Des ambassades bunkerisées

Publié le 1 octobre 2007 Lecture : 2 minutes.

C’est un fait, depuis le choc du 11 septembre 2001, l’Afrique connaît un regain d’intérêt stratégique majeur. Pour preuve, les montants croissants de l’aide américaine bien sûr, mais aussi le vaste programme de construction et de rénovation d’ambassades entrepris par les États-Unis sur le continent. Les édifices qui ne peuvent se conformer aux normes de sécurité les plus récentes (Standard Embassy Design, SED) sont systématiquement remplacés par de nouveaux complexes diplomatiques (New Embassy Compounds, NEC).
Plus grandes, plus fonctionnelles, plus sûres, ces ambassades représentent aussi des investissements considérables. Pas moins de 90 millions de dollars pour celle d’Abidjan par exemple, la plus grande d’Afrique de l’Ouest, inaugurée en juillet 2005 et que les Ivoiriens ont surnommée « le bunker ». La liste des NEC réalisées ces deux dernières années, ou sur le point de l’être, est longue : Alger, Accra, Bamako, Brazzaville, Conakry, Kigali, Lomé, Tunis, Yaoundé Sans oublier Freetown, Abuja, Luanda, Le Cap et, bien entendu, Nairobi et Dar es-Salaam, dont les précédentes ambassades américaines avaient été la cible d’attentats meurtriers en 1998.
Pour chaque NEC, le cahier des charges est strict. Le nouveau site, choisi avec soin, doit couvrir plusieurs hectares et réserver un important périmètre de sécurité. Par ailleurs, la température, les taux d’humidité et de salinité de l’air sont pris en compte pour le choix des matériaux de construction. Et pour que le secret de l’ensemble soit bien gardé, des équipes d’ouvriers différentes se succèdent, celles travaillant sur les éléments les plus sensibles (notamment le bunker s’il y en a un) étant directement recrutées aux États-Unis.
Enfin, les différentes zones fonctionnelles sont bien délimitées : chancellerie proprement dite avec des espaces aménageables pour les réceptions ou conférences officielles, bureaux pour les services du renseignement et ceux de l’aide au développement (Usaid), quartiers militaires pour les éventuels marines, bâtiments d’accès pour les visiteurs ou le personnel, entrepôts, ateliers, parkings Une vraie ville dans la ville, bourrée d’électronique et pouvant vivre en autarcie (eau, énergie) pendant plus d’une semaine !
Autre aspect caractéristique : le souci de rendre possible l’augmentation du personnel, en prévoyant de nombreux bureaux additionnels ainsi que des emplacements pour de nouveaux bâtiments Signe que les États-Unis, après une décennie d’abandon consécutif à la fin de la guerre froide, ne sont qu’au début de leur grand come-back en Afrique.

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