Une approche pragmatique

Le contentieux entre Paris et Moroni sur la quatrième île de l’archipel des Comores va être soldé.

Publié le 1 août 2005 Lecture : 2 minutes.

Longtemps « prises en otage » par l’affaire de Mayotte, la quatrième île de l’archipel de l’océan Indien, restée française à l’issue du très controversé référendum d’autodétermination de 1975, les relations franco-comoriennes connaissent une embellie significative depuis la visite à Paris du président Azali Assoumani, en janvier 2005, et la réunion, trois mois plus tard, toujours à Paris, de la Ve commission mixte franco-comorienne, qui a permis la relance de la coopération bilatérale. L’un des derniers contentieux, purement diplomatique, vient d’être soldé, le 22 juillet, à Antananarivo, par le chef de l’État comorien, qui participait, avec son homologue français Jacques Chirac, au Sommet de la Commission de l’océan Indien (COI), créée en 1984 et regroupant la France (île de la Réunion), Maurice, Madagascar, les Seychelles et les Comores. Azali s’est en effet engagé à faire ratifier par son pays avant la fin de l’année l’accord d’adhésion de la France à la COI, datant de 1986, mais que les Comores avaient bloqué. Un refus qui privait celle-ci d’existence légale auprès des grandes organisations internationales comme l’ONU.
Ce geste, salué et apprécié par Paris, traduit la nouvelle approche pragmatique des autorités de l’archipel, qui entendent aborder et régler les problèmes en suspens « dans un esprit positif ». Il faut dire aussi que le rapport de force ne plaide pas vraiment en leur faveur et que les Comores, confrontées à une crise budgétaire préoccupante, ont, plus que jamais, besoin de l’appui de la France et de la communauté internationale. Seule petite ombre au tableau : les fracassantes déclarations de François Baroin, le nouveau ministre français de l’Outre-Mer, lors de son passage à la Réunion et à Mayotte, dans les jours qui ont précédé le sommet de la COI. Manifestement « non tenu » par le langage diplomatique, et visiblement influencé et (mal) briefé par ses interlocuteurs des milieux extrémistes mahorais, un lobby qui continue à disposer de relais très puissants au ministère des DOM-TOM, Baroin a dénoncé « le laxisme » des autorités comoriennes en matière de lutte contre l’immigration clandestine, et les ambiguïtés qu’elles continueraient à entretenir sur Mayotte.
L’île est effectivement mentionnée comme partie intégrante de l’archipel dans la Constitution fédérale de décembre 2001, avalisée par la communauté internationale, et notamment par la France. Mais cette clause, purement symbolique, n’emporte aucune conséquence pratique. Et les Comoriens n’ont jamais sérieusement envisagé que la présidence tournante de l’Union revienne à un Mahorais. Ils ont déjà bien assez de mal à se mettre d’accord pour savoir qui, d’un Anjouanais ou d’un Mohélien, succédera au Grand-Comorien Azali à l’expiration de son mandat, en avril 2006…

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