Élection à la Fegafoot : un tournant pour le football gabonais
Prévue en mars dernier, l’élection à la présidence de la Fédération gabonaise de football (Fegafoot) aura finalement lieu samedi 21 avril. Cinq candidats sont en lice, dont Pierre-Alain Mounguengui, le président sortant. Au Gabon, cette échéance est considérée comme un tournant, alors que le football local se porte très mal.
« Nous sommes un petit pays, peu peuplé, potentiellement riche. Cela ne devrait pas être si compliqué d’avoir un football qui fonctionne bien. Eh bien, c’est tout l’inverse qui se produit. Tout ou presque va de travers », regrette à JA une source locale. Le report de l’élection de plus d’un mois, sur injonction de la Fifa, avait déjà fait mauvais genre.
On a parfois l’impression d’assister à une campagne pour l’élection à la présidence de la République… », souligne Rémy Ebanega
Et la tension qui précède ce samedi 21 avril, jour de l’élection, n’a pas échappé à Rémy Ebanega, l’ancien international désormais président de l’influente Association nationale des footballeurs professionnels du Gabon (ANFPG). « C’est chaud. On a parfois l’impression d’assister à une campagne pour l’élection à la présidence de la République… »
Une sélection en crise
La comparaison vaut ce qu’elle vaut, mais les faits sont là : le football gabonais se porte mal. La sélection nationale, éliminée au premier tour de sa CAN en 2017, n’appartient plus à la Fegafoot. « Personne n’ignore que la nomination du sélectionneur est une prérogative appartenant à certaines personnes proches du palais présidentiel », ajoute notre source locale. L’influence de l’ancien international portugais Deco (ex-FC Porto, FC Barcelone) ne se dément pas, puisque c’est lui qui a fait venir les deux derniers sélectionneurs des Panthères, son compatriote Jorge Costa et l’Espagnol José Antonio Camacho, grassement payés (entre 70 000 et 80 000 € par mois) pour des résultats médiocres.
Les chantiers du futur président sont nombreux : statut des joueurs, championnats qui fédèrent difficilement…
Les championnats professionnels (Ligue 1 et Ligue 2), très largement financés par l’État, n’intéressent plus grand monde, et le statut des joueurs, qui attendent parfois plusieurs mois avant d’être payés, n’évolue pas. « Il faut que les footballeurs professionnels disposent de vrais contrats, et ne restent pas sur le carreau en cas de grave blessure », reprend Rémy Ebanega.
Les chantiers du futur président ne se limiteront pas à la sélection nationale et au football professionnel. « Il y a beaucoup d’enjeux derrière cette élection : la formation des jeunes, celle des entraîneurs et des arbitres, le football féminin, les sélections nationales des jeunes… Le foot gabonais traverse une crise, il ne faut pas le nier, et le futur président devra vraiment agir. La Fegafoot devra davantage avoir d’autonomie dans les prises de décisions », espère Ebanega.
Aucun favori ne se détache vraiment parmi les cinq candidats que sont Pierre-Alain Mounguengui, Jérôme Efong Nzolo, Blanchard Paterne Andoume, Bosco Alaba Fall et Placide Xavier Bourdette ; François Binet s’étant finalement désisté.
Pierre-Alain Mounguengui, le président sortant
L’étiquette de sortant n’est jamais facile à porter. Élu en mars 2014, Pierre-Alain Mounguengui (59 ans) tente de défendre son bilan. L’ancien arbitre international, qui fut secrétaire général de la Ligue nationale de football professionnel (Linaf), puis de la Fegafoot, avant d’en prendre la direction, est notamment critiqué pour les mauvais résultats de toutes les sélections nationales, dont il n’est pourtant pas, loin s’en faut, l’unique responsable.
Ses détracteurs lui reprochent également une gestion trop opaque. Mounguengui, qui admet certaines critiques, veut mettre l’accent sur la formation des jeunes, des entraîneurs et des arbitres et continuer à développer le football féminin.
Jérôme Efong Nzolo, le candidat du palais présidentiel
L’ancien arbitre, qui a effectué l’essentiel de sa carrière en Belgique, se présente comme le candidat du palais présidentiel. On ne peut pas totalement lui donner tort. Conseiller du ministre du Travail après avoir été celui du ministre des Sports, Jérôme Efong Nzolo (43 ans) fut même, lorsqu’il vivait en Belgique, candidat sur une liste du Centre démocrate humaniste (CDH) lors d’une élection en 2014.
Très bon communicant, il mise notamment sur la détection et la formation des jeunes pour relancer le football gabonais. Il prône une gestion transparente et souhaite que la Fegafoot développe partenariats et sponsoring, afin d’augmenter ses ressources et de mettre en place des politiques de développement.
Blanchard Paterne Andoume, à la recherche de nouvelles ressources
Ce juriste de formation effectue une brillante carrière chez l’opérateur téléphonique Airtel. Il a également un parcours dans le milieu du football : il a occupé la vice-présidence du FC 105 (de Libreville) de 2005 à 2015, est revenu en 2016 au CF Mounana, son club de cœur, en tant que conseiller sportif. Andoume (44 ans) veut améliorer les relations entre les clubs et les ligues, améliorer la formation des jeunes, gérer la Fegafoot comme une entreprise ou trouver de nouvelles ressources.
Il propose notamment de taxer de 10 FCFA le premier appel journalier de chaque abonné et de 100 FCFA les transactions en monnaie électronique. Gain annuel de l’opération : 3 300 000 000 FCFA pour le foot gabonais.
Bosco Alaba Fall, pour un management rigoureux
Âgé de 51 ans, Bosco Alaba Fall n’est pas un inconnu dans le milieu du football gabonais. Président-fondateur du Centre Mbéri Sportif en 1996 – d’où sont sortis les internationaux Didier Ndong et Malick Evouna -, cet ancien joueur également passé par Kénitra (Maroc) s’est fait un nom en tant que juriste.
Ancien juge, substitut du procureur et procureur de la République près du Tribunal d’instance de Libreville de 2002 à 2009, il est aujourd’hui procureur général adjoint près de la cour de Cassation. Adepte d’une « gestion saine et transparente », et d’un management rigoureux, Fall souhaite que la Fegafoot soit dirigée en conformité avec ses statuts et ceux de la Fifa.
Placide Xavier Bourdette, pour un passeport santé
Il est lui aussi un ancien joueur. Passé par le club Jeanne d’Arc de Libreville, le FC 105 et l’USM Libreville, puis président du tout-puissant Akwaba, il a été très proche des sélections nationales de 2006 à 2011, notamment dans la gestion et la préparation des matchs internationaux.
Bourdette (61 ans) souhaite que le statut du joueur soit mieux pris en compte, via la création d’un passeport santé dès la détection. Les autres axes de son programme ? Une fédération plus autonome, des compétitions de jeunes mieux structurées, et une vraie politique autour de la sélection nationale, avec comme objectif une qualification pour la CAN 2019.
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