Burkina Faso : très chère fonction publique
La fonction publique est-elle devenue un gouffre financier ? La question divise le Burkina Faso.
Burkina Faso : sur tous les fronts
Alors que le pays semble avoir digéré sa révolution, le président Kaboré dispose encore de deux ans pour accélérer le rythme des réformes économiques et tenter de mettre un terme à la menace terroriste.
Analyse. Depuis que l’exécutif a ouvert la boîte de Pandore en satisfaisant les magistrats, tous les autres corps réclament une revalorisation de leurs salaires. Face à un secteur public constamment paralysé par les grèves, le gouvernement a dû lâcher du lest. Coût de la facture : près de 200 milliards de F CFA (près de 300 millions d’euros), répartis entre 2016 et 2018.
>>>– A Lire : Burkina : les salaires des fonctionnaires bientôt versés exclusivement par virement bancaire
Sauf que ces « cadeaux sociaux » portent le déficit budgétaire à plus de 8 % du PIB, les salaires des quelque 196 000 fonctionnaires absorbant désormais près de 53 % des recettes publiques.
Les revendications des travailleurs sont peut-être légitimes, mais elles ne peuvent être satisfaites au détriment de la capacité financière de l’État. En dix ans, la masse salariale de la fonction publique est passée de 199 milliards de F CFA à plus de 620 milliards.
Et au rythme actuel, elle pourrait dépasser les 1 000 milliards de F CFA à l’horizon 2020, plongeant alors le pays dans les affres de l’endettement, selon un scénario à la grecque dans lequel l’État est dans l’incapacité d’honorer ses engagements financiers.
30px">>>– A Lire : Pour le FMI, 2018 devra être l’année de la chasse aux déficits dans l’UEMOA
Le dernier diagnostic porté sur le système de rémunération des fonctionnaires est d’ailleurs des plus pessimistes. « La tendance qui se dessine pour la période 2018-2020 ne laisse entrevoir aucune perspective de maîtrise de la situation », s’inquiètent les rédacteurs de cette étude, commanditée par le ministère des Finances.
Pressé par le FMI de ramener son déficit budgétaire aux standards communautaires de 3 %, le gouvernement se retrouve dos au mur, face à des syndicats de plus en plus remontés. Il propose, pour l’instant, une timide refonte du modèle de rémunération à des patrons de centrales syndicales qui ne veulent pas en entendre parler. Plus ambitieux, ces derniers demandent la convocation d’« une conférence nationale sur les ressources publiques et leur gestion qui passerait au peigne fin toutes les rémunérations ». Un comité a déjà vu le jour pour tenter d’apaiser le climat social. Mais vu l’absence de consensus en son sein, les propositions de réforme qui en découleront risquent d’alimenter le débat en cours plutôt que de le clore.
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