L’Afrique, nouvelle mer du Nord pour Statoil

Pour accroître ses réserves, la compagnie norvégienne poursuit ses recherches sur le continent. Elle vise particulièrement la Tanzanie, où elle a identifié un gisement de gaz très prometteur.

Statoil détient un permis sur un bloc de 5 500 kilomètres carrés au large des côtes de la Tanzanie. © Statoil

Statoil détient un permis sur un bloc de 5 500 kilomètres carrés au large des côtes de la Tanzanie. © Statoil

Publié le 16 novembre 2014 Lecture : 3 minutes.

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Début 2014, Statoil a découvert deux nouveaux gisements en mer du Nord, avec un potentiel respectif de 19 millions et 44 millions de barils équivalent pétrole (BEP). Détenue à 67 % par l’État norvégien, la compagnie, fondée en 1972, juste avant le choc pétrolier, concentre encore la majorité de ses recherches dans son pré carré historique. « La mer du Nord et les eaux norvégiennes restent notre principal domaine d’action : on y produit 1,1 million de BEP par jour sur le 1,8 million de notre production totale », précise Knut Rostad, porte-parole du groupe.

Mais plus de quarante ans après sa création, la compagnie sait qu’elle doit se réinventer pour assurer son avenir. Cela passe par un plan d’économie de 800 millions d’euros, une réduction de ses investissements de 3,6 milliards d’euros sur les trois prochaines années et l’exploration de nouveaux horizons.

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« Le marché norvégien est très mature et la plupart des gisements sont déjà exploités. Ce n’est plus une zone intéressante pour faire croître leur production », explique Sam Hanna, spécialiste des questions énergétiques pour le cabinet de conseil américain IHS.

>>> Hydrocarbures : l’Afrique est devenue « un acteur de stature mondiale », selon PwC

Explorer de nouveaux territoires

C’est d’ailleurs ce qui explique la vente, en septembre, de parts dans des champs d’exploration en mer du Nord à Wintershall, filiale de BASF. À la clé, plus de 1 milliard d’euros que la compagnie va pouvoir consacrer à l’exploration d’autres territoires, à commencer par l’Afrique.

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« Nous sommes déjà présents depuis 1991 en Angola, qui est, après la Norvège, le deuxième pays producteur pour la compagnie, avec 230 000 BEP par jour », note Knut Rostad. Si l’Afrique apporte aussi son lot de déceptions, comme en Angola, où Statoil a récemment foré un puits sec, ou au Mozambique, où il vient d’abandonner les recherches dans le bassin de Rovuma, la Tanzanie pourrait combler ses attentes.

« Nous avons fait des découvertes significatives en Tanzanie. Nous partageons le bloc 2 avec ExxonMobil [65 % pour Statoil], et nos recherches montrent des gisements d’une capacité de 21 billions de pieds cubes (TCF en anglais), ce qui est très prometteur », explique Knut Rostad.

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La zone de 5 500 km2 dans les eaux au large des côtes tanzaniennes est toujours en phase d’exploration, une décision finale d’investissement étant prévue pour la fin de l’année prochaine. Mais le potentiel financier de ce gisement est évalué à au moins 3 milliards de dollars par an.

Des fuites laissent penser que l’État tanzanien ne récupérerait même pas la moitié des bénéfices gaziers des gisements.

À qui profiteront ces découvertes

« L’Afrique de l’Est, et notamment la Tanzanie, constitue un nouveau vivier important pour le gaz naturel. Or les technologies ont évolué, et il est désormais plus simple et moins coûteux de capturer ce gaz. Cela explique la récente ruée vers cette région », note Elias Pungong, responsable du pétrole en Afrique pour EY (Ernst & Young). Alors, à qui profitera vraiment cette découverte ?

Si les accords de partage de l’exploitation sont restés confidentiels, des fuites laissent penser que l’État tanzanien ne récupérerait même pas la moitié des bénéfices gaziers de ces gisements. « Les gouvernements mettent désormais en place des lois pour éviter d’être spoliés par les grandes compagnies. Les compagnies nationales africaines ont de plus en plus d’influence, comme c’est déjà le cas en Angola avec Sonangol », explique Elias Pungong.

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L’Algérie représente un autre motif d’espoir pour Statoil. L’entreprise a remporté sur appel d’offres un permis dans le bassin de Berkine, dans l’est du pays, zone possédant un fort potentiel en gaz conventionnel et en gaz de schiste. « Nous restons prudents au sujet du gaz de schiste. Nous avons des projets aux États-Unis qui nous aideront pour nos futures opérations dans ce domaine », précise Knut Rostad.

Autant d’ambitions qui devraient permettre à Statoil de réinventer son modèle économique. Mais il en faudra plus pour rassurer les salariés de l’entreprise. Début octobre, la presse norvégienne révélait la suppression de 1 900 emplois sur les 23 000 que compte la compagnie.

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