Pour un Partenariat mondial en faveur de la jeunesse
Si l’éducation est au centre d’un partenariat mondial, la jeunesse, elle, ne bénéficie pas d’un financement international, alors qu’elle représente l’atout le plus important pour l’émergence de l’Afrique. Des actions concrètes doivent désormais se substituer aux déclarations d’intention.
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Denis Christel Sassou Nguesso
Président de la Fondation Perspectives d’Avenir, et député à l’Assemblée nationale congolaise.
Publié le 11 avril 2018 Lecture : 4 minutes.
Tribune. Il y avait foule à Dakar les 1er et 2 février 2018 : dix chefs d’État, plus de 100 ministres, les responsables de plusieurs agences du système des Nations unies, de la Banque mondiale ainsi que de nombreux représentants de la société civile, de fondations à vocation philanthropique et du secteur privé. Sans oublier Rihanna, la star internationale de la musique, qui met sa notoriété au service de causes humanitaires. Tous étaient réunis pour la conférence de financement du Partenariat mondial pour l’éducation. Ils se sont montrés généreux, promettant de réunir 2,3 milliards de dollars pour la période 2018-2020.
Le temps presse
L’éducation n’est pas le seul domaine à bénéficier de la mise en place d’un partenariat au niveau international. Il en existe un pour le tourisme durable, un autre pour les sols, un autre pour la réduction des gaz torchés… Mais de partenariat mondial en faveur de la jeunesse, point. Pourtant, investir dans la jeunesse, c’est investir dans et pour l’avenir. Investir massivement en faveur des nouvelles générations et les préparer à être les agents de transformation économique et sociale dont l’Afrique et le monde ont besoin, c’est donner une chance de réussite aux programmes de développement en cours dans de nombreux pays qui visent à faire accéder ces derniers au statut de pays émergent à brève échéance.
Favoriser la mise en place d’un partenariat global au service de la jeunesse réunissant les États, les agences du système des Nations unies et d’autres institutions internationales, la société civile, les forces politiques, les entreprises privées…, permettrait de réunir des moyens financiers qui font parfois défaut et de partager les bonnes pratiques. Et atteindre des résultats concrets en peu de temps. Car le temps presse.
Tout Africain doit se sentir concerné par cet impératif d’investir massivement et dès maintenant dans la jeunesse
Si l’Afrique et ses partenaires décidaient enfin de faire de l’investissement en faveur des nouvelles générations une priorité afin de donner corps au changement, la constitution d’un partenariat mondial au service de la jeunesse pourrait s’avérer précieuse. Les États et les organisations régionales ne sont pas les seuls concernés. Tout Africain, quels que soient sa formation, son activité professionnelle, son pays de résidence et la forme de son engagement – social, économique, politique ou religieux – doit se sentir concerné par cet impératif d’investir massivement et dès maintenant dans le développement de l’atout le plus important dont dispose l’Afrique : sa jeunesse. Cette responsabilité partagée pourrait être servie par un instrument global de sensibilisation et de mobilisation.
Conduire un véritable processus de révolution mentale
Des actions concrètes doivent se substituer aux déclarations d’intention. Le temps de l’action nous place devant une infinité de choix et de possibilités et peut donner libre cours à l’expression de notre imagination créatrice. À condition de le vouloir. Pour ma part, bien avant d’être élu à l’Assemblée nationale du Congo, j’ai souhaité apporter ma contribution citoyenne en investissant en faveur de la jeunesse de mon pays. Le débat sur l’émergence en Afrique en général, et au Congo en particulier, a servi de déclic et de catalyseur.
Former des cadres et des ouvriers spécialisés, renforcer l’employabilité des jeunes, cultiver le sens de l’entrepreneuriat…
Ce débat, en tout cas dans sa phase initiale, s’y est concentré sur les infrastructures à réaliser pour rendre l’émergence possible et soutenir les efforts de développement. Sans minimiser leur importance dans le processus de développement d’une économie et de construction de l’émergence d’un pays, je suis persuadé que l’émergence n’a de sens que si elle permet aux femmes et aux hommes de jouer un rôle de transformation de la société et de bénéficier du progrès. Il n’y a pas d’émergence sans capital humain. L’élément humain doit par conséquent être au cœur de la réflexion et de tout programme orienté vers l’action.
Former des cadres et des ouvriers spécialisés, renforcer l’employabilité des jeunes, cultiver le sens de l’entrepreneuriat, permettre le développement personnel de la jeunesse, préparer des meneurs d’hommes capables de mobiliser et d’être des acteurs de développement et de changement : c’est un véritable processus de révolution mentale qu’il faut conduire. La préparation des architectes de l’émergence et du développement durable de l’Afrique passe par un réarmement moral, la promotion d’une culture respectueuse de l’environnement, une résilience face à des menaces de plus en plus nombreuses, et l’apprentissage du vivre-ensemble dans le cadre de nations plurielles et le contexte d’une mondialisation triomphante. C’est à ce prix que l’on donnera toute sa place à une jeunesse qualifiée et solidaire au service d’une Afrique émergente. Et que de nombreux jeunes, souvent talentueux et qualifiés, ne seront plus tentés de prendre le chemin de l’émigration en quête d’un avenir meilleur et sauront résister aux sirènes de la radicalisation et de l’extrémisme violent.
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