Mali : imbroglio autour des accusations de Tiébilé Dramé contre IBK
Alors que l’opposant Tiébilé Dramé accuse le président Ibrahim Boubacar Keïta de gaspiller les ressources de l’armée, des doutes pèsent sur l’existence même des « rapports confidentiels » avancés comme preuve de la fraude par le leader du Parena. La charge est-elle sérieuse, ou s’agit-il d’une simple passe d’armes pré-électorale ?
Bluff opportuniste ou révélation d’une grave fraude ? À quelques mois de la présidentielle du 29 juillet, Tiébilé Dramé, le président du Parti pour la renaissance nationale (Parena), dévoilait d’une mine grave, le 25 avril, devant un parterre de journalistes, le « dossier le plus scandaleux » du mandat d’IBK. En cause : des « micmacs et détournements » liés à des dépenses publiques à destination de l’armée.
Le parti d’opposition affirme en détenir la preuve. Laquelle serait contenue dans deux rapports confidentiels exposant certaines irrégularités commises par le gouvernement, à partir de 2015, concernant des dépenses liées à l’achat de véhicules, d’aéronefs et à la formation de militaires maliens, réalisés dans le cadre de la loi d’orientation et de programmation militaire (LOPM) votée cette année-là.
Les rapports évoquent des condensés choquants d’anomalies volontaires », affirme Tiébilé Dramé
Ces documents « sont des condensés choquants d’anomalies volontaires, de violations grossières et délibérées des règles de comptabilité publique, dans le seul but de piller les maigres ressources d’un pays en guerre qui se bat pour sa survie », confirme à Jeune Afrique Tiébilé Dramé. Celui-ci affirme en outre que le Trésor public malien aurait perdu 2,1 milliards de francs CFA dans certaines opérations de change réalisées en dollars.
Des révélations qui font pourtant sourire dans les couloirs de la présidence malienne. « On dirait que la visite réussie du président à Ségou en a irrité certains à Bamako », affirme à JA une source au palais de Koulouba. Les déclarations du Parena coïncident en effet avec la tournée très médiatisée du président Ibrahim Boubacar Keïta à Ségou, perçue par l’opposition comme une « campagne » anticipée. Présent sur les lieux depuis le 24 avril, IBK y a, entre autres, inauguré un échangeur multiple, l’amphithéâtre de l’université, tout en posant la première pierre du campus universitaire de Ségou…
Quid des rapports ?
Reste que les preuves avancées par l’opposant sont relativement floues. Selon Tiébilé Dramé, l’un des rapports « confidentiels » est l’œuvre d’un cabinet privé dont le nom reste inconnu. Et le second « a été fait par le bureau du Vérificateur général, daté du mois d’octobre 2017 », précise-t-il à JA.
Et pourtant… les responsables du bureau du Vérificateur général se montrent surpris par cette révélation. « Nous avons remis au président de la République un rapport unique portant sur des dépenses tenues secret défense, mais ce rapport porte sur des dépenses couvrant la période de 2010 à début 2014 », explique un des responsables du bureau du Vérificateur général. Rien, donc, concernant l’année 2015, pourtant évoquée par l’opposant.
Aucun cabinet privé n’a été mandaté pour procéder à ces vérifications », nuance une source à Koulouba
Même son de cloche du côté de la présidence : « Aucun cabinet privé n’a été mandaté pour procéder aux vérifications des dépenses exécutées dans le cadre de la loi d’orientation et de programmation militaire », affirme une source à Koulouba.
Quant au second rapport, supposément réalisé par le Vérificateur général, « nous n’en avons pas connaissance », souligne notre source, qui ajoute que « la Cellule d’appui aux structures de contrôle de l’administration (CASCA), qui reçoit tous les rapports d’audit, ne l’a pas eu non plus ».
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