Celle qui a dit non
Héroïne de la lutte pour les droits civiques aux États-Unis, Rosa Parks s’est éteinte le 24 octobre à l’âge de 92 ans.
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« Elle s’est assise pour que nous puissions tous nous lever – et les murs de la ségrégation sont tombés. » Cette phrase est du sénateur Jesse Jackson, mais tous les Africains-Américains en ont une pour saluer le geste historique de Rosa Parks, il y a presque un demi-siècle. Car c’est ce geste qui permit au mouvement pour les droits civiques aux États-Unis de véritablement prendre son essor.
Montgomery (Alabama), 1er décembre 1955. Couturière de son état, Rosa rentre chez elle après une longue journée de travail. Un homme blanc monte dans le bus. Elle refuse de lui laisser sa place comme le chauffeur le lui demande et comme la loi lui en fait obligation. Pourquoi n’aurait-elle pas le droit, elle aussi, de reposer un instant ses jambes fatiguées ? Depuis douze ans, ce petit bout de femme travaille bénévolement comme secrétaire pour l’Association pour l’avancement des gens de couleur (NAACP). Mariée à Raymond Parks, un pionnier de la lutte pour les droits des Noirs, elle ne supporte plus le sort réservé aux siens. Car à Montgomery, en Alabama, et dans tout le Deep South, la ségrégation et le Ku Klux Klan règnent sans partage. Les lynchages et les humiliations sont le lot quotidien des Noirs. Le racisme le plus borné a force de loi.
Rosa est jetée en prison, se voit infliger une amende (14 dollars de l’époque) et perd son emploi. Mais elle ne lâche pas prise. Son appel du jugement devient la plateforme de tous les avocats de la cause des Noirs. En signe de protestation, les habitants de Montgomery engagent un vaste mouvement de boycottage des bus municipaux. Une association pour l’amélioration du droit des Noirs de la ville voit le jour. Un jeune homme de 26 ans en prend la tête. Il se nomme Martin Luther King…
Rosa l’a désormais rejoint au Panthéon des combattants. Dans la nuit du 24 au 25 octobre à Detroit, où elle vivait depuis 1957, elle s’est éteinte à l’âge de 92 ans. Elle n’aura manqué que de quelques semaines le cinquantième anniversaire de son acte de bravoure. Mais cette vieille dame timide aurait sans doute préféré qu’il en soit ainsi. Le costume de héros du peuple noir que d’autres – du pasteur King à Nelson Mandela – revêtiront par la suite lui a toujours paru trop grand pour elle. Elle est morte comme elle a vécu : discrètement. Mais leur rêve commun est désormais une réalité.
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