Un espoir s’envole

Le laboratoire Merck met fin à l’expérimentation du vaccin « V520 ».

Publié le 1 octobre 2007 Lecture : 2 minutes.

La décision du laboratoire américain Merck d’arrêter l’essai clinique international de son vaccin antisida « V520 » a brutalement mis fin à l’espoir d’enrayer cette pandémie toujours aussi dévastatrice : 40 millions de personnes infectées dans le monde, dont 90 % dans les pays en développement ; 4 millions de nouvelles contaminations chaque année ; 25 millions de morts en un quart de siècle, la majorité en Afrique subsaharienne.
En Afrique du Sud, où vivent 5,5 millions de séropositifs, le prototype était expérimenté depuis février sur 700 personnes saines. Le Dr Glenda Gray, qui supervisait l’opération, se désole de ce grave revers. Précédé d’expériences sur des animaux et de quelques tests limités sur des humains, jugés également encourageants, le « V520 » s’était montré très prometteur tout au long de son développement. Plus et plus vite que les quelque 60 autres essais cliniques lancés dans le monde ces dernières années. Mais les premières réponses immunitaires qu’il avait suscitées, jugées d’abord « merveilleuses », n’ont finalement pas empêché l’infection par le virus, ni diminué sa charge virale. On a dénombré autant de négatifs devenus positifs dans chacun des deux groupes de 1 500 volontaires, les vaccinés et les « placebos ». Constatant que l’expérimentation n’avait satisfait à aucun des rigoureux critères d’efficacité définis par le protocole, un comité indépendant a recommandé d’y mettre fin.
Premier d’une nouvelle classe de vaccins, le « V520 » visait à renforcer les défenses de l’organisme en stimulant la production de lymphocytes T, une composante du système immunitaire responsable de l’immunité cellulaire. Trois mille volontaires des deux sexes, âgés de 18 à 45 ans, avaient été recrutés depuis 2004 en Australie, au Pérou, à Porto Rico et aux États-Unis. Aucun n’était infecté, mais tous faisaient partie des « populations à hauts risques » : drogués, prostitués, homosexuels Pour éviter que le vaccin ne les incite à baisser la garde, ils avaient reçu une brochure de conseils de prévention et des préservatifs en quantité illimitée. S’ils devenaient positifs, ils étaient aussitôt pris en charge et soignés. La plupart ont reçu les trois injections d’un programme étalé sur quatre ans. « On ne va évidemment pas les lâcher dans la nature, précise-t-on chez Merck. Les volontaires restent sous notre surveillance et notre protection. »
La multinationale Merck garde néanmoins confiance dans l’avenir. Un échec scientifique n’est jamais complètement négatif. Les leçons en seront tirées, ne serait-ce que pour réorienter les recherches. En Afrique, où la puissante firme s’est de longue date engagée contre le sida, elle commence à enregistrer des résultats réconfortants, en particulier au Botswana, où les thérapeutiques, « les mêmes qu’en Occident », associées aux campagnes de prévention, se traduisent par un recul significatif de l’infection. Enfin et surtout, le laboratoire a mis au point et lancera bientôt sur le marché un médicament d’une efficacité reconnue pour le traitement des malades en fin de parcours, jusqu’ici insensibles aux bienfaits de la trithérapie.

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