L’œil de Glez : en Australie, les athlètes camerounais courent toujours
La dernière édition des Jeux du Commonwealth a vu le nombre des athlètes en lice se réduire comme peau de chagrin. Une kyrielle de sportifs africains a ainsi pris la clé des champs australiens…
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 17 avril 2018 Lecture : 2 minutes.
Le United Nations Sustainable Development Solutions Network l’a indiqué, dans son dernier « World Happiness Report » : les trois pays les plus « malheureux » du monde sont africains – Tanzanie, Burundi et République centrafricaine – comme le sont 20 des 25 pays les moins gâtés en termes de « bonheur ». Quant au nouveau président libérien, George Weah, il n’a pas manqué d’insister le ressort émancipateur du sport. Pourquoi les athlètes ne rêveraient-ils donc pas d’une félicité sportive dans des contrées réputées bienheureuses ?
Les Jeux du Commonwealth de Gold Coast, en Australie, qui se sont achevés dimanche 15 avril, ont vu treize athlètes manquer à l’appel de leur délégation. Bien sûr, les visas de ces sportifs n’étant pas échus, ils ne sont pour l’instant que de présumés fuyards. Ce sont d’abord huit haltérophiles et boxeurs camerounais qui ont pris la poudre d’escampette, absence signalée dès mardi 10 avril à la police australienne par l’attaché de presse de leur délégation.
Puis cinq autres compétiteurs originaires d’Afrique – du Rwanda, d’Ouganda et de Sierra Leone – se seraient également évanouis dans la nature, selon David Grevemberg, le président exécutif de la Fédération des Jeux.
Si l’agacement du ministre de l’Intérieur australien est patent – il brandit des menaces de reconduites à la frontière, doublées d’un séjour dans des centres de détention –, l’évaporation de champions est loin d’être une nouveauté.
Des défections peu populaires sur le continent
En Australie déjà, lors des Jeux olympiques de Sydney de 2000, ce sont plus de 100 athlètes de nationalités diverses qui étaient restés dans le pays après l’expiration de leur visa. Dans d’autres contrées, les compétitions sœurs n’échappent pas à la règle. En 2013, à l’équivalent francophone des jeux du Commonwealth, les Jeux de la francophonie de Nice, la seule délégation de la République démocratique du Congo (RDC) déplorait la fugue de douze de ses membres, avant même avant leurs prestations. Encore plus médiatisées furent les nombreuses défections aux Jeux Olympiques de Londres, l’année précédente…
Même si les classements des pays heureux sont déprimants, les Africains restés sur le continent ne cautionnent guère les désertions de leurs sportifs. Primo, penser qu’un athlète talentueux obtiendra aisément une nationalité occidentale n’est qu’un leurre, pour la grande majorité, surtout en commençant par un statut de sans papiers. N’est pas Eunice Barber qui veut. Secundo, de tels comportements désolent d’autant plus les populations africaines qu’ils accentuent la méfiance de chancelleries déjà réticentes à accorder des visas.
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