Comment faire parler de soi

Grâce à la volonté de personnalités locales, les festivals se sont multipliés hors de la capitale. Pour le meilleur, et parfois pour le pire.

Publié le 1 octobre 2007 Lecture : 3 minutes.

Certaines villes, situées dans les zones défavorisées, ont pu sortir de l’anonymat grâce à leur dynamisme culturel. Tabarka (Nord-Ouest)- réputée inaccessible – fut la première à lancer, en 1961, le Festival du corail, suivi par le Festival international de jazz, qui a vu défiler les plus grandes stars internationales. Le magnifique amphithéâtre romain d’El-Jem (Ouest) est aujourd’hui davantage fréquenté pour son fameux Festival de musique symphonique que pour ses vestiges antiques. Le Festival du malouf rappelle, on ne peut mieux, le passé andalou de Testour (Nord), et la petite ville de Mahrès (Centre-Est) a gagné ses galons depuis qu’elle a lancé son Festival des arts plastiques.

Du côté du cap Bon, Kélibia déroule chaque année ses écrans pour le Festival international du film amateur, dont le prix porte le nom, depuis cette année, de Sembène Ousmane, le cinéaste sénégalais disparu en juin 2007. Côté Sahel, le très ancien Festival d’Aoussou fait partie des traditions locales et le dispute en qualité au Festival international de Sfax, qui peine à décoller Dur, dur de susciter l’enthousiasme d’une ville davantage portée sur le dynamisme des affaires que sur la création artistique.
Dans le sud du pays, le Festival des Ksours de Tataouine, spécialisé dans les arts populaires, fêtera l’année prochaine son trentième anniversaire. Le Festival de Gafsa fera de même dans son fort antique. Djerba renoue chaque saison avec son Festival d’Ulysse, et Tozeur s’enflamme pour son étincelant Festival des oasis, pendant que le Festival du Sahara de Douz donne un second souffle à l’activité touristique hors de la saison estivale. Toutes ces régions, qui vivaient de la culture du palmier dattier, misent aujourd’hui sur un tourisme saharien axé sur le patrimoine populaire et n’hésitent plus à ressusciter caravanes et fantasias d’antan, courses de lévriers (sloughis) et épreuves d’endurance de dromadaires. Plus moderne, à l’extrême nord du pays, la région d’Aïn Draham vit l’été grâce à des spectacles qui lui rapportent quelque 50 millions de DT (environ 29 millions d’euros) chaque saison. Il faut dire que son Festival de raï attire près de 400 000 touristes algériens chaque année
Alors que certaines villes entendent à tout prix adapter leur programme artistique à leurs spécificités culturelles – tel Le Kef (Nord-Ouest), ville pionnière de l’art dramatique, qui a réussi en quelques années à imposer ses « Trois jours non-stop de théâtre » – ; d’autres préfèrent promouvoir leurs productions agricoles et halieutiques ou encore l’élevage, donnant ainsi naissance à des événements pour le moins insolites. C’est ainsi que Kerkennah fête le poulpe, Nabeul l’orange et El-Haouaria l’épervier. Si, ces dernières années, l’offre culturelle s’est multipliée dans tout le pays, c’est en partie parce que le ministère de la Culture consacre chaque année 2,5 millions de DT aux initiatives locales. Non sans certaines dérives. Aujourd’hui, toutes les villes veulent leur festival. Pour le meilleur et pour le pire. Folklore, artisanat de piètre qualité, arts traditionnels de seconde main En réalité, rares sont les événements culturels de grande envergure.

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C’est surtout grâce à la volonté de personnalités locales que certaines régions parviennent à proposer des rendez-vous de qualité. Depuis vingt ans, le maire de Tozeur, Abderrazak Cheraït (lire p. 64), tâche de mettre en valeur, à travers notamment des musées populaires, l’oasis de sa commune. Idem pour le maire de Houmt Souk (Djerba), Hichem Bessi, qui, avec l’aide de mécènes tels que Jamel Mzabi, fondateur du Musée d’art islamique de Djerba, a su valoriser un riche patrimoine. À Tabarka, le Festival de jazz doit sa naissance, dans les années 1970, à Lotfi Belhassine et sa pérennité au maire actuel de la ville, Jilani Daboussi. Malgré de récentes coupes budgétaires, l’édile se bat pour que la région conserve sa tradition festivalière. À Mahrès, c’est grâce au peintre Youssef Reqiq que le Festival des arts plastiques transforme, chaque année, cette petite ville côtière en une gigantesque galerie à ciel ouvert. Et depuis quelques années, la jeune génération s’y met aussi. Passionné d’Afrique, Mohamed Chalouf a créé le Festival du film méditerranéen à Hergla ; Adnan Hellali, quant à lui, a lancé le Printemps de Sbeïtla, dans le centre du pays, loin de la capitale

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