Malabo sort du bois

Les sociétés forestières sont désormais obligées de transformer sur place la totalité des troncs d’arbres coupés avant toute exportation.

Publié le 1 octobre 2007 Lecture : 2 minutes.

C’est une petite révolution annoncée. En Guinée équatoriale, « les sociétés forestières seront dorénavant obligées de transformer 100 % de leur bois en grumes avant toute exportation », a annoncé le porte-parole du gouvernement. À l’heure où la demande de bois ne cesse de croître dans le monde, et plus particulièrement en Chine, nul doute que le texte fera date. De fait, la Guinée équatoriale est le premier pays du bassin du Congo à imposer une telle contrainte au secteur forestier, qui représente pourtant son deuxième poste de recettes budgétaires après le pétrole.
Mais la mesure n’est pas vide de bon sens : la première retombée attendue est la création d’emplois pour les locaux. Acquis depuis 1996, son statut de nouvel émirat pétrolier n’a pas éradiqué le chômage et la pauvreté parmi les 400 000 habitants de ce pays. En dépit de la loi sur la forêt de 1997, qui les plafonnait déjà à 60 %, les exportations de grumes ont toujours représenté 80 % de troncs d’arbres non transformés ces dernières années. L’obligation de passer par la case scierie devrait considérablement réduire la cadence et ralentir une déforestation effrénée. Prise à la veille d’une Assemblée générale de l’ONU dédiée au réchauffement climatique, la décision de Malabo devrait en tout cas réjouir les écologistes, qui ne cessent de critiquer l’attitude des dirigeants des pays du bassin du Congo (Cameroun, Centrafrique, Congo, RD Congo, Gabon, Guinée équatoriale) face au deuxième plus important écosystème forestier tropical de la planète après l’Amazonie.
Jusque-là, la Guinée équatoriale n’a pas su – ou pu – appliquer les bonnes lois dont elle s’est dotée pour assurer une gestion durable de ses 2,2 millions d’hectares de forêts. Rien ne garantit qu’elle pourra faire respecter l’interdiction d’exporter les grumes par de puissantes compagnies qui disposent de solides relais locaux. En 1996, le gouvernement avait déjà ordonné que les sociétés qui transforment moins de 60 % de leur production payent des contraventions de près de 10 % du volume de leur production. En vain. Malabo avait également exigé que les compagnies détenant des concessions forestières de plus de 100 000 hectares pour une durée de plus de dix ans implantent une unité de transformation du bois. Sans résultats, là non plus. Reste que les autorités pourraient se montrer intransigeantes : au regard de l’ampleur de la déforestation, le Fonds monétaire international (FMI) a prévu une chute importante de la production des essences d’exportation à partir de 2012. Une bonne raison de serrer la vis.

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