Syrie, Palestine, Yémen, Sahara occidental… Les enjeux du 29e sommet de la Ligue arabe

Frappes en Syrie, conflit israélo-palestinien, élections en Libye, guerre au Yémen… Les enjeux sont nombreux pour ce 29e sommet de la Ligue arabe se tient dimanche 15 avril, à Dammam et qui réunira 21 chefs d’État arabes.

La Ligue arabe réunie au Caire, le 10 janvier 2016. © Ahmed Omar/AP/SIPA

La Ligue arabe réunie au Caire, le 10 janvier 2016. © Ahmed Omar/AP/SIPA

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Publié le 13 avril 2018 Lecture : 4 minutes.

Kadhafi mis au ban de la Ligue arabe. En 2011, cette décision avait marqué l’histoire de l’organisation panarabe, en rupture avec son immobilisme habituel. Ses membres souvent en conflit, indécis et incapables de prendre une décision commune, parviendront peut-être de nouveau à s’unir et prendre des décisions à l’occasion du 29e sommet de la Ligue arabe. La situation les y pousse. La région est en ébullition et les enjeux de taille. De la question palestinienne à la Syrie en passant par la Libye, le Yémen et la crise dans le Golfe, tour d’horizon des dossiers à l’ordre du jour du sommet de Dammam, en Arabie saoudite, dimanche 15 avril.

La question brûlante des frappes occidentales en Syrie

Un volontaire de la Défense civile syrienne secourant un enfant blessé, à Khan Cheikhoun, dans le nord-est du pays, le 4 avril 2017. © PLANET Pix/ZUMA-REA

Un volontaire de la Défense civile syrienne secourant un enfant blessé, à Khan Cheikhoun, dans le nord-est du pays, le 4 avril 2017. © PLANET Pix/ZUMA-REA

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Les États-Unis frapperont-ils la Syrie en réponse à l’attaque chimique à Douma ? La question est au cœur de toutes les discussions diplomatiques. Les États-Unis et la France accusent le régime de Bachar al-Assad d’avoir  mené cette attaque. France, États-Unis et Grande-Bretagne s’organisent pour de possibles frappes punitives, alors que la Russie menace de représailles.

La question sera à coup sûr au cœur du sommet, d’autant plus que Mohamed Ben Salmane, prince-héritier d’Arabie saoudite, a indiqué que son pays n’hésiterait pas à participer à ces frappes. Ce sommet sera aussi l’occasion pour Riyad de tenter de mobiliser ses alliés contre l’Iran, allié du régime syrien. La Syrie, de son côté, n’a pas de représentation au sein de la Ligue, depuis qu’elle a été « gelée » au début conflit en 2011.

La situation en Palestine

Un Palestinien lors des affrontements à la frontière de Gaza, le 13 avril 2017. © Adel Hana/AP/SIPA

Un Palestinien lors des affrontements à la frontière de Gaza, le 13 avril 2017. © Adel Hana/AP/SIPA

Depuis le 30 Mars, au moins 30 Palestiniens ont été tués par les forces de sécurité israéliennes durant la Marche du retour, qui commémore le 70e anniversaire de la Nakba. Une situation préoccupante, qui sera l’autre priorité des dirigeants arabes. La défense de la cause palestinienne est souvent le seul sujet sur lequel les États membres de la Ligue arabe se retrouvent d’accord.

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Il sera abordé à ce niveau pour la première fois depuis la décision des États-Unis de déplacer l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem, et de reconnaître la ville comme capitale officielle d’Israël. L’enjeu, pour la Ligue, est de remettre la cause palestinienne sur le devant de la scène diplomatique internationale.

Le processus électoral libyen

Un soldat de l'armée libyenne à Tripoli, en novembre 2013. © Manu Brabo/AP/SIPA

Un soldat de l'armée libyenne à Tripoli, en novembre 2013. © Manu Brabo/AP/SIPA

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En vue de ce sommet, Ghassan Salamé, émissaire de l’ONU pour la Libye, a rencontré plusieurs ministres des Affaires étrangères (Maroc, Koweït, Arabie saoudite, Égypte et Soudan), à Riyad ce jeudi. Il leur a assuré de l’importance accordée par l’ONU à la tenue d’élections législatives et présidentielle en Libye.

