Algérie : les médecins résidents lancent un ultimatum au gouvernement

Le bras de fer entre le gouvernement et les médecins résidents algériens entre dans une nouvelle phase. Tandis que le ministre de la Santé a présenté à l’Assemblée les contours d’un projet de loi de réforme du secteur, les collectifs de résidents menacent de se mettre en grève des gardes, notamment aux urgences.

Manifestation des médecins résidents algériens  le 24 avril 2018 à Alger © Facebook/ Camra

Manifestation des médecins résidents algériens le 24 avril 2018 à Alger © Facebook/ Camra

Publié le 26 avril 2018 Lecture : 3 minutes.

Après six mois de grève, les tensions ne se sont toujours pas apaisées entre le ministère de la Santé et les médecins résidents, qui brandissent une batterie de revendications à même selon eux d’améliorer leurs conditions de travail. Selon l’Agence de presse officielle algérienne (APS), les résidents ont, une fois de plus, rejeté des solutions proposées par le ministère de la Santé lundi 16 avril.

Mais le Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra), principale structure du mouvement de colère, assure de son côté qu’aucune offre convaincante n’a été mise sur la table. « Jusqu’à présent, nous n’avons pas eu droit à des négociations, seulement à des discussions », affirme à Jeune Afrique Mohamed Taileb, porte-parole du Camra.

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Ultimatum des résidents

« Nous avons décidé de ne plus assurer les gardes aux urgences, ni celles des services à partir du 29 avril», menace même le porte-parole du Camra. L’objectif est double : accélérer les discussions, mais aussi réagir face à la violence de la répression à laquelle les médecins résidents sont régulièrement confrontés. Lors de la manifestation du 24 avril, le lieu et l’heure du rassemblement avaient d’ailleurs été gardés secrets jusqu’à la dernière minute.

Autre signe de la crispation, les mots d’ordre ont évolué depuis le début du mouvement. Outre les revendications initiales, les médecins résidents s’opposent désormais de front au projet de nouvelle loi sanitaire, dont le texte a été présenté le 22 avril devant à l’Assemblée populaire nationale (APN) par le ministre de la Santé, Mokhtar Hasbellaoui. La Camra dénonce un « manque de concertation en amont » et réclame une nouvelle discussion sur le projet qui implique les partenaires sociaux.

Le gouvernement tente de rassurer

Le texte, qui s’apparente à une vaste réforme du secteur de la santé, sera soumis lundi 30 avril au vote des membres de l’APN. Il consacre notamment le principe de la complémentarité entre les secteurs public et privé, ce qui fait craindre aux collectifs de résidents un affaiblissement de l’offre publique de santé.

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Par ailleurs, le service civil dont les médecins résidents réclament la disparition, reste consacré dans l’avant-projet présenté par Mokhtar Hasbellaoui. Le gouvernement défend ce mécanisme – la remise officielle de son diplôme de médecin – au nom de l’objectif affiché d’assurer une couverture médicale sur l’ensemble du territoire. Les jeunes médecins sont en effet envoyés pendant une période allant de un à quatre ans dans les zones éloignées du pays.

« Ce projet de loi est le résultat d’un grand effort auquel ont participé tous les intervenants dans le secteur de la santé. C’est un projet consensuel qui ouvre de nouveaux horizons au système de la santé », a tenté de rassurer Mokhtar Hasbellaoui, cité par Le Soir d’Algérie. Mais le message ne semble pas avoir porté.

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Les syndicats s’impliquent

Le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) a ainsi rejoint le mouvement. « Cette loi va atrophier le secteur et affaiblir le public au profit du privé, alors même que les conditions de travail dans le public sont déjà difficiles et que la couverture sanitaire dans certaines régions est a minima », s’inquiète Lyes Merabet, président du SNPSP, qui réclame le retrait du projet de loi.

Le Syndicat national des pharmaciens d’officines (SNAPO) a de son côté annulé sa décision de grève prévue pour le 28 avril après avoir reçu des garanties de la part du ministère de la Santé sur un article litigieux relatif à la gestion des pharmacies serait révisé. Mais les contacts entre pharmaciens syndiqués et médecins résidents en colère a été établi. Avec le soutien de professeurs de médecine, dont certains ont eux aussi annoncé leur intention d’entrer en grève d’ici le 29 avril, l’ampleur prise par la crise du secteur donne l’impression d’entrer dans sa phase la plus critique.

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