Faute de combattants
Le taux d’abstention record aux législatives, remportées par le parti du chef de l’État, témoigne de la lassitude des électeurs. De leur défiance aussi ?
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Les opposants à Marc Ravalomanana ne se faisaient pas d’illusions. À juste raison. Les résultats des législatives anticipées du 23 septembre donnent au parti présidentiel la majorité des sièges à l’Assemblée nationale, tout en confirmant sa suprématie sur les principales agglomérations du pays.
Dans la capitale, Antananarivo, le TIM (J’aime Madagascar) arrive largement en tête et s’octroie les douze sièges à pourvoir. La formation de Ravalomanana remporte également quatre des cinq plus grandes villes du pays, notamment à Toamasina (ex-Tamatave), fief de l’ancien candidat à la présidentielle et maire de la ville, Roland Ratsiraka, actuellement incarcéré. Victorieux également à Diego-Suarez, Fianarantsoa et Tuléar, le TIM trébuche à Mahajanga (385 km au nord-ouest d’Antananarivo), où son candidat est battu par le journaliste Hary Kalizy.
Le triomphe du camp Ravalomanana n’est pas forcément très glorieux. En effet, le taux de participation en zone urbaine varie entre 20 % et 41 %. Il tombe même à moins de 20 % dans certaines circonscriptions d’Antananarivo. Ce désintérêt pour les bureaux de vote est-il révélateur d’une certaine lassitude de la population, appelée par deux fois à se rendre aux urnes en moins d’un an ? Les chiffres semblent l’indiquer : le 3 décembre 2006, elle réélisait Ravalomanana à la présidence dès le premier tour, avec 54,8 % des suffrages. Et le 4 avril dernier, elle approuvait, par référendum, à plus de 75 % une révision constitutionnelle lancée à l’initiative du pouvoir.
Mais outre cette lassitude, la razzia même du TIM pose un réel problème de légitimité à nombre de ses élus. Dans la capitale, certains d’entre eux ont obtenu 50 % des suffrages exprimés. Mais rapporté au nombre total des inscrits, le score de ces futurs députés dépasse à peine 10 % des électeurs. Ainsi, l’un de leur camarade est passé grâce aux voix de 1 878 votants – seulement ! – sur 17 480 inscrits.
Plébiscité à deux reprises, le chef de l’État peut certes s’appuyer sur un Parlement tout dévoué à sa cause, ce qui lui sera nécessaire pour mettre en uvre son « Madagascar Action Plan » (MAP). Lequel est un ambitieux programme de développement quinquennal pour la période 2007-2012, dont la future Assemblée devra voter le budget. Probablement sans états d’âme.
Reste que le manque d’assiduité constaté dans les bureaux de vote le 23 septembre marque bien un désintérêt grandissant des Malgaches pour ces consultations, voire pour leur bouillonnant président. Celui-ci a considérablement renforcé les prérogatives du pouvoir exécutif, au détriment, bien sûr, de celles du Parlement pour lequel il n’a jamais caché sinon son mépris, du moins son indifférence. Témoins de cette tendance à minorer le rôle de l’Assemblée, les Malgaches ont donc préféré rester chez eux. D’autant qu’ils n’avaient pas vraiment d’alternative : face au rouleau du parti présidentiel, l’opposition reste profondément divisée et manque de crédibilité.
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