De Kin à Matonge
Le quartier africain de Bruxelles s’est enrichi d’une uvre du Congolais Freddy Tsimba.
Pour la première fois en Belgique, l’art contemporain descend dans la rue grâce au sculpteur congolais Freddy Tsimba. Son uvre Au-delà de l’espoir a été inaugurée le 29 septembre en plein cur du quartier africain de Bruxelles, Matonge.
Situé sur le territoire d’Ixelles, à deux pas des institutions européennes, l’une des dix-neuf municipalités qui composent la cité bruxelloise, Matonge doit son nom au faubourg le plus animé de la capitale congolaise. Au lendemain de l’indépendance, quelques Kinois y ouvrent cafés, salons de coiffure, épiceries exotiques, magasins de tissus. Trente ans plus tard, le quartier, qui s’est considérablement dégradé, est devenu une plaque tournante des trafics en tout genre. Au point que, en 2001, l’équipe municipale entreprend une série d’actions de rénovation et envisage de créer des lieux d’art. Un an plus tard, en juin 2002, une fresque de Chéri Samba, Porte de Namur, porte de l’amour ? est accrochée sur la façade d’un grand magasin.
Cette toile géante connaît un succès retentissant et devient, au même titre que le Manneken Pis, un symbole de la capitale belge. Elle attire les touristes du monde entier jusqu’à ce qu’elle soit décrochée, au début de 2007. Le propriétaire de l’immeuble souhaitait récupérer l’espace mural pour y apposer des panneaux publicitaires. « C’est ce qui a motivé les autorités communales à planter un nouveau symbole de l’Afrique à Matonge », explique Pierre Lardot, échevin d’Ixelles. Le choix de Freddy Tsimba était évident.
Né en 1967 à Kinshasa, diplômé de l’Académie kinoise des beaux-arts en 1989, Tsimba travaille essentiellement le bronze, le métal, la terre et le ciment. Celui que l’on surnomme « le sculpteur des larmes » utilise des matériaux de récupération d’un genre particulier : douilles ramassées sur les champs de bataille, éclats d’obus, casques troués Haute de plus de deux mètres pour un poids de trois cents kilos, la sculpture Au-delà de l’espoir représente une mère tenant en ses bras son enfant mutilé. Le bras levé, elle crie sa douleur, son espoir de voir son enfant survivre.
L’art de Tsimba s’adresse à tous, « car des douilles, explique-t-il, il y en a partout dans le monde et pas seulement au Congo ». La fondation Jean-Paul-Blachère, à Apt (France), organisera une rétrospective de ses uvres du 16 octobre au 11 janvier prochain.
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