Burundi : Ézechiel Nibigira, ancien chef des Imbonerakure, devient ministre des Affaires étrangères
Un remaniement surprise a été annoncé jeudi 19 avril, à un mois d’un référendum polémique. Parmi les principaux changements : l’arrivée au ministère des Affaires étrangères d’Ézechiel Nibigira, ancien leader des Imbonerakure, la ligue des jeunes du parti au pouvoir.
Au total quatre ministres quittent le gouvernement, cinq font leur entrée, portant l’équipe ministérielle à 21 membres. Le changement le plus inattendu est l’éviction du chef de la diplomatie burundaise, Alain-Aimé Nyamitwe. Nommé en mai 2015 dans la foulée de la tentative de coup d’État. Il a été remplacé par Ezéchiel Nibigira, ancien ambassadeur du Burundi au Kenya et ex-chef des Imbonerakure, la très controversée ligue des jeunes du parti CNDD-FDD au pouvoir. Symbole de la radicalisation du régime de Bujumbura, les Imbonerakure sont qualifiés de milice par l’ONU.
La présidence burundaise n’a pas expliqué les raisons de ce remaniement. Mais pour Pancrace Cimpaye, porte-parole du Cnared, plateforme d’opposition burundaise en exil, « le message envoyé à la communauté internationale est clair. Nommer à la tête de la diplomatie l’ancien patron d’une milice rude et brutale équivaut à fermer la porte à tout dialogue avec le monde extérieur ».
« Le départ d’Alain-Aimé Nyamitwe n’est pas surprenant au sens où, en tant que ministre des Affaires étrangères et dans le contexte de crispation actuel, il avait la charge de défendre l’indéfendable devant la communauté internationale », ajoute l’opposant.
>>> A LIRE – Crise politique au Burundi : « Le risque de génocide est dépassé mais les tueries continuent »
Alain-Aimé Nyamitwe, frère du très influent Willy Nyamitwe, conseiller en communication de Pierre Nkurunziza, est le seul poids lourd du gouvernement poussé vers la sortie. Au rang des autres changements, Nestor Bankumukunzi, ministre des Postes, des Technologies de l’information, de la Communication et des Médias depuis août 2015 a été remplacé par Evelyne Butoyi. Déo Guide Rurema succède à Célestin Ndayizeye en poste depuis janvier 2017 au ministère de l’Environnement. Josiane Nijimbere, la ministre de la Santé quitte également le gouvernement au profit de Thaddée Ndikumana.
Répression
Ce remaniement intervient alors que le gouvernement s’apprête à ouvrir, le 1er mai, la campagne pour le référendum constitutionnel du 17 mai. Le projet de modification de la Constitution, s’il est adopté, permettrait au président burundais, au pouvoir depuis 2005, de se maintenir en fonction jusqu’à 2034 en briguant deux nouveaux septennats en 2020 et 2027.
>>> A LIRE – Burundi : les Imbonerakure, outil de répression du régime
Dans un rapport publié le 17 avril, l’ONG Human Rights Watch a accusé les forces gouvernementales et les membres du parti de Pierre Nkurunziza d’avoir « tué, passé à tabac et intimidé des citoyens perçus comme des opposants », en vue du référendum du 17 mai.
« Ces exactions reflètent l’impunité dont jouissent généralement les autorités locales, la police et les membres de la ligue des jeunes du parti au pouvoir, les Imbonerakure, pour les abus qu’ils commettent », estime l’ONG qui dénonces « des tactiques d’intimidations » menée depuis l’annonce du référendum en décembre 2017.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Le livre « Algérie juive » soulève une tempête dans le pays
- Maroc-Algérie : que contiennent les archives sur la frontière promises par Macron ?
- L’Algérie doit-elle avoir peur de Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État améric...
- En Algérie, le ministre Ali Aoun affaibli après l’arrestation de son fils pour cor...
- Au Bénin, arrestation de l’ancien directeur de la police