Maroc : Chiba Mae El Aynayne, le « Sahraoui du consensus » à l’Istiqlal

Plébiscité président du Conseil national du troisième parti politique au Maroc, ce discret sahraoui explique les circonstances de son élection et le rôle de réconciliateur qu’il entend jouer au sein d’une formation qui a connu bien des déchirements.

Le Congrès du parti de l’Istiqlal s’est tenu du 29 septembre au 1er octobre 2017 à Rabat. © YouTube/ Youssef Lakhder

Le Congrès du parti de l’Istiqlal s’est tenu du 29 septembre au 1er octobre 2017 à Rabat. © YouTube/ Youssef Lakhder

fahhd iraqi

Publié le 30 avril 2018 Lecture : 3 minutes.

Pendant les cinq années pendant lesquelles l’Istiqlal vivait une guerre intestine sous le mandat de Hamid Chabat, Chiba Mae El Aynayne avait pris ses distances vis-à-vis du parti. Son poste de magistrat à la Cour constitutionnelle lui imposait un devoir de réserve, qui lui a épargné d’être marqué comme faisant partie d’un des clans qui se disputaient à cette époque la direction du parti, remportée par Nizar Baraka.

C’est la neutralité de ce juriste de 70 ans qui a favorisé, entre autres, sa désignation en tant que président du Conseil national le 21 avril dernier. Interview avec le nouveau numéro 2 de l’Istiqlal.

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Jeune Afrique : Votre candidature – finalement unique – à la tête du Conseil national de l’Istiqlal, troisième force politique au Maroc, a constitué une surprise. Comment avez-vous convaincu les cinq candidats déclarés de se désister en votre faveur ?

Chiba Mae El Aynayne : J’ai présenté ma candidature quand le sujet a été abordé par le Comité exécutif. Durant les débats, la volonté d’aller au Conseil national avec une candidature unique semblait faire l’unanimité. J’ai alors retiré ma candidature pour favoriser cette option.

Néanmoins, jusqu’à la veille du Conseil, les cinq candidats restés en lice ne sont pas parvenus à se mettre d’accord. Nous avons alors préparé toute la logistique pour les départager au scrutin. Le jour du Conseil, la volonté des Istiqlaliens d’avoir une candidature unique est devenue encore plus manifeste : les femmes et hommes du parti étaient unanimes quant à cette approche, qui permet de dépasser les divisions vécues durant le dernier congrès.

Il y a alors eu une réunion improvisée du Comité exécutif, après l’ouverture du Conseil. Je n’y ai pas assisté, car on m’a appelé alors qu’elle avait déjà démarré. Et en arrivant, les membres du Comité exécutif m’ont annoncé que j’ai été désigné candidat unique. Une candidature qui a été bien accueillie et approuvée par tous les membres du Conseil national, que je remercie pour cette confiance.

Beaucoup d’Istiqlaliens qui avaient pris leur distance avec le parti durant le mandat de Hamid Chabat veulent revenir

Certains vous appellent déjà le « Sahraoui du consensus », celui qui fait l’unanimité entre le puissant clan de Hamdi Ould Rachid et les autres courants de l’Istiqlal ?

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Pas du tout. Mon action au sein de l’Istiqlal ne se limite pas aux seules provinces du Sud. J’y ai été coordinateur du parti, mais c’est aussi un poste que j’ai occupé dans plusieurs régions du Maroc. Et ce n’est ni Nizar Baraka ni Hamdi Ould Rachid qui m’ont désigné, mais tous les membres du Comité exécutif.

Celui-ci avait d’ailleurs proposé au secrétaire général de désigner le candidat de son choix, mais Nizar Baraka a refusé ; il a même écrit aux inspecteurs régionaux du parti de ne pas intervenir dans le processus d’élection du Président. Quant à Hamdi Ould Rachid, c’est lui qui a proposé aux cinq prétendants de s’entendre entre eux pour un candidat unique qui sera accepté par tous.

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L’Istiqlal a grand besoin d’une réconciliation interne, un processus dont vous avez été en charge au Comité exécutif. Comment comptez-vous vous y prendre, maintenant que vous êtes président du Conseil ?

C’est un long processus que nous venons à peine de commencer. Nous recensons les situations que nous avons à travers les provinces et nous essayons de les résoudre au cas par cas. Mais ce qui est certain, c’est que, depuis l’arrivée de Nizar Baraka, beaucoup d’Istiqlaliens qui avaient pris leur distance avec le parti durant le mandat de Hamid Chabat manifestent la volonté de revenir à la formation. Il y a un véritable regain d’intérêt pour l’action partisane que nous ressentons durant les congrès régionaux que nous organisons.

Le parti ayant décidé de se ranger dans l’opposition, il va devoir se coordonner avec le Parti authenticité et modernité (PAM, opposition). Comment cela va-t-il se faire, concrètement ? Cela ne risque-t-il pas d’altérer davantage l’image du parti de l’Istiqlal ?

Dans l’opposition, il n’y a pas que le PAM, il y a aussi la Fédération de gauche (FDG), les syndicats et d’autres sensibilités politiques. Et coordination ne signifie pas alliance. Cela dit, nous sommes prêts à nous coordonner avec quiconque concernant les sujets d’intérêt suprême de la nation, sans trahir notre idéologie et nos principes. Notre objectif in fine, est de permettre à l’opposition de regagner en crédibilité et la confiance des citoyens.

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