Moubarak contre les journalistes

Interdit de s’interroger sur l’état de santé du raïs !

Publié le 1 octobre 2007 Lecture : 2 minutes.

Hosni Moubarak (79 ans), dont le premier malaise public, en direct à la télévision, remonte à novembre 2003, n’aime pas, mais alors pas du tout, que les journalistes égyptiens s’interrogent sur son état de santé. Ceux qui ont cette audace sont ipso facto traduits en justice et inculpés d’offense au chef de l’État et d’atteinte à l’ordre public. Un énième procès s’est ouvert le 1er octobre. Dans le box des accusés, un vétéran de la presse égyptienne, Ibrahim Issa, qui travaille pour le groupe indépendant Al-Doustour (Constitution), lequel édite un quotidien vendu à 70 000 exemplaires et un hebdomadaire (130 000). Il est accusé d’avoir diffusé des « fausses nouvelles » qui ont entraîné une chute des cours à la Bourse du Caire et fait fuir les investisseurs étrangers. En tant que « récidiviste », il risque au moins un an de travaux forcés et de fortes amendes.
Le raïs, qui en est à son cinquième mandat de six ans (2005-2011), se refuse obstinément à nommer un vice-président. En cas de décès et en l’absence d’un successeur désigné, la Constitution confie l’intérim du pouvoir au président de l’Assemblée pour une durée de soixante jours, le temps d’organiser des élections. Mais depuis la promotion de Gamal Moubarak (44 ans) au poste de secrétaire général adjoint du Parti national démocratique (au pouvoir), la seule question qui se pose est la suivante : quand passera-t-il la main à son fils cadet ?
Pendant l’été, sa très inhabituelle absence de la une des quotidiens et des journaux télévisés ont suscité bien des rumeurs le donnant, au choix, pour mort, très malade ou hospitalisé. Le 13 septembre, quatre journalistes ont été condamnés à un an de prison. Dix jours plus tard, un patron de journal et deux de ses collaborateurs se sont vu infliger une peine deux fois plus lourde. Ibrahim Issa ne se berce donc pas d’illusions. « Demander à un journaliste égyptien de bien faire son travail, c’est comme demander à Zidane de jouer sur un champ de mines. J’ai toujours su que je risquais de m’y retrouver un jour ou l’autre. »

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