En Côte d’Ivoire, la SIR pare au plus pressé
Manquant de fonds propres, la Société ivoirienne de raffinage retarde son plan d’extension. Elle espère lever 200 millions de dollars auprès des banques.
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La Société ivoirienne de raffinage (SIR) peut-elle être la grande perdante de la croissance ivoirienne ? Plus de trois ans après l’arrivée d’Alassane Ouattara au pouvoir, qui a fait de l’économie le marqueur de son mandat, la première entreprise industrielle du pays doit sans cesse solliciter des investisseurs pour lever les fonds nécessaires aux financements de ses achats de pétrole brut.
Marges réduites
Si son chiffre d’affaires est impressionnant à l’échelle du pays – 1 608,5 milliards de F CFA (2,4 milliards d’euros) en 2012 -, ses marges extrêmement réduites ne lui permettent pas de s’autofinancer.
« Sur le moyen terme, notre axe central est la sécurisation des approvisionnements en pétrole pour faire fonctionner la raffinerie », confirme une source au sein de la SIR. L’exercice est malheureusement devenu une routine, le raffineur manquant cruellement de fonds propres. Une situation rendue plus délicate encore en raison des dettes de l’État. Sur les derniers mois, cette créance est estimée à plus de 50 milliards de F CFA.
La dette de l’État ivoirien vis-à-vis de la SIR atteint 50 milliards de F CFA.
Tour de table
Pour pallier cette difficulté, la SIR se prépare à organiser un tour de table réunissant les banques ivoiriennes et étrangères afin de lever 200 millions de dollars (157 millions d’euros).
Au cours du premier semestre 2014, la Société générale de banques en Côte d’Ivoire (SGBCI) avait déjà mis à sa disposition une ligne de crédit de 150 millions de dollars.
Quelques mois plus tôt, la même banque, avec la Société financière internationale (IFC), BNP Paribas et Standard Chartered, avait débloqué 300 millions de dollars pour financer des importations en provenance des champs pétroliers nigérians Bonga et Forcados.
Demandes de l’État
Entre 2012 et 2014, « l’insuffisance de la production nationale en gaz naturel pour produire de l’électricité a aussi conduit le gouvernement à demander à la SIR de fournir du heavy vacuum oil [un sous-produit pétrolier] aux centrales Azito, Ciprel et Aggreko. Mais l’État n’a pas réglé toutes ses factures comme il s’y était engagé.
Compte tenu des conséquences sur ses finances, la société a arrêté en mars, laissant la Petroci [Société nationale d’opérations pétrolières de la Côte d’Ivoire] prendre le relais », explique une source proche du dossier.
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Besoins
Accaparée par des enjeux à court terme, la SIR ne doit cependant pas éluder la question de son avenir.
Selon les projections du ministère de l’Énergie, d’ici à 2020, si aucun investissement n’est réalisé pour renforcer la capacité de production de la raffinerie, elle ne sera pas en mesure de répondre à l’évolution des besoins nationaux, qui augmentent de 2,5 % par an, compte tenu de ses engagements régionaux.
Pour faire face, le raffineur a mis en oeuvre un plan, baptisé SIR 2020, d’environ 500 milliards de F CFA, axé sur une extension de sa capacité qui devrait passer de 80 000 barils par jour à plus de 100 000.
La stratégie de ce plan consiste à investir dans les unités qui permettent le raffinage de produits plus respectueux de l’environnement en garantissant des coûts de production relativement bas. La société avait introduit sur le marché, en 2005, le super sans plomb et envisage de raffiner prochainement du gazole sans soufre. Mais ses problèmes de financements retardent la mise en place de ce plan dont les grandes lignes ont été définies en 2010.
Pour l’heure, sa capacité de production, utilisée à 93 %, demeure suffisante. Sur les 4 millions de tonnes de pétrole raffiné en 2013, les besoins du marché ivoirien représentaient environ 1 million de tonnes, composé essentiellement de gazole. Le reste est exporté, notamment vers le Nigeria, le Bénin, le Mali, le Burkina Faso et le Liberia.
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