Un sentiment de continuité

Publié le 1 octobre 2007 Lecture : 2 minutes.

Certes, la Tunisie est un pays aux dimensions modestes : avec ses 164 000 km2, elle est dix fois moins étendue que la Libye (1,760 million de km2) et près de quinze fois moins que l’Algérie (2,382 millions de km2). Mais ses deux voisins sont des géants parmi les géants, et elle a quand même une superficie qui est quatre fois celle des Pays-Bas ou du Danemark.
Or le voyageur qui la traverse de part en part est saisi par le sentiment de continuité. Comme cela a été maintes fois souligné, si l’on veut chercher un contraste, ce n’est pas entre le Nord et le Sud qu’on le trouvera, mais entre les régions côtières et celles de l’intérieur. Les villes du littoral sont plus coquettes, l’activité économique semble plus soutenue. Il est en effet des réalités géographiques incontournables : la mer, grâce au tourisme notamment, est un atout primordial.

Sinon, de Bizerte à Gafsa, de Gabès au Kef, de Tunis à Djerba, on a le sentiment d’une très grande homogénéité humaine. D’abord, on parle partout la même langue. Hormis dans quelques poches du Sud saharien, le berbère n’est pratiquement plus usité. Les variations régionales de l’arabe tunisien sont minimes. Une telle unité linguistique n’a rien d’anecdotique. Sans parler des problèmes que pose à l’Algérie et au Maroc l’existence de fortes minorités berbérophones, il suffit, pour s’en convaincre, de considérer un pays comme la Belgique que la fracture entre francophones et néerlandophones a conduit au bord de l’explosion.
Le visiteur curieux de découvertes pourrait le déplorer. La cuisine et les habitudes alimentaires ne changent guère non plus d’une région à l’autre de Tunisie. Et la remarque s’applique à bien d’autres pratiques culturelles.

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Ces quelques éléments d’observation pourraient passer pour des impressions purement subjectives si les données statistiques ne venaient les confirmer. Bien que le niveau de vie soit plus élevé dans les zones côtières, celles du Nord-Est et du Centre-Est en particulier, les taux d’équipement (eau, électricité, santé, éducation) sont pratiquement identiques dans toutes les régions.
Un demi-siècle d’investissements publics a permis d’arriver à de tels résultats. Ceux-ci sont d’autant plus remarquables dans le domaine éducatif, avec un taux de scolarisation proche de 100 %. L’école, mais aussi la télévision ainsi que le tourisme interne ont contribué à renforcer la cohésion nationale. Comme en Europe, les Tunisiens de la classe moyenne occupent souvent leurs vacances à découvrir leur pays. Les plus aisés se retrouvent dans les hôtels aux côtés d’Occidentaux mais aussi de touristes originaires d’autres pays arabes ainsi que d’autres régions de Tunisie.
Cette homogénéité n’est évidemment pas sans conséquence politique. Comme partout ailleurs, les lignes de fracture sont réelles. Mais elles ne sont jamais géographiques ou ethniques. Cela mérite d’être souligné.

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