Cannes 2018 : l’Afrique et le Moyen-Orient bien représentés dans la Sélection officielle

La sélection officielle des films retenus pour être présentés lors de la 71ème édition du Festival de Cannes, du 8 au 19 mai 2018, est désormais connue. Elle fait, pour une fois, la part belle aux nouveaux venus, aussi bien pour la compétition que dans les autres sélections.

Thierry Fremaux, délégué général, et Pierre Lescure, président de Cannes 2018, lors de la conférence de présentation de la Sélection officielle. © Francois Mori/AP/SIPA

Thierry Fremaux, délégué général, et Pierre Lescure, président de Cannes 2018, lors de la conférence de présentation de la Sélection officielle. © Francois Mori/AP/SIPA

Renaud de Rochebrune

Publié le 12 avril 2018 Lecture : 3 minutes.

Comme le plus souvent depuis le début de ce siècle, malgré de rares exceptions (Mahamat-Saleh Haroun en 2010 avec Un Homme qui crie et en 2013 avec Grigris, et Abderrahmane Sissako en 2014 avec Timbuktu), aucun film originaire du sud du Sahara ou consacré à cette région ne pourra hélas concourir pour la palme d’or.

« Yomeddine » d’Abu Bakr Shawky

Affiche du film Yomeddine

Affiche du film Yomeddine

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Mais, contrairement aux années précédentes, un long métrage d’Afrique du Nord sera cependant en lice dans cette compétition grâce à Yomeddine de l’Égyptien Abu Bakr Shawky, le seul premier film de cette prestigieuse sélection.

Sorte de road-movie, le film raconte l’histoire d’un homme qui quitte pour la première fois la léproserie dans laquelle il vit pour parcourir l’Égypte en compagnie d’un orphelin et d’un âne en quête de sa famille qui l’a abandonné enfant. Le rôle principal a été confié à un acteur non professionnel, lui-même atteint par la lèpre.

Un Certain Regard

Dans l’autre grande sélection du festival officiel, Un Certain Regard, on trouvera cette année trois films réalisés par des Africains. Le Maghreb sera ainsi représenté par la Marocaine Meryem Benm’Barek, qui, avec Sofia, son premier long métrage, évoque le parcours d’une toute jeune maman qui veut éviter d’être dénoncée par l’hôpital comme fille-mère et part à la recherche du père de son enfant nouveau-né.

La Kényane Wanuri Kahiu ose pour sa part conter dans Rafiki une histoire d’amour entre deux jeunes femmes, contrariée par leurs familles et le poids de la tradition. Un deuxième long métrage de fiction pour la réalisatrice, d’après la nouvelle Jambula Tree de l’écrivaine ougandaise Monica Arac de Nyeko.

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Enfin, Etienne Kallos, cinéaste d’origine grecque mais vivant en Afrique du Sud, dont il a pris la nationalité, montrera à Cannes son premier long métrage, Les Moissoneurs, un drame qui se passe en pays afrikaner.

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Le Moyen-Orient, pour sa part, sera également bien représenté sur la Croisette cette année. Le film d’ouverture du festival sera ainsi le thriller Todos Lo Saben, le dernier long métrage de l’Iranien Asghar Farhadi, un habitué de Cannes et des succès populaires, qui a tourné cette fois en Espagne avec Penelope Cruz et Javier Bardem en têtes d’affiche.

La Libanaise Nadine Labaki, déjà deux fois venue à Cannes avec Caramel à la Quinzaine des réalisateurs en 2007 et Et maintenant on va où ? à Un Certain Regard en 2010, pourra concourir pour la palme d’or avec son troisième long métrage, Capharnaüm. Le film, qui conte la vie quotidienne à Beyrouth, dénonce les injustices que subissent les enfants dans le Liban d’aujourd’hui.

On retrouvera également en compétition Jafar Panahi avec son road movie Three Faces. Mais sera-t-il autorisé à quitter son pays, où il est théoriquement interdit de tournage, pour aller monter les marches du Palais des festivals ?

Un regret : aucun film africain n’a été retenu pour participer en 2018 à la compétition des courts métrages

Quant à la Syrienne Gaya Jiji, c’est à Un Certain Regard que sera projeté son premier film Mon Tissu préféré, l’histoire d’une jeune femme tiraillée entre son envie de liberté et l’envie de s’expatrier via un mariage arrangé. Mais les noces doivent se dérouler au moment où débute la guerre civile, et elle doit finalement renoncer à tous ses espoirs quand son promis choisit d’épouser sa sœur cadette.

Cela faisait fort longtemps que l’Afrique et le Moyen-Orient n’avaient pas été aussi présents dans la sélection officielle à Cannes. Et on peut supposer que, lorsque l’on connaîtra les sélections des sections « parallèles » de la Quinzaine des réalisateurs, de la Semaine de la critique et de l’ACID, le contingent des longs métrages originaires de ces régions admis à être projetés sur la Croisette dans le cadre du festival sera encore plus fourni.

Reste un regret : aucun film africain n’a été retenu pour participer en 2018 à la compétition des courts métrages ou à celle des films d’école de la Cinéfondation. Ce qui peut sembler inquiétant pour l’avenir.

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