Bourguiba chez Hassan II
Publié le 31 octobre 2005 Lecture : 1 minute.
« Il n’est pas nécessaire de vous souhaiter la bienvenue, vous êtes ici chez vous. » Hassan II, en grand uniforme de l’armée marocaine, accueille au bas de la passerelle le président Bourguiba. Embrassades, vivats, hymnes, drapeaux, soleil, applaudissements. Le ton est donné. Effectivement, Bourguiba se sent chez lui. Cette visite du président tunisien au Maroc, la troisième, après celles de 1957 et 1961 (à l’occasion de la mort de Mohammed V), cette visite maintes fois reportée, attendue, est celle du Maghreb et de la fraternité.
En 1961, Bourguiba avait voulu se montrer un père pour un jeune roi qui venait de perdre le sien. Aujourd’hui, le décalage des générations est encore perceptible. On le note dans les discours, dans les attitudes. Dans le fait aussi que Bourguiba ne perde aucune occasion d’honorer la mémoire de Mohammed V et de rappeler : « Notre rencontre devait déboucher sur l’action concertée destinée à jeter le fondement du Grand Maghreb ». Cette troisième visite se situe donc pour lui dans le prolongement des deux précédentes. […]
À petits pas, doucement, lentement, le Maghreb s’est mis en marche. Au moment même où Hassan II et Bourguiba, après deux jours d’entretiens et de réceptions à Rabat, prenaient la route de Fès, la commission maghrébine des échanges extérieurs tenait une réunion dans la capitale marocaine pour harmoniser le commerce en commun de certains produits agricoles dans quatre pays. Mais cette approche est lente, et le Maghreb n’est pas seulement une nécessité économique, il est aussi une exigence idéologique. […] Ce n’est pas un hasard si Bourguiba s’est présenté au Maroc non seulement comme président d’un pays frère mais aussi comme « le combattant suprême ». Un combattant qui, après avoir mené la bataille de l’indépendance, mène maintenant, selon ses propres termes, la lutte contre le sous-développement et pour le progrès. Mais pour réussir, le Maghreb économique et idéologique ne doit pas se tenir au niveau des chefs d’État.
