Histoire de l’esclavage : une série-documentaire d’une profondeur inédite
Diffusée sur Arte et France Ô, et découpée en 4 épisodes, la série « Les routes de l’esclavage » revient en détails sur plus de mille ans de traites et explique comment l’Afrique s’est trouvée au centre des trafics.
C’est un projet inédit qui détonne par son ampleur et sa richesse. À l’approche la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions, le 10 mai, en France, le premier volet de la série documentaire « Les routes de l’esclavage » est diffusé sur les chaîne télé Arte (le 1er mai) et France Ô (les 2 et 9 mai). Trois autres épisodes suivront pour rappeler, sur la longueur, quelques évidences qui n’en sont pas tant que ça.
Ancien et massif
Le système criminel qui s’est construit ne repose pas sur un schéma binaire
D’abord que « l’histoire de l’esclavage n’a pas commencé dans les champs de coton », comme l’explique la voix off en préambule de la série. Les traites négrières sont anciennes -elles sont retracées ici depuis le VIIe siècle. Massives – on estime entre 9 et 12 millions les victimes de la traite transsaharienne entre le VIIe et le XIXe siècle, et 13 millions les déportations d’Africains vers les Amériques, depuis 1516.
Elles sont indissociables des échanges commerciaux intercontinentaux sur cette période. Et le système criminel qui s’est construit ne repose pas sur un schéma binaire faisant du Noir une éternelle victime et du Blanc un éternel bourreau.
Sommités internationales
L’un des aspects les plus intéressants de la série est de décentrer le débat sur l’esclavage
Co-réalisé par Daniel Cattier, Juan Gélas et Fanny Glissant (elle-même descendante d’esclave et de maître), la série s’appuie sur des interventions de sommités internationales. Parmi eux, Catherine Coquery-Vidrovitch, professeur émérite à l’Université Paris-Diderot, l’une des africanistes françaises les plus réputées, qui a signé un ouvrage à l’appui de ce travail documentaire : Les routes de l’esclavage, histoire des traites africaines, VIe-XXe siècle (Albin Michel / Arte éditions, 284 p., 19,50 euros).
Ajoutons que l’un des aspects les plus intéressants de la série est de décentrer le débat sur l’esclavage. Le phénomène n’est pas analysé au seul regard de l’histoire nationale française (en analysant l’impact des Lumières, de la révolution…) mais d’un point de vue global, ce qui ouvre de nombreuses perspectives.
Le documentaire sera disponible en replay sur le site d’Arte 60 jours après sa diffusion.
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