Maroc : des conversations téléphoniques de Nasser Zefzafi en question lors de son procès
Le procès de Nasser Zefzafi, leader du mouvement de protestation qui a agité l’an dernier la région marocaine du Rif (nord), s’est poursuivi vendredi à Casablanca, portant essentiellement sur des conversations téléphoniques de l’accusé.
Nasser Zefzafi est emprisonné depuis mai 2017 pour avoir interrompu le prêche d’un imam hostile au mouvement social qui agitait la région. Poursuivi pour « atteinte à la sécurité de l’État », il risque théoriquement la peine de mort.
Il est l’un des derniers des 54 militants ou sympathisants du mouvement du « Hirak » appelés à la barre dans ce procès-fleuve, qui s’est ouvert mi-septembre devant la chambre criminelle près la Cour d’Appel de Casablanca et devrait durer encore quelques semaines.
L’audience de vendredi a été marquée par la diffusion de conversations téléphoniques entre Nasser Zefzafi et des Marocains de la diaspora présentés comme des « séparatistes ». Des dizaines d’échanges ont été interceptés par la police avant son arrestation.
Les propos en dialecte rifain – souvent décousus et incompréhensibles – étaient présentés comme accablants dans le procès-verbal dressé par la police judiciaire.
« Falsification du procès-verbal »
À la barre, Nasser Zefzafi, qui s’est imposé comme le visage de la contestation avec ses harangues publiques et ses attaques contre « l’État corrompu », a dénoncé « les approximations de la traduction » et la « falsification du procès-verbal ». Selon lui, les échanges ont été « coupés et sortis de leur contexte ». « Si la traduction est approximative, le jugement le sera également », a-t-il lancé au président de la Cour. Le chef du Hirak doit encore être entendu la semaine prochaine avant de laisser place au « numéro deux » du mouvement, Nabil Ahamjik, qui sera le dernier à comparaître.
Quelque 31 témoins seront ensuite entendus, avant les plaidoirie de la partie civile (l’État) et le réquisitoire du substitut du procureur général. Le verdict est attendu d’ici « un mois et demi ou deux », selon des avocats de Nasser Zefzafi.
Environ 450 personnes, selon des associations, ont été arrêtées pendant les événements déclenchés par la mort tragique d’un vendeur de poissons broyé dans une benne à ordure. Les autorités ont justifié les arrestations par la nécessité de « faire respecter la loi », face aux « violences » qui ont fait selon elles plus de 900 blessés au sein des forces de l’ordre. Des dizaines de peines de prison ont déjà été prononcées à Al-Hoceïma, épicentre du mouvement.
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