tactile (TVS) pour l’élection présidentielle en RDC prévue en décembre 2018 », indique la NEC dans un communiqué daté du 8 avril.

« La NEC a exprimé de sérieuses inquiétudes à propos de l’introduction obligatoire (de ces machines) en RDC malgré la situation politique instable et un environnement vulnérable, dont de faibles infrastructures électriques et l’état des routes, le fort taux d’illettrisme et le climat tropical qui peut conduire à un mauvais fonctionnement des machines », poursuit l’institution.

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La commission électorale sud-coréenne « est consciente que des diplomates, dont des officiels des États-Unis, tout comme de nombreuses personnes en RDC, redoutent que l’introduction (de ces machines) puisse augmenter les risques d’élections frauduleuses ».

Une somme avoisinant les 150 millions de dollars

La commission électorale congolaise (Ceni) a conclu un accord de gré à gré avec l’entreprise sud-coréenne Miru Systems pour l’achat de « machines à voter » pour une somme avoisinant les 150 millions de dollars. Les démonstrations réalisées en février 2018 par la Ceni ont révélé qu’il s’agissait en fait de machines permettant de « choisir la photo des candidats sur un écran tactile et d’ imprimer les bulletins », qui doivent être ensuite glissés dans l’urne.

Au moins 60 000 machines doivent être déployées dans les bureaux de vote aux quatre coins du pays d’ici décembre 2018

L’ambassadrice des États-Unis à l’ONU, Nikki Haley, et l’ambassade de Corée du Sud à Kinshasa se sont opposées à ces « machines à voter », tandis que l’opposition congolaise parle de « machine à tricher ». Les électeurs ruraux peu familiers avec les nouvelles technologies et les écrans tactiles auront du mal à se servir des machines à voter, estime le Groupe d’étude sur le Congo (Gec) de l’Université de New York.

>>> A LIRE – Affaire des machines à voter en RDC : le chef de l’Association mondiale de gestion des élections visé par une enquête en Corée du Sud

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Au moins 60 000 machines doivent être déployées dans les bureaux de vote aux quatre coins du pays d’ici décembre 2018. La RDC affirme qu’elle finance seule ce processus électoral titanesque, sans l’aide de ses partenaires étrangers.

Dans cet immense pays de 2,3 millions km², la Ceni indique avoir recensé plus de 45 millions d’électeurs pour les trois élections (présidentielle, législatives et provinciales) qui doivent se tenir le 23 décembre. La République démocratique du Congo n’a jamais connu de transition pacifique du pouvoir depuis son indépendance en 1960.

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