Gbagbo dos au mur

Maintenu à la tête de l’État mais affaibli, il est loin d’avoir dit son dernier mot. Pour lui comme pour son pays, 2006 sera l’année de tous les dangers.

Publié le 31 octobre 2005 Lecture : 13 minutes.

S’il est une comparaison que cet historien très républicain ne souhaite pas que l’on fasse à son sujet, c’est bien celle-ci : Laurent Gbagbo, le Vincent Auriol de la Côte d’Ivoire, ou, pis, Laurent Gbagbo, reine d’Angleterre. En d’autres termes, un président dépouillé, un roi nu ou un chef sans sceptre. Sur le papier, pourtant, et sans même attendre ce fatidique lundi 31 octobre où sa légitimité électorale aura pris fin, le président ivoirien a dû se rendre à l’évidence : ce que la communauté internationale a préparé pour lui n’est rien d’autre qu’une mise sous tutelle. Lui qui avait qualifié les accords de Marcoussis de « médicament amer », avant finalement de s’en accommoder, se voit désormais infliger une double dose de ce traitement de choc, accompagnée d’un contrôle médical permanent au cas où l’envie lui prendrait d’oublier les prescriptions : le patient, dit-on, a plus d’un tour dans son sac…
S’il est une comparaison que cet historien très républicain ne souhaite pas que l’on fasse à son sujet, c’est bien celle-ci : Laurent Gbagbo, le Vincent Auriol de la Côte d’Ivoire, ou, pis, Laurent Gbagbo, reine d’Angleterre. En d’autres termes, un président dépouillé, un roi nu ou un chef sans sceptre. Sur le papier, pourtant, et sans même attendre ce fatidique lundi 31 octobre où sa légitimité électorale aura pris fin, le président ivoirien a dû se rendre à l’évidence : ce que la communauté internationale a préparé pour lui n’est rien d’autre qu’une mise sous tutelle. Lui qui avait qualifié les accords de Marcoussis de « médicament amer », avant finalement de s’en accommoder, se voit désormais infliger une double dose de ce traitement de choc, accompagnée d’un contrôle médical permanent au cas où l’envie lui prendrait d’oublier les prescriptions : le patient, dit-on, a plus d’un tour dans son sac…
Si l’on en croit les décisions du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA), endossées le 14 octobre par le Conseil de sécurité de l’ONU, la prolongation pour un an du mandat de Gbagbo est en effet assortie de toute une série de garde-fous destinés à limiter ses prérogatives et sa marge de manoeuvre. Le nouveau Premier ministre « acceptable par toutes les parties », avec lequel Gbagbo devra cohabiter, qu’il ne pourra démettre et qui aura seul autorité sur le gouvernement, disposera ainsi de « tous les pouvoirs nécessaires » et de « toutes les ressources financières, matérielles et humaines voulues, en particulier dans les domaines de la Sécurité, de la Défense et des Affaires électorales ». Ce Premier ministre de transition, non éligible à la prochaine présidentielle, sera épaulé par un Groupe international de travail (GIT) de seize membres qui se réunira une fois par mois à Abidjan. Coprésidé par le ministre nigérian des Affaires étrangères et par le représentant spécial de l’ONU en Côte d’Ivoire, ce Groupe, composé de représentants de pays voisins (Bénin, Ghana, Guinée, Niger), de puissances extérieures intéressées (France, États-Unis, Royaume-Uni), de partenaires multilatéraux (UA, Union européenne, FMI, Banque mondiale, Organisation internationale de la Francophonie) et de l’Afrique du Sud, aura pour tâche d’évaluer et de vérifier « le degré de coopération des acteurs et parties concernés », bref de contrôler si chacun, et en particulier Gbagbo, joue le jeu et s’en tient à son rôle. À la moindre incartade, le GIT s’autosaisira et transmettra le ou les noms des fauteurs de troubles à New York, où siège le Comité des sanctions, lequel pourra décréter immédiatement le gel des avoirs et l’interdiction de voyager dudit coupable. Et, comme si ce corset ne suffisait pas, les résolutions de l’UA et de l’ONU délèguent aux représentants permanents de la communauté internationale en Côte d’Ivoire (ils sont désormais six, avec chacun son bureau et ses agents) la fonction de surveiller au quotidien le déroulement du processus de paix et la préparation des élections prévues « au plus tard » pour octobre 2006. Une primature forte et indépendante donc, plus une primature bis ayant tout pour devenir une autorité de tutelle (le GIT), plus une batterie de représentants spéciaux, plus les Casques bleus de l’Onuci, plus les Français de l’opération Licorne… Que reste-t-il à Gbagbo, si ce n’est nommer ses propres ministres – ceux issus de son camp, soit à peine un tiers du gouvernement – et inaugurer les chrysanthèmes ?
En réalité et compte tenu de l’intelligence politique de l’intéressé, il reste encore beaucoup de choses à Gbagbo. Il demeure chef de l’État, connaît le terrain mieux que la plupart de ses adversaires, et on peut lui faire confiance pour jouer sur les contradictions qui ne manqueront pas d’apparaître au sein de l’opposition. L’impressionnant dispositif de contrôle en forme d’armée mexicaine mis en place suite aux résolutions de l’UA et de l’ONU – un groupe de travail très composite et des représentants spéciaux aux agendas parfois divergents – fournira à ses légendaires capacités manoeuvrières un espace où se déployer. Quant au Premier ministre, Gbagbo s’emploiera, on l’imagine sans peine, à le séduire, à le contourner et à le neutraliser – un peu comme François Mitterrand le fit avec Jacques Chirac et beaucoup comme lui-même le fit avec Seydou Elimane Diarra. Avec, comme arme fatale, la signature (ou non) des décrets et, comme terrain de bataille essentiel, le contrôle des flux financiers. L’absence d’un nouveau descriptif précis de dévolution des pouvoirs au Premier ministre facilite à cet égard la tâche du président. Le Sud-Africain Thabo Mbeki, qui lui est désormais ouvertement favorable, a pesé de tout son poids lors du sommet d’Addis-Abeba, le 6 octobre, pour que la solution proposée par le Sénégalais Abdoulaye Wade, et avalisée par Olusegun Obasanjo, d’un chef d’État « potiche » et purement symbolique soit écartée. Résultat : le socle des accords de Marcoussis, avec leur part de flou, reste toujours la référence. C’est dire, donc, si la personnalité de celui qui tiendra la primature aura, au cours de l’année qui s’ouvre, une importance cruciale.
La Côte d’Ivoire n’ayant jamais manqué d’hommes politiques prêts à se dévouer pour un destin national, surtout lorsque ce dernier coïncide avec leurs propres ambitions, la liste des candidats – déclarés ou non – au poste de Premier ministre était déjà pleine à la veille du 30 octobre. On en compte une bonne quinzaine. Seydou Elimane Diarra, tout d’abord : à 71 ans, le sortant souhaite rempiler. En cas de blocage, et si aucun nom ne s’impose naturellement, ce politicien de qualité estime avoir ses chances avec la promesse que, fort de la résolution du Conseil de sécurité, il saura, cette fois, s’émanciper de la tutelle présidentielle. Une petite campagne de presse en sa faveur parcourt les journaux d’Abidjan : « Lui, au moins, a su faire taire son ego, peut-on lire. De Marcoussis à Pretoria, il a offert sa vie pour conduire les Ivoiriens à la paix. » Le problème est que, systématiquement contré, voire saboté, par des collaborateurs qui le marquaient à la culotte pour le compte de la présidence, Diarra l’honnête homme est aussi le symbole de l’impuissance, voire de l’échec. N’a-t-il pas, à deux ou trois reprises, songé à démissionner avant de se rétracter ? À Paris, comme dans les capitales voisines de la Côte d’Ivoire, on est ainsi très sceptique sur les chances de voir apparaître un nouveau Diarra en mesure de tenir tête à Gbagbo. Une haute personnalité africaine a cette phrase cruelle, qui résume tout : « Le lapin Diarra ne va pas devenir comme par enchantement le lion Diarra… » Dans le processus à plusieurs tours qui s’annonce et qui peut prendre du temps, certains candidats ont en réalité un profil plus tactique que stratégique, poussés en avant par tel ou tel camp afin de mieux négocier la suite. Est-ce le cas d’Amara Essy, 61 ans, ancien ministre des Affaires étrangères et ex-président intérimaire de la Commission de l’UA ? Certes, l’homme a de l’entregent, du savoir-faire et un profil consensuel : Akan, membre du PDCI d’Henri Konan Bédié, il est musulman et natif de Bouaké. Il aura cependant beaucoup de mal à se défaire de l’étiquette, désormais admise, de « candidat de Gbagbo ». Même schéma, mais en sens inverse, en ce qui concerne l’actuel ministre d’État à l’Enseignement supérieur, Zémogo Fofana, dont le nom revient régulièrement dans les colonnes des journaux ivoiriens. Cet ingénieur informaticien de 60 ans, maire de Boundiali, dans le Nord, est peut-être « l’ami de tous », y compris de Gbagbo. Mais il est avant tout RDR et proche d’Alassane Ouattara.
Ex-poids lourds du paysage politique ivoirien en quête d’un second souffle, les anciens ministres Émile Constant Bombet et Lambert Kouassi Konan sont, eux aussi, sur les rangs, tout comme, dans une moindre mesure, Daniel Kablan Duncan, qui fut le Premier ministre de Bédié. Mais tous trois souffrent d’avoir été, à un degré ou à un autre, des artisans de l’ivoirité au milieu des années 1990. Reste la société civile qui, dans un pays aussi politisé que celui-là, a bien du mal à trouver une marge de manoeuvre et, surtout, un label de neutralité. En sont issus l’unique femme de la liste des postulants, Jacqueline Lohoues Oblé, juriste émérite, ancienne ministre de la Justice et ex-députée RDR d’Abobo – un parti dont elle a démissionné en 1999. L’archevêque de Yamoussoukro, Mgr Siméon Ahouanan, est également en lice au cas où Dieu aurait enfin décidé de s’intéresser à la Côte d’Ivoire : homme de compromis et de dialogue avec la communauté musulmane, le prélat est cependant tout sauf un politique – même ses fidèles le reconnaissent. Quelques personnalités issues du monde des affaires et de l’économie pointent aussi le bout de leur nez : Guy Alain Gauze, l’ex- « monsieur Café-Cacao » de Bédié, ou encore Marcel Zadi Kessy, homme du Groupe Bouygues en Côte d’Ivoire et président de l’Association des rois et chefs traditionnels. Tous deux étant issus de l’ethnie bétée, celle de Gbagbo, leurs chances sont minimes. Tout comme le sont, tout au moins a priori, celles de l’ambitieux maire PDCI de Treichville, André François Amichia.
En fait, et sans que cela ne préjuge en aucune manière de leurs possibilités d’accéder à la primature – d’autant que, à l’heure où ces lignes sont écrites, la « vraie » négociation de sortie de crise fixée dans le calendrier de l’ONU, en présence d’Obasanjo et de Mbeki, n’avait pas encore commencé -, deux hommes sortent du lot dans la liste des premiers ministrables possibles, et même souhaitables pour la Côte d’Ivoire : Charles Konan Banny et Gaston Ouassénan Koné. Le premier – ce n’est guère un secret – a les faveurs de la France, de l’UA (présidence et commission) et de la plupart des chefs d’État voisins. À 62 ans, le gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) n’est pas officiellement candidat et n’a toujours pas publiquement renoncé à briguer, fin 2005, un nouveau mandat à la tête de la BCEAO. On n’est jamais trop prudent. Très conscient de sa valeur, Charles Konan Banny attend qu’on le prie et qu’un consensus se dégage autour de sa personne afin de sortir du bois. « Il joue les coquettes », commente, un peu agacé, un haut fonctionnaire français familier du dossier ivoirien, qui est pourtant de ses partisans : « Il ne se déclarera que s’il a la certitude de ne pas être récusé. » Certes, nul ne nie en Côte d’Ivoire que cet homme de caractère a l’étoffe d’un Premier ministre d’envergure. En outre, son accession à la primature arrangerait théoriquement les trois principaux protagonistes de l’élection présidentielle d’octobre 2006. Le chef du gouvernement étant inéligible à cette consultation, Bédié verrait ainsi s’effacer un rival potentiel au sein de son propre camp ; Gbagbo aurait sous la main un cheval de Troie pour attirer à lui une partie de l’électorat baoulé ; quant à Ouattara, qui le connaît depuis trente ans et qui a le même âge que lui, il estime qu’à défaut d’être son allié Konan Banny n’est pas son adversaire. L’intéressé lui-même, dont les ambitions présidentielles sont notoires – « Je ferai un jour partie de ceux qui changeront l’Afrique », déclarait-il, il y a quelques mois, à J.A.I. -, pourrait y voir, dans cet objectif, un avantage. Peu implanté en Côte d’Ivoire malgré ses efforts récents, assez peu familier des réseaux d’influence locaux et surtout trop peu connu du « petit peuple », cet homme fortuné, qui a fait la totalité de sa carrière au sein de la BCEAO, trouvera là l’occasion de labourer le terrain et de se faire un nom. À condition d’être patient, tous les espoirs lui seront dès lors permis pour la présidentielle d’octobre… 2011. Reste un handicap tout de même, qui est une qualité aux yeux de beaucoup, mais assurément un synonyme d’obstacle du côté de Gbagbo : Charles Konan Banny est tout sauf manipulable. L’opinion qu’il a de lui-même est telle que lorsqu’on l’interroge sur l’éventualité d’un accord secret entre lui et le président, « CKB » a presque un haut-le-coeur : « Je suis moi, je ne suis le sous-marin de personne. C’est mal me connaître que de croire que ma personnalité s’accommoderait de ce genre de navigation en eaux troubles. D’ailleurs, j’ai trois ans de plus que Laurent Gbagbo. C’est mon petit frère… » Avec lui, la cohabitation risque de prendre rapidement l’allure d’une confrontation.
« Outre Konan Banny, un seul homme parmi les postulants éventuels est en mesure de résister à Gbagbo : Gaston Ouassénan Koné, confie-t-on à Paris, avant d’ajouter, mais il faudrait, pour que le président l’accepte, que son entourage fasse taire ses rancoeurs, ce qui est loin d’être acquis. » Ce général de gendarmerie à la retraite de 70 ans, formé en France, originaire de Katiola, Sénoufo de confession catholique, président du groupe parlementaire PDCI à l’Assemblée nationale, est en fait le candidat (à peine) secret du tandem Bédié-Ouattara pour la primature. Le temps ayant fait son oeuvre, ce général de division qui était, il y a quelques jours, à Paris, où il a été notamment reçu à l’Élysée, estime entretenir désormais des relations fluides avec Gbagbo, ce qui ferait de lui un premier ministrable acceptable aux yeux du chef de l’État. Le problème est que cette fluidité est récente. En mai 2003, le même Gbagbo avait en effet assorti son refus de nommer le même Ouassénan Koné au poste de ministre de la Défense, ainsi que le proposait l’opposition, de cette petite phrase définitive : « Je le dis clairement, tant que je serai président de la République, lui, Ouassénan, ne sera pas ministre. » En filigrane de cette tirade : le passé ministériel de cet ex-responsable de la Sécurité sous Houphouët, puis sous Bédié, homme à poigne à l’efficacité reconnue, mais sans états d’âme quand il s’est agi de « punir » les militants du FPI, le parti de Gbagbo. La garde rapprochée du président lui reproche, en outre, d’avoir joué un rôle non éclairci, alors qu’il était capitaine, dans la répression de la révolte bétée de 1970 à Gagnoa et à Daloa. À l’évidence, la réconciliation a des limites, d’autant que Gbagbo tient le plus grand compte des états d’âme de son socle communautaire.
Quelle que soit l’identité d’un Premier ministre, qui, en toute hypothèse, ne sera pas le sien, et quelle que soit la capacité de ce dernier à lui tenir tête, le président ivoirien va donc devoir s’employer à demeurer au centre de l’échiquier. Pour cela, et même s’il a déjà usé en quelques années une petite dizaine de cabinets de lobbyistes américains afin d’améliorer son image à Washington, Gbagbo reste toujours, et quoi qu’il en dise, obsédé par la France. Il vit comme une injustice le fait d’y être incompris, et il n’a jamais désespéré de parvenir à s’expliquer. Même lorsqu’il laisse ses partisans se livrer à des diatribes antifrançaises et préparer des slogans hostiles à l’ex-métropole coloniale, le dépit amoureux n’est jamais loin, et rien, à ses yeux, n’est irréversible. Jacques Chirac ne le prend plus au téléphone depuis un an ? Peu importe, après tout. Ces deux derniers mois, Gbagbo a eu deux fois le Premier ministre Dominique de Villepin au bout du fil, et ses émissaires ne trouvent plus porte close à Paris. Le docteur Adou Assoa, ministre des Eaux et Forêts, l’un de ses hommes de confiance, est ainsi régulièrement reçu par la cheville ouvrière du Quai d’Orsay, le directeur de cabinet Pierre Vimont. À l’Élysée, chez ce fin connaisseur de la Côte d’Ivoire qu’est Michel de Bonnecorse, Laurent Dona Fologo et le ministre des Finances Paul-Antoine Bohoun Bouabré – très apprécié à Paris – sont des hôtes assidus, parfois à déjeuner. À Abidjan, avec un sens consommé du dosage, le président continue de répartir contrats et marchés entre Français et Américains : aux premiers les services – eau, électricité, télécoms, port -, aux seconds les matières premières – café, cacao, pétrole.
Ce funambule de la politique parviendra-t-il à maintenir cet équilibre si la perche qu’il tient entre ses mains, en l’occurrence son pouvoir de gouverner, lui échappe ? Désormais sursitaire, dos au mur en quelque sorte, Gbagbo n’envisage assurément pas de céder le pouvoir en octobre 2006, au terme d’une année de transition que l’on imagine déjà chaotique et tendue. Il veut un « vrai » mandat de cinq ans, apaisé et, surtout, incontesté, pour réaliser enfin les grands projets dont il rêve et imprimer dans l’histoire de son pays une autre image que celle de l’homme qui fut au centre de la plus grave crise qu’ait connue la Côte d’Ivoire – et sans doute l’Afrique francophone – depuis l’indépendance. Pour cela, Gbagbo a son « plan A » : remporter les élections. Il se dit certain d’y parvenir et a fait partager cette conviction, sondages à l’appui, à un homme tel que Thabo Mbeki. Mais il a aussi, au cas où cette certitude ne serait que feinte, un « plan B ». Nul n’en connaît les contours, si ce n’est qu’il est sans doute celui de tous les dangers.

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