Madagascar : retour au calme après la répression d’une manifestation de l’opposition

La capitale malgache Antananarivo a été le théâtre samedi d’affrontements entre forces de l’ordre et opposants, qui ont fait deux morts et 16 blessés. Interdite par le pouvoir, la manifestation a été qualifiée de « tentative de coup d’État » par le président rentré de l’étranger dans la Grande Île.

Dans les rues d’Antananarivo, la capitale de Madagascar. © Doug Knuth / Creative Commons / Flickr

Dans les rues d’Antananarivo, la capitale de Madagascar. © Doug Knuth / Creative Commons / Flickr

Publié le 22 avril 2018 Lecture : 3 minutes.

« Parmi les blessés admis hier, nous en avons un qui vient de décéder aujourd’hui, ce qui amène à deux le nombre de décédés », a déclaré à l’AFP Olivat Alison Aimée Rakoto, chef de l’hôpital HJRA d’Antananarivo.

Des milliers d’opposants s’étaient rassemblées samedi sur la place du 13 mai, lieu historique de toutes les grandes marches dans la capitale malgache, pour dénoncer de nouvelles lois électorales qu’ils accusent de favoriser le pouvoir à quelques mois des élections législatives et présidentielles. À l’issue d’un face à face tendu de trois heures, la manifestation – interdite par le pouvoir – a dégénéré en affrontements avec les forces de l’ordres.

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« Nous respectons la démocratie »

Rentré au pays, le président malgache Hery Rajaonarimampianina a appelé à la télévision et sur Facebook « tous les Malgaches au calme ». « Nous respectons la démocratie. Mais ce qui s’est produit samedi dernier n’est rien d’autre qu’un coup d’État ».

« Madagascar respecte l’État de droit, a-t-il poursuivi, alors je mets en garde les fauteurs de trouble et ceux qui insistent à la haine et aux affrontements, en quête d’un bain de sang ou de perte en vie humaine ». Il a également demandé aux journalistes de ne pas devenir « un outil de provocation, ni d’inciter le peuple à la rébellion ».

Plusieurs dizaines de soldats avaient bouclé l’accès à la place dans la matinée dimanche, avant de se retirer, laissant place aux opposants, a constaté un correspondant de l’AFP. « Je veux rendre hommage aux personnes qui ont été tuées ici hier », a expliqué Nirina, une manifestante. « Et je suis venue pour demander à nos dirigeants de démissionner ».

Quatre morts selon l’opposition

Le Premier ministre Olivier Mahafaly Solonandrasana a promis samedi soir l’ouverture d’une enquête pour faire la lumière sur l’origine des décès.

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De son côté, l’opposition a fait état samedi de quatre morts, tués par balle.

Les ambassadeurs de l’Union européenne et de la France ont appelé « tous les acteurs politiques à faire preuve de responsabilité et de retenue et à privilégier le dialogue », rappelant sa position » en faveur d’élections présidentielles en 2018, crédibles, transparentes et inclusives », dans un communiqué commun.

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L’Union africaine a également appelé « au calme, à la retenue et à la responsabilité ». « Madagascar n’a pas besoin de replonger dans une situation difficile à quelques mois des élections », s souligné Ahmed Youssouf Hawa, représentante spéciale de l’UA à Madagascar.

Un climat politique délétère

Malgré l’interdiction du rassemblement par les autorités, l’opposition avait maintenu son appel à manifester pour dénoncer l’adoption récente de lois électorales controversées. Le pays connaît un climat politique délétère, où l’opposition accuse le régime du président Hery Rajaonarimampianina de vouloir la museler, à quelques mois des élections présidentielle et législatives prévues pour la toute fin de l’année.

« J’ai vécu les différents régimes successifs à Madagascar mais celui d’aujourd’hui est le plus mauvais », a dénoncé parmi les opposants Aimé Abel Jocelyn.

Hery Rajaonarimampianina effectuait samedi un déplacement à l’étranger, selon ses services, qui n’ont pas précisé où il se trouvait. Élu en 2013, il n’a pas encore annoncé s’il allait briguer un second mandat.

Deux anciens présidents en lice

En revanche, deux anciens chefs de l’État ont déjà laissé entendre qu’ils brigueraient à nouveau la candidature suprême : Marc Ravalomanana, président de 2002 à 2009, et Andry Rajoelina, au pouvoir de 2009 à 2014. Tous deux avaient été interdits de candidature en 2013.

Marc Ravalomanana avait été renversé en 2009 après une mutinerie de l’armée qui avait permis à Andry Rajoelina, alors maire d’Antananarivo, de devenir président non élu d’une transition jusqu’en 2014.

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