Burundi : Ézechiel Nibigira, ancien chef des Imbonerakure, devient ministre des Affaires étrangères

Un remaniement surprise a été annoncé jeudi 19 avril, à un mois d’un référendum polémique. Parmi les principaux changements : l’arrivée au ministère des Affaires étrangères d’Ézechiel Nibigira, ancien leader des Imbonerakure, la ligue des jeunes du parti au pouvoir.

Pierre Nkurunziza, lors des festivités de l’Indépendance du Burundi, le 1er juillet 2017. © REUTERS/Evrard Ngendakumana

Pierre Nkurunziza, lors des festivités de l’Indépendance du Burundi, le 1er juillet 2017. © REUTERS/Evrard Ngendakumana

ROMAIN-GRAS_2024

Publié le 20 avril 2018 Lecture : 2 minutes.

Au total quatre ministres quittent le gouvernement, cinq font leur entrée, portant l’équipe ministérielle à 21 membres. Le changement le plus inattendu est l’éviction du chef de la diplomatie burundaise, Alain-Aimé Nyamitwe. Nommé en mai 2015 dans la foulée de la tentative de coup d’État. Il a été remplacé par Ezéchiel Nibigira, ancien ambassadeur du Burundi au Kenya et ex-chef des Imbonerakure, la très controversée ligue des jeunes du parti CNDD-FDD au pouvoir. Symbole de la radicalisation du régime de Bujumbura, les Imbonerakure sont qualifiés de milice par l’ONU.

La présidence burundaise n’a pas expliqué les raisons de ce remaniement. Mais pour Pancrace Cimpaye, porte-parole du Cnared, plateforme d’opposition burundaise en exil, « le message envoyé à la communauté internationale est clair. Nommer à la tête de la diplomatie l’ancien patron d’une milice rude et brutale équivaut à fermer la porte à tout dialogue avec le monde extérieur ».

la suite après cette publicité

« Le départ d’Alain-Aimé Nyamitwe n’est pas surprenant au sens où, en tant que ministre des Affaires étrangères et dans le contexte de crispation actuel, il avait la charge de défendre l’indéfendable devant la communauté internationale », ajoute l’opposant.

>>> A LIRE – Crise politique au Burundi : « Le risque de génocide est dépassé mais les tueries continuent »

Alain-Aimé Nyamitwe, frère du très influent Willy Nyamitwe, conseiller en communication de Pierre Nkurunziza, est le seul poids lourd du gouvernement poussé vers la sortie. Au rang des autres changements, Nestor Bankumukunzi, ministre des Postes, des Technologies de l’information, de la Communication et des Médias depuis août 2015 a été remplacé par Evelyne Butoyi. Déo Guide Rurema succède à Célestin Ndayizeye en poste depuis janvier 2017 au ministère de l’Environnement. Josiane Nijimbere, la ministre de la Santé quitte également le gouvernement au profit de Thaddée Ndikumana.

Répression

Ce remaniement intervient alors que le gouvernement s’apprête à ouvrir, le 1er mai, la campagne pour le référendum constitutionnel du 17 mai. Le projet de modification de la Constitution, s’il est adopté, permettrait au président burundais, au pouvoir depuis 2005, de se maintenir en fonction jusqu’à 2034 en briguant deux nouveaux septennats en 2020 et 2027.

la suite après cette publicité

>>> A LIRE – Burundi : les Imbonerakure, outil de répression du régime

Dans un rapport publié le 17 avril, l’ONG Human Rights Watch a accusé les forces gouvernementales et les membres du parti de Pierre Nkurunziza d’avoir « tué, passé à tabac et intimidé des citoyens perçus comme des opposants », en vue du référendum du 17 mai.

la suite après cette publicité

« Ces exactions reflètent l’impunité dont jouissent généralement les autorités locales, la police et les membres de la ligue des jeunes du parti au pouvoir, les Imbonerakure, pour les abus qu’ils commettent », estime l’ONG qui dénonces « des tactiques d’intimidations » menée depuis l’annonce du référendum en décembre 2017.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Des Imbonerakure dans le quartier de Kinama, dans la capitale burundaise, le 25 mai 2015. © Berthier Mugiraneza/AP/SIPA

RDC – Burundi : quand les jeunes du parti de Kabila s’affichent avec les Imbonerakure

Contenus partenaires