Mais l’appel des Nations unies à tenir un référendum constitutionnel et à organiser des élections avant 2019 ne fait pas l’unanimité. Imad Essayah, président de la commission électorale, a menacé de démissionner si le référendum constitutionnel était maintenu par crainte d’une guerre civile. Et Ghassan Salamé a lui-même déclaré au magazine français L’Express, le 21 mars, que les élections n’auraient sûrement pas lieu avant 2019.

Quant au maréchal Haftar, l’homme fort de l’est libyen, il considère que l’accord de Skhirat à l’origine de la création du gouvernement d’union nationale est caduque. Le pays reste donc toujours déchiré entre l’Armée libyenne nationale et le gouvernement libyen d’union nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj, basé à Tripoli et soutenu par l’ONU.

Le dossier devrait cependant être fortement bousculé si les informations de plusieurs médias, faisant état de l’hospitalisation à Paris de Khalifa Haftar, depuis le début de la semaine, venaient à se confirmer.

Le chaos yéménite

Un enfant dans un camp de déplacés en bordure de Sanaa, au Yémen, le 8 juin 2016 (image d'illustration). © Hani Mohammed / AP / SIPA

Un enfant dans un camp de déplacés en bordure de Sanaa, au Yémen, le 8 juin 2016 (image d'illustration). © Hani Mohammed / AP / SIPA

Autre terrain de conflit entre l’Arabie saoudite et l’Iran, la guerre au Yémen et la crise humanitaire qui y sévit seront évidemment au menu des discussions. Les combats entre les rebelles houthis chiites, soutenus par Téhéran, et forces en faveur du président Abd Rabo Mansour Hadi, en exil à Riyad, son principal allié, a fait 10 000 morts depuis 2014, et plongé le pays dans la famine et le choléra.

Le sommet intervient dans une période d’escalade des tensions, alors que la coalition arabe, menée par l’Arabie saoudite, est souvent pointée du doigt par les ONG qui l’accusent de mener des frappes aériennes sur des hôpitaux et des écoles.

Clash Rabat/Alger sur le Sahara occidental

Des hommes du Polisario, à Bir Lahlou, en septembre 2016. © REUTERS/Zohra Bensemra

Des hommes du Polisario, à Bir Lahlou, en septembre 2016. © REUTERS/Zohra Bensemra

Le Sommet intervient en pleine guerre verbale entre le Maroc et l’Algérie sur le Sahara occidental. Il y a quelques semaines, Rabat a sensiblement haussé le ton, accusant Alger d’être à l’origine du conflit. Son souhait : l’amener à la table des négociations menées sous l’égide de l’ONU.

Mais Alger a fait savoir qu’elle n’a aucune responsabilité, et renvoie dos à dos le Maroc et le Polisario. La République arabe sahraouie démocratique (RASD) n’est pas membre de la Ligue arabe et, en dehors de l’Algérie et de la Mauritanie, elle ne dispose d’aucune représentation diplomatique dans un pays arabe. Mais la crispation entre le Maroc et l’Algérie ne manquera pas de se ressentir lors de ce sommet auquel doit participer Mohammed VI. Et ce d’autant plus que, le 25 avril, le Conseil de sécurité devra adopter une nouvelle résolution sur le Sahara.

Crise Arabie Saoudite-Qatar

Cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, émir du Qatar, à Koweït-City le 5 décembre 2017. © Jon Gambrell/AP/SIPA

Cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, émir du Qatar, à Koweït-City le 5 décembre 2017. © Jon Gambrell/AP/SIPA

Même si la crise du Golfe qui oppose depuis juin 2017 la coalition arabe dirigée par l’Arabie saoudite (Emirats arabes unis, Égypte, Bahrein) à l’émirat du Qatar ne sera pas officiellement au menu des discussions, son ombre planera sur ce sommet.

Jeudi 12 avril, le ministre des Affaires étrangères saoudien, Adel El Joubeir, a estimé que la solution à cette crise doit être trouvée plutôt au sein du Conseil de coopération du Golfe (Arabie Saoudite, Bahrein, Oman, Émirats arabes unis, Qatar et Koweit). Chez les pays arabes, cette crise a entraîné des clivages plus au moins assumés. Au Maghreb, à part la Mauritanie qui s’est clairement affichée du côté des Saoudiens – allant jusqu’à rompre ses relations diplomatiques avec le Qatar -, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie sont restés neutres.

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