RDC : 4 choses qu’il fallait retenir du premier meeting de Félix Tshisekedi depuis 2016

Fraîchement désigné président de l’UDPS, Félix Tshisekedi a tenu mardi un meeting à Kinshasa. Une première depuis septembre 2016 pour un leader de l’opposition congolaise. Qu’a-t-il dit ?

Des militants de l’UDPS, lors du meeting du 24 avril 2018. © REUTERS/Kenny Katombe

Des militants de l’UDPS, lors du meeting du 24 avril 2018. © REUTERS/Kenny Katombe

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Publié le 25 avril 2018 Lecture : 4 minutes.

Comme un air de détente à Kinshasa. Après un accord entre le pouvoir et l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) sur le rapatriement de la dépouille de l’opposant historique Étienne Tshisekedi [décédé le 1er février 2017 à Bruxelles], un meeting populaire de l’opposition a été autorisé dans la capitale congolaise.

Devant des Kinois déplacés en masse sur la place Sainte Thérèse, dans l’est de la ville de Kinshasa, et encadrés par des policiers, Félix Tshisekedi, nouveau président de l’UDPS, a fixé l’opinion sur les dernières tractations avec le camp du président Joseph Kabila. Mais pas seulement.

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1. Poursuite de la décrispation politique

Pendant son adresse à la foule, Félix Tshisekedi a surtout plaidé en faveur de la poursuite de la décrispation politique en RDC. « Continuez sur cette bonne voie ! » a-t-il lancé au camp présidentiel, l’invitant à libérer des prisonniers politiques emblématiques et à permettre le retour des exilés politiques. Citant entre autres les opposants Moïse Katumbi et Antipas Mbusa Nyamwisi.

Dans le même élan, le nouveau leader de l’UDPS a exhorté les autorités à ne plus interdire les manifestations politiques. Non autorisées, les dernières marches de l’opposition se muaient ces derniers mois, systématiquement, en « journées villes mortes » alors que celles organisées par le Comité laïc de coordination étaient réprimées dans le sang.

2. Non à la machine à voter

Félix Tshisekedi a aussi rappelé que son parti s’oppose au recours à la machine à voter, n’hésitant pas à qualifier ces ordinateurs de « machines à tricher ». « On ne change pas les règles pendant le match », a-t-il dénoncé.

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« Nous n’avons pas confiance à la Ceni [Commission électorale nationale indépendante] », a poursuivi le fils et successeur d’Étienne Tshisekedi, qui exige le remplacement du représentant de l’UDPS au sein de la centrale électorale. « C’est depuis janvier 2017 que nous avons envoyé une lettre dans ce sens », a-t-il renchéri. Avant de lancer un ultimatum : « Avant la fin de ce mois [d’avril], le délégué de l’UDPS à la Ceni doit être remplacé. »

Il y aurait encore à peu près 8 millions de faux électeurs dans le fichier nettoyé par la Ceni

Selon son président, l’UDPS exige aussi l’audit du fichier électoral par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et par d’autres experts nationaux et internationaux. Car, a-t-il lâché, « il y aurait encore à peu près 8 millions de faux électeurs dans le fichier nettoyé par la Ceni ».

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« Le serveur doit être également audité. Et si rien n’est fait, nous reviendrons vers le peuple pour lui demander de lever une option sur ce processus électoral », a-t-il menacé.

3. Toujours pas intéressé au poste de Premier ministre

Comme si le communiqué rendu public le 17 avril n’a pas suffi, Félix Tshisekedi est revenu sur les récentes tractations entre son parti, sa famille biologique et le pouvoir. À l’en croire, il n’a jamais été question de marchander un quelconque poste de Premier ministre à l’issue de ces négociations autour du retour de la dépouille de son père.

« Vos délégués au Congrès ont fait de moi le président national du parti mais surtout le candidat à la présidentielle, pourquoi voulez-vous me rabaisser au poste de Premier ministre ? » a-t-il interrogé les partisans et sympathisants de l’UDPS présents au meeting.

« La seule bonne nouvelle dans cette histoire, c’est celle du retour de la dépouille d’Étienne Tshisekedi », a-t-il assuré. Même si aucune date du rapatriement du corps de l’opposant n’a pas été communiquée. Félix Tshisekedi, lui, s’est montré serein et a même annoncé « le début de la trêve politique : le jour où la dépouille va atterrir à l’aéroport de N’Djili ».

4. Félix Tshisekedi, président…

Ce premier meeting a permis à Félix Tshisekedi de dévoiler quelques grandes lignes de son projet de société. S’il est élu président de la République à l’issue du scrutin – encore hypothétique – prévu le 23 décembre, il promet de rétablir des « cours patriotiques » et de garantir « la gratuité de l’enseignement primaire ».

Dans « l’agenda » de Félix Tshisekedi président, on retrouve aussi, entre autres, le retour éventuel du service militaire obligatoire, le recensement et l’identification de la population. « Cela nous épargnerait la problématique du fichier électoral et permettrait de voir clair sur la question de la nationalité », a argué le candidat déclaré.

Dans cette perspective, une possible révision de la Constitution et de la loi sur la nationalité – en l’état, elles consacrent l’exclusivité de la nationalité congolaise – « en toute démocratie » n’est pas exclue si « Fatshi » arrive aux affaires. Car, à ses yeux, il n’est plus normal que les ressortissants congolais « qui ont fui la dictature » et « ont acquis la nationalité dans leur pays d’adoption » ne soient plus considérés comme des Congolais.

Une prise de position qui apparaît comme un soutien implicite à son allié Moïse Katumbi, candidat lui aussi à la présidentielle à venir. Le parquet a ouvert fin mars contre ce dernier une information judiciaire pour usurpation de la nationalité congolaise, après les révélations de Jeune Afrique.

